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2017
Littoral de Mayotte

Au large de Koungou – M’Tsanga Miangani

Opération préventive de diagnostic (2017)
Responsable d’opération : Marine Ferrandis

Entrées d’index

Année de l'opération :

2017

Numéro d’opération :

3194

Chronologie :

époque médiévale

Nature de l'opération :

opération de diagnostic
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Association archéologies

Texte intégral

1Cette opération de diagnostic archéologique programmée, effectuée sur le littoral de Koungou à M’Tsanga Miangani, fait suite à une intervention de relevé stratigraphique datée de décembre 2015. Quatre tombes avaient été identifiées dans la coupe du talus côtier, détruites en grande partie par l’érosion marine. L’analyse chronologique portée sur la céramique découverte en contexte stratigraphique, avait permis d’identifier une occupation du site à la période du xie-xiiie s., illustrée par les influences stylistiques des phases Dembeni (la plus ancienne de l’île, ixe-xiie s.) et Hanyoundrou (xie-xiiie s.).

2La fragilité du site a motivé en 2017 une demande d’intervention archéologique plus poussée auprès du Drassm, visant à fouiller les sépultures en coupe pour leur conservation et l’étude des rites funéraires. Sous les conseils de la CTRA et du conservateur régional de l’archéologie de Mayotte, les objectifs ont été réorientés. Au vu de l’état de conservation du site, une fouille sur la bande côtière, impactée continuellement par les grandes marées, provoquerait l’instabilité des vestiges situés plus en amont. Il s’agissait donc de procéder à des sondages sur l’ensemble du plateau côtier, d’une superficie d’environ 750 m2, afin d’évaluer l’emprise du cimetière. Les objectifs étant également d’affiner la chronologie du site et de fouiller les sépultures, en grande partie détruites, et situées sur la plage.

3L’opération s’est effectuée sur 10 jours en juin 2017, sous la direction d’un anthropologue, d’une bénévole ayant une bonne expérience de la fouille funéraire et d’une stagiaire en histoire et archéologie. Durant les deux premiers jours, 6 sondages, d’une superficie totale de près de 52 m2, ont été ouverts par assistance mécanique, puis fouillés manuellement dès l’atteinte des vestiges. La morphologie du site, marquée par de forts dénivelés positifs pouvant atteindre plus de 4 m, a, par endroit, fortement contraint la fouille et l’analyse du site.

4Deux des sondages se sont révélés positifs. La découverte de 6 tombes dans les sondages 1 et 2 a permis de constater une étendue du cimetière sur près de 18 m à l’est et 6 m au sud, suggérant une superficie minimum de 108 m2. Les tombes présentent une orientation particulièrement variée et se caractérisent en surface par un enclos rectangulaire de dalles (basalte, beach-rock ou corail) fichées à la verticale dans le sol, en rang simple ou parfois double. Ces observations sont le fait d’autres sites funéraires à Mayotte, datés de la même période : tels Bagamoyo et Antsiraka Boira. Le squelette de la sépulture 2 était incomplet, seuls les ossements des membres inférieurs, de la main et du bassin droits ont pu être étudiés (fig. 1). La partie haute du squelette semble avoir été découverte fortuitement par le biais d’un engin mécanique (on y retrouve à la place des blocs de pierre disposés pour pallier l’érosion du littoral). L’analyse anthropologique a permis d’identifier le squelette d’une femme âgée de plus de 60 ans. Elle a été inhumée en position dorsale, les jambes en extension et orientée nord-nord-ouest – sud-sud-ouest, les pieds au sud-sud-est. La défunte était parée d’une ceinture de perles en pâte de verre et coquillage témoin des échanges commerciaux pratiqués entre l’Afrique et la zone indopacifique (fig. 2). En outre, la mixité des cultes funéraires, rappelle les études effectuées sur la nécropole d’Antsiraka Boira, qui mettent en évidence un syncrétisme culturel où l’islam tend progressivement à s’imposer comme religion principale. La fouille de la sépulture 1 n’a rien donné. Celle-ci semble avoir été entièrement détruite par l’érosion à l’exception d’une dalle de l’architecture funéraire, conservée dans la sédimentation.

Fig. 1 – Dépôt halieutique daté entre le xie et le xiiie s.

Fig. 1 – Dépôt halieutique daté entre le xie et le xiiie s.

Cliché : M. Ferrandis.

Fig. 2 – Squelette de la sépulture 2, détruite aux trois quarts du fait des impacts de l’homme et de l’érosion marine

Fig. 2 – Squelette de la sépulture 2, détruite aux trois quarts du fait des impacts de l’homme et de l’érosion marine

Cliché : M. Ferrandis.

5Une structure de moellons de corail scellés au moyen d’un mortier de chaux grossier a été découverte dans l’angle sud-ouest du sondage 1, associé à un tesson de céramique de la période Dembeni. Sa fonction pourrait être liée à de l’habitat de même qu’à un lieu de culte voué à l’islam au vu de l’orientation des murs, nord-nord-est – sud-sud-est. Le niveau d’abandon du cimetière, d’une épaisseur d’environ 0,40 m, comportait, outre des vestiges mobiliers isolés (céramiques, perles, ossements de poissons et d’animaux terrestres), un amas détritique de coquillages concentré autour d’une dalle en beach-rock, témoin d’activités domestiques liées à la pêche (fig. 2). C’est la première fois à Mayotte qu’un tel dépôt halieutique est mis au jour. L’analyse des coquillages, effectuée par un conchyliologue, suggère que ces derniers ont été prélevés sur le littoral à marée basse ou le long de la barrière de corail. L’état très fragmentaire des coquilles montre qu’elles ont été fracassées par percussion directe au moyen de blocs de pierre présents dans l’assemblage, la dalle ayant servi de support. L’absence de foyer ou de charbons de bois sur le site amène à penser, qu’une fois extraites de leur coquille, les bêtes auraient été transportées jusqu’au village pour leur consommation en partage.

Fig. 2 – Perles en pâte de verre rouge et en coquillage composant la ceinture du défunt de la sépulture 2

Fig. 2 – Perles en pâte de verre rouge et en coquillage composant la ceinture du défunt de la sépulture 2

Cliché : M. Ferrandis.

6L’évaluation chronologique de 2015 a été confirmée par l’apport de nombreux tessons de céramique locale mais aussi d’importation, tels le chloritoschiste (pierre ollaire d’origine malgache) et la céramique islamique de type sgraffiato. En outre, la découverte hors stratigraphie de 2 tessons de la phase Tsoundzou, suggère une réoccupation des lieux au xixe s.

7L’ensemble des vestiges archéologiques mis au jour dans les sondages, sont scellés entre 0,40 m et 1,40 m de remblais anthropiques. Leur vulnérabilité n’est donc pas manifeste. En revanche, les tombes 3 et 4, situées en bordure de la coupe, et exposées aux impacts érosifs de la nature et de l’homme, sont en grand danger de dégradation. Une troisième intervention sur le site est donc à envisager. Mais cette dernière devra s’accompagner d’une solution de protection pour le plateau côtier.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Dépôt halieutique daté entre le xie et le xiiie s.
Crédits Cliché : M. Ferrandis.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158565/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 815k
Titre Fig. 2 – Squelette de la sépulture 2, détruite aux trois quarts du fait des impacts de l’homme et de l’érosion marine
Crédits Cliché : M. Ferrandis.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158565/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 735k
Titre Fig. 2 – Perles en pâte de verre rouge et en coquillage composant la ceinture du défunt de la sépulture 2
Crédits Cliché : M. Ferrandis.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/158565/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marine Ferrandis, « Au large de Koungou – M’Tsanga Miangani » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Domaine public maritime, mis en ligne le 12 juin 2024, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/158565

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Auteur

Marine Ferrandis

Association archéologies

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Responsable d’opération

Marine Ferrandis

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