1Le projet de restructuration de la voirie et la réhabilitation de la place de l’église de la commune de Champagne a conduit à la réalisation d’un diagnostic, mené par le service d’archéologie départementale, dont l’emprise englobait la totalité de l’esplanade enherbée qui ceint le bâtiment religieux.

2Les investigations de terrain couplées à une étude du bâti ont révélé une partie de l’histoire de l’église et du bourg depuis l’époque médiévale. Ainsi et tout d’abord, l’édifice religieux construit à l’époque romane n’a conservé de cette période que quelques sections, dont la plus représentative est le portail mouluré qui perçait le mur gouttereau nord de la première travée de la nef, aujourd’hui bouchée.

Fig. 1 – Vue générale du chantier par drone

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Cliché : F. Brissonneau.

3Ensuite, l’existence d’un prieuré attenant à l’église sur sa façade sud, attesté par les textes à partir du xiii^e s. seulement, a été confirmée à travers l’observation de traces sur ce pan de mur. Ces témoignages matériels correspondent par ailleurs au bâtiment qui figure à la fois sur un plan de Claude Masse daté de 1715 et sur le cadastre napoléonien. Il n’en reste aujourd’hui plus rien.

4Au cours de l’époque gothique, les deux dernières travées du mur gouttereau nord sont reprises, tout comme le chevet : ces observations ont été appuyées par des sondages, qui montrent que l’installation des fondations de ces éléments ont perturbé des inhumations antérieures.

5Puis, au cours des xiv^e et xv^e s., l’église est fortifiée par le percement d’archères dans la tour située en façade nord et dans celle du clocher. À ces aménagements s’ajoute un élément défensif majeur : un imposant fossé profond d’au moins 2 m et large d’au moins 4 m est creusé sur tout le pourtour de l’édifice religieux, perturbant largement le cimetière qui se déployait alors à cet emplacement. Il est rebouché au cours de l’époque moderne manifestement en une seule fois, à l’aide de très nombreux (et parfois très volumineux) blocs architecturaux provenant d’un ou plusieurs édifices ruinés proches, peut-être même de l’église. Suite à son abandon (et de fait son rebouchage complet), de nouvelles tombes sont installées dans le remblai de comblement.

Fig. 2 – Fossé défensif

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Quelques mètres au sud du portail roman, aujourd’hui bouché, a été découvert le profond fossé défensif comblé à la fin de l’époque médiévale.

Cliché : C. Trézéguet (Inrap).

6De tels dispositifs défensifs sont de mieux en mieux connus sur le territoire du département, mais la surprise de Champagne réside à la fois dans le fait qu’aucune source écrite ancienne ou moderne n’y fait référence, et que le tracé a pu ici être restitué dans sa presque totalité.

7Dès la construction de l’église, les fidèles sont inhumés dans son giron, et ce jusqu’en 1844, date à laquelle le cimetière paroissial est déplacé. Ainsi, dans son extension maximale, le cimetière s’est développé tout autour du bâtiment, à l’exception peut-être du secteur sud où se dressait le prieuré. Les textes relatant la translation de l’espace cimetérial précisent que des ouvriers étaient chargés de recueillir les ossements humains et de les enterrer dans une grande fosse qui aurait été ouverte au chevet de l’église : cette dernière n’a pas été retrouvée. Cependant, ces restes osseux ont été retrouvés en masse dans la crypte située sous la nef.

8À l’époque médiévale, les sépultures en coffre de pierre ont côtoyé des sépultures en fosse en contenant souple et/ou périssable ; il semblerait qu’ensuite les individus aient été enterrés dans des cercueils. Il a été noté que certaines dalles de couverture pour les tombes en coffre de pierre étaient scellées par une fine mais solide couche d’argile orangée.