1L’abbaye Notre-Dame de la Réau est située dans le sud de la Vienne, dans la commune de Saint-Martin-l’Ars. Actuellement, de l’ensemble de l’abbaye de la Réau, il subsiste l’église abbatiale au chevet plat, la remarquable salle capitulaire voûtée d’arêtes, les bâtiments conventuels, plus tardifs, ainsi que le logis abbatial de l’abbé. Cette abbaye de chanoines réguliers est pour la première fois mentionnée dans une bulle papale d’Honorius III, datant de 1216 (D.F., t. XXIV, p. 267). Selon les termes de Dom Fonteneau, un cartulaire aurait existé dès 1183 (D.F., t. XLIV, p. 206). L’historiographie date l’église et la salle capitulaire de cette fin du xii^e s. (Eygun 1938, p. 213).

2Cette opération archéologique a été réalisée dans le cadre d’un mémoire de recherche de Master 2 en archéologie médiévale à l’université de Poitiers, sous la direction de Nicolas Prouteau. Le sujet de ce mémoire porte la mise en défense du site de l’abbaye Notre-Dame de la Réau du xiv^e au xvi^e s. et aborde les reconstructions et modifications du site effectuées aux xvii^e et xviii^e s., marquant l’abandon du système de mise en défense.

3Il semble évident que l’établissement a joué un rôle durant la guerre de Cent Ans par son implantation entre la Basse Marche et le Poitou. Une lettre royale de Charles V le confirme dès 1372 (A.H.P., t. XIX, p. 310). Par la suite, aux xv^e et xvi^e s., des garnisons sont mises en place au sein de l’abbaye. Deux mentions en témoignent. Une représentation du xvii^e s. affiche douves, enceintes et tours autours de l’établissement (BN, Cabinet des Estampes ; reproduction dans Eygun 1938, p. 81). De nombreux éléments représentés sur cette gravure correspondent à des vestiges encore en place aujourd’hui.

4La problématique majeure de cette opération est de contextualiser, de décrire, d’analyser et de répertorier le système de mise en défense de l’abbaye et les différents éléments qui le composent. Le système de défense présente une concordance (pour le moment) assez précise avec la représentation du xvii^e s. Les ouvertures de tirs sont attribuables, pour la plupart aux xv^e et xvi^e s. La majorité d’entre elles se trouvent sur l’enceinte. Certaines, par leur présence, posent la question de l’organisation de la vie religieuse et vie militaire dans un même espace.