1Le gisement du Fourneau du Diable est situé sur la rive droite de la Dronne, entre Brantôme et Bourdeilles. Découvert en 1863 par P. de Vibray, il est prospecté à plusieurs reprises avant que D. Peyrony n’y mène des fouilles systématiques entre 1912 et 1929. Le site est alors décrit comme un abri sous roche se développant sur un terrain en pente ou se succèdent, du nord au sud, une petite cavité, une Terrasse supérieure d’environ 80 m² et une Terrasse inférieure qui s’étend plus à l’ouest. La grotte avait déjà été vidée de son contenu, mais les Terrasses livrèrent des occupations solutréennes, gravettiennes et, dans une moindre mesure, magdaléniennes. La richesse des vestiges exhumés, correspondant à un très large registre d’activés, l’identification de structures d’habitats paléolithiques et la découverte, en 1924, d’un bloc sculpté d’aurochs sur la Terrasse supérieure, ont fait du gisement une référence pour la période solutréenne. Néanmoins, les possibilités d’interprétation des collections archéologiques restent limitées, comme pour tous les sites anciennement fouillés, par la nature sélective des ramassages et le caractère succinct des données sur les contextes de découverte. Depuis 2015, la reprise des travaux de terrain a eu pour objectif de pallier ces manques par la fouille des déblais abandonnés sur place, afin de compléter les collections muséographiques, et par une révision des contextes géomorphologiques et sédimentaires, afin de préciser les processus de formation du site.

2En 2020, en raison du contexte sanitaire, les travaux de terrain furent limités au nettoyage de la végétation et au relevé de points topographiques. Nous avons malheureusement dû intervenir sur les sondages des secteurs 2 (Terrasse inférieure) et 6 (Terrasse supérieure) qui ont été l’objet de fouilles clandestines durant l’hiver 2019. Les pillages se sont concentrés sur les zones de déblais (Us 300 et 101) mais ont aussi atteint les dépôts archéologiques au niveau de la coupe effectuée sous le bloc sud de la « Cabane ». L’année 2020 a également été l’occasion de documenter trois nouvelles collections archéologiques issues du site, la première, non répertoriée, conservée à l’abbaye de Brantôme, les deux autres (coll. Couquet et Barrière) conservées au musée national de Préhistoire. La collection Couquet comprend notamment une hémi-mandibule humaine inédite (fig. 1) portant des traces de décarnisation. Des analyses sont en cours pour en déterminer l’attribution chronologique. La campagne 2020 vient clore deux triennales de relevés, de prospections et de sondages qui nous ont permis de répondre aux problématiques ayant motivé la reprise des fouilles. Un état de lieux relativement complet du site, dans les limites tracées par D. Peyrony, peut ainsi être dressé. Le site possède encore un potentiel archéologique. Discret sur la Terrasse supérieure, sous la forme de lambeaux de couches au contact du substrat, il est plus conséquent sous la « Cabane » de la Terrasse inférieure où se succèdent des niveaux du Gravettien moyen et du Solutréen supérieur.

Fig. 1 – Vues 3D de l’hémi-mandibule humaine du Fourneau du Diable

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Modélisation 3D : Collection Couquet, musée national de Préhistoire des Eyzies.