1Cette opération de fouille programmée est incluse dans la prospection thématique conduite par F. Boyer en 2020. La fouille d’une des nombreuses carrières de meule détectées au LiDAR devait apporter un complément d’information sur les modes d’exploitation des grès de Saint-Crépin-de-Richemont (commune de Brantôme-en-Périgord). En raison de la pandémie de Covid-19, l’opération de 2020 s’est essentiellement concentrée sur la fouille d’une carrière aux Brageaux.

2La méthode choisie consistait à pratiquer une fouille en quarts opposés dans le comblement de carrière afin de reconnaître sur l’affleurement des traces d’extraction tel que des marques d’outils, des alvéoles d’extraction (négatifs d’une meule) et éventuellement du mobilier, datant tout en analysant la stratigraphie du comblement résultant de l’abandon de la carrière. L’exploration en quarts opposés s’accompagne de deux tranchés supplémentaires, une sur le bourrelet d’extraction à l’ouest de la fosse, l’autre sur le replat au nord. La première tranchée devait pouvoir reconnaître une stratification dans les éclats de taille et ainsi permettre de déduire les étapes de travail effectués dans et sur les bords de la fosse (dégrossissage, épannelage, etc.). La zone de replat en revanche a été choisie car susceptible d’être aménagée pour l’évacuation des blocs ou potentiellement comme zone de vie des carriers.

3La fouille dans le fond de la fosse a montré une stratigraphie complexe du comblement de cette fosse. Celle-ci est essentiellement remplie par des remblais en provenance du talus ouest dans lesquels on reconnait des éclats décimétriques, certains portant des marques d’outils, de chasse ou de broche. Le fond de la fosse est cependant comblé de très gros blocs métriques ne pouvant être déplacés à mains nues. Une seconde phase de comblement, cette fois en provenance du bord oriental de la fosse, est relevée. Les quelques rares éléments mobiliers retrouvés de cette phase renvoient à la période moderne (peut être en lien avec l’exploitation des Brageaux I ?). Aucune alvéole correspondant au diamètre des ébauches observées autour n’a été retrouvée en fond de fosse mais un banc très net a été identifié, montrant des traces évidentes d’extraction. L’intervention d’Y. Coniers, tailleur de pierre et travaillant sur la restitution des techniques de taille des meules, a permis d’y voir ici un éventuel détachement de « blocs capables » de l’affleurement. Ils sont ensuite dégrossis, puis épannelés sur place avant d’être envoyés à un atelier pour être régularisés puis finis. L’étude des éclats prélevés dans le talus ouest confirmerait ce scénario.

4En effet, il a été identifié dans le talus des gros blocs rectangulaires issus du dégrossissage et des éclats plus petits et plats issus de l’épannelage. Dans ces mêmes couches, des plaquettes métalliques, peut-être des paumelles (plaques de fer pour guider les coins lors du détachement du bloc) ont été retrouvées. Une ébauche de meule rotative a été reconnue également en bordure du talus côté fosse. Cette ébauche d’un diamètre approchant les 60 cm est en cours d’épannelage. Bien que la forme soit encore incomplète, on peut supposer qu’il s’agit de la partie dormante de la meule.

5La tranchée sur le replat n’a pas mis au jour les structures escomptées, seulement des couches d’origine naturelle. Deux éléments céramiques ont cependant été retrouvés attribués à la fin du Moyen Âge.

6De nombreuses lacunes demeurent sur les méthodes d’extraction, en partie à cause de la vidange incomplète de la fosse. Une fois l’ensemble de l’affleurement mis au jour, les traces d’extraction pourront être observées et ainsi permettre une meilleure caractérisation des techniques d’extraction.

Fig. 1 – Meule en cours d’épannelage retrouvée en bordure de la fosse C1

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