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2020
24 – Dordogne

Campagne – Le Fayard

Fouille programmée (2020)
Responsable d’opération : Ewen Ihuel
Notice rédigée avec Gabriel Chamaux

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

Texte intégral

1Le Camp du Fayard est un site de hauteur situé dans la forêt départementale de Campagne, en Dordogne. Il est implanté sur un éperon rocheux qui domine la vallée de la Vézère d’environ 130 m. Deux talus de pierres successifs en barrent l’accès et délimitent un espace de 7 à 8 ha. Le site a fait l’objet de trois sessions de fouilles en 2015, 2016 et 2020, et d’un relevé LiDAR réalisé en 2016 en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF). La campagne 2020 s’est focalisée sur les sondages 1 et 2 implantés sur l’enceinte externe, plus facilement accessibles aux engins mécaniques. Les observations apportent de nouveaux éléments permettant de documenter la mise en place et l’évolution du système défensif depuis le Néolithique moyen jusqu’à l’âge du Bronze.

2L’approche géoarchéologique réalisée par Lenka Lis (Geologický ústav AV ČR) a permis de préciser le contexte géomorphologique du site. Ainsi, la couche 1002, située au sommet de la séquence, correspond à un apport de colluvions assez fortement lessivées, avec traces de bioturbation et charbons de bois. Le niveau de base de l’Us 1007, correspond pour sa part à un sol de type Terra Fusca, marqué par des processus naturels d’illuvation, où s’observe un tri gravitationnel expliquant la dominante argileuse accumulée antérieurement à la constitution du rempart. Quant aux processus de comblement du fossé 2, ils résultent d’apports colluviaux secs (Us 2017).

3Le point le plus intéressant concerne les occupations du Néolithique moyen (4200/4000 av. J.-C) déjà entrevues en 2015 par la présence de mobilier caractéristique et la réalisation de datations isotopiques. C’est à cette période que le dispositif défensif semble se mettre en place comme l’atteste la découverte dans les deux sondages, de plusieurs aménagements conservés sous la masse du rempart. Elle se manifeste dans le sondage 1 par la découverte des vestiges d’une palissade étroite (st. 117) positionnée en avant des structures en creux découvertes en 2015. Large de 35 cm et profonde de 70 cm, elle est comblée dans sa partie supérieure par un sable brun-rouge proche de l’encaissant. Elle se matérialise surtout par la présence d’éléments de calage verticaux placés sur les deux bords du creusement, pouvant indiquer l’emplacement de poteaux d’environ 20 cm de diamètre. Une datation sur charbon de bois permet de placer cet aménagement entre 4040-3950 av. J.-C.

4Dans le sondage 2, le dispositif est légèrement différent. En effet, l’imposante structure en creux identifiée en 2016 sous la masse du talus s’est avérée être l’extrémité d’un fossé interrompu de 2,50 m de large et 1 m de profondeur, observé sur 4 m de distance. Une série de gros blocs disposés verticalement contre la parois interne du creusement pourrait indiquer ici aussi la présence de poteaux. Le comblement initial de la structure est daté par 14C de 4230-3990 av. J.-C. Le mobilier associé à ces aménagements est par contre extrêmement rare. Il ne comprend que quelques tessons mal conservés et de rares silex. On retrouve néanmoins quelques armatures tranchantes à retouches abruptes caractéristiques de la période (étude M. Beaupied et G. Chamaux).

5La mise en place du talus se fait probablement à l’extrême fin du Néolithique comme le suggère la découverte d’un foyer daté de 2870-2470 av. J.-C., découvert dans une sorte de ciste située sous la base du rempart. Cette observation semble par ailleurs indiquer la non conservation du niveau de sol néolithique moyen. Son mode de construction s’appuie sur une succession d’élévation de blocs calcaires météorisés d’origine locale, grossièrement parementées sur un noyau de terre. Dans le secteur 1, Lenka Lisà propose de voir dans la mise en place des Us 1003-1006, un apport de matériau ponctuel, peut-être en lien avec la destruction d’un dispositif antérieur en terre. Dans ce même secteur, a pu être observé en 2016 ce qui ressemble à une mince palissade au sommet de ce niveau, mais les perturbations sylvestres empêchent d’être catégorique. Dans le sondage 2, cet état du talus est fortement perturbé et seule la présence de gros blocs (> 50 cm) régulièrement espacés pourrait constituer à la base d’un parement. L’Us 2018, qui scelle le fossé et emballe ces gros blocs, est datée de 2290-2050 av. J.-C. Cette datation est cohérente avec celle de l’Us 1006 qui constitue la base du rempart (2120-1915 av. J.-C.). Les datations obtenues dans les niveaux supérieurs de la masse du talus (Us 1005 début du Bronze ancien, 1900-1750 av. J.-C.) ne trouvent par contre aucun écho dans le mobilier. Les terres constitutives des talus sont selon les secteurs fortement remaniés et ne contiennent pas de niveau en place. Ainsi, dans le sondage 2, la présence de tessons médiévaux contre la base du rempart montre que dans ce secteur, la masse du rempart correspond en grande partie à un ré-épierrage et un réinvestissement du site au Moyen Âge, à la manière du site de Roquefort à Lugasson en Gironde. Il se traduit ici par un remaniement de la base du talus vers l’extérieur. Le mobilier médiéval recueilli est constitué de grands contenants à cordons digités, compatibles avec le haut Moyen Âge et le Moyen Âge classique. Une datation sur le talus (Us 2019) a livré une attribution centrée sur les xie-xiiie s.

Fig. 1 – Vue du dispositif de palissade et de ses éléments de calage verticaux datés du Néolithique moyen et mis au jour dans le sondage 1

Fig. 1 – Vue du dispositif de palissade et de ses éléments de calage verticaux datés du Néolithique moyen et mis au jour dans le sondage 1
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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Vue du dispositif de palissade et de ses éléments de calage verticaux datés du Néolithique moyen et mis au jour dans le sondage 1
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/163155/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Ewen Ihuel, Gabriel Chamaux, « Campagne – Le Fayard » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 25 juin 2024, consulté le 20 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/163155

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Auteurs

Ewen Ihuel

Drac Nouvelle-Aquitaine (service régional de l’archéologie)

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Ewen Ihuel

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