Navigation – Plan du site

AccueilRégionsNouvelle-Aquitaine202033 – GirondeSaint-Émilion – Les sanctuaires s...

2020
33 – Gironde

Saint-Émilion – Les sanctuaires souterrains

Prospection inventaire (2020)
Responsable d’opération : Pierre Régaldo-Saint Blancard

Entrées d’index

Année de l'opération :

2020

Numéro d’opération :

027923

Nature de l'opération :

prospection inventaire
Haut de page

Texte intégral

1L’église « monolithe » de Saint-Émilion, classée en 1886, fait partie d’un véritable complexe architectural creusé dans la roche dont la plupart des aménagements sont romans ou préromans. Ces différents espaces présentent également des structures funéraires aussi variées qu’originales : enfeus, rupestres anthropomorphes, arcosolia, niches infantiles, etc. Malheureusement, une partie des salles a été endommagée par des exploitations postérieures (carrières et caves modernes).

2Le propos de cette prospection inventaire, qui fait suite à un état des lieux préliminaire lié au rachat par la ville des catacombes (2019), était de préparer un ambitieux programme de recherche. D’une part en réalisant une modélisation tridimensionnelle des sanctuaires souterrains, y compris leur insertion paysagère. D’autre part en peaufinant une synthèse des données qui souligne les hypothèses et les problématiques, en les complétant aussi par quelques nouvelles observations. Ce travail, initialement envisagé sur la seule année 2020, a pris du retard du fait de diverses circonstances, mais aussi à cause de difficultés de gestion du modèle 3D. Le programme collectif de recherche triennal sera engagé à partir de l’année 2022.

3Ainsi a été établie, à titre d’hypothèse de départ pour les raisonnements ultérieurs, une synthèse thématique et chronologique. Elle distingue onze phases principales, souligne les relations attestées entre les différents faits et les confronte à différents événements saint-émilionnais : les luttes entre les vicomtes de Castillon et les archevêques à la fin du xie s. et au début du xiie s. ; la rédaction de la vita d’Émilion qui coïncide sensiblement avec la création ou la réforme d’une institution canoniale ; la construction sur le plateau de la collégiale à partir de 1140 ; celle des remparts autour de 1200, etc.

4Selon toute vraisemblance, se sont donc succédé deux sanctuaires souterrains. Ils ont pris la suite de chambres funéraires dont l’origine remonte peut-être au viiie s., ainsi que le laisserait penser la légende d’Émilion. Le second sanctuaire, qui comprend l’église monolithe et la rotonde, serait aménagé vers 1100. Le premier aurait été en majeure partie emporté par l’effondrement de la falaise à peu près vers la même période ; la galerie dite des catacombes en constituerait le principal vestige aujourd’hui visible ; on y perçoit le départ de plusieurs creusements perpendiculaires irrégulièrement espacés.

5Le modèle 3D a été réalisé par l’UNAN, unité d’acquisition numérique de la Drac de Nouvelle-Aquitaine, sur le terrain en juin et novembre 2020, avec un traitement informatique consécutif à ces campagnes. Les 83 stations de scan laser ont donné un modèle pesant 34 Go, bien que ramené à une résolution de 1 point tous les 3 mm. Une photogrammétrie par drone complète ce travail et représente, quant à elle, 3,5 Go. Le jumelage des deux modèles a été achevé en janvier et février 2021.

6Ce relevé tridimensionnel général conserve une mémoire précise des monuments concernés avec une précision d’ordre millimétrique (fig. 1). Malgré de sérieuses difficultés de manipulation à cause de sa taille, le modèle est opérationnel. Pour autant, le projet n’est que partiellement réalisé : le modèle doit être augmenté d’une acquisition de données géoradar sur les parois et le sous-sol ; il doit aussi être couplé avec un SIG, afin d’être pleinement utilisable en gestion, documentation et recherche. Ces deux développements font partie du projet de PCR.

Fig. 1 – Extrait du modèle tridimensionnel

Fig. 1 – Extrait du modèle tridimensionnel

La partie en couleurs, qui correspond aux façades, est issue de la photogrammétrie par drone, tandis que le scan laser fournit une modélisation en gris des intérieurs, ici la nef droite de l’église monolithe.

7Différentes observations nouvelles sur plusieurs structures, souvent en utilisant des données issues du modèle, complètent cette opération de prospection-inventaire. Il s’agit pour l’essentiel d’un travail d’archéologie du bâti/creusé qui, en soulignant les chronologies relatives, donne des perspectives de compréhension et de datation. Il a porté en particulier sur les piles de la galerie des catacombes et les bouchages maçonnés qui s’interposent entre elles ; sur la composition de la rotonde, les atteintes qu’elle a subies et les traces qui subsistent de sa morphologie initiale (fig. 2) ; sur la distribution générale des enfeus et la compréhension de quelques tombeaux.

Fig. 2 – Vue de la rotonde

Fig. 2 – Vue de la rotonde

De ses six piles initiales, les carriers du xixe s. n’ont laissé que trois ; de l’une d’elles, le percement ou l’agrandissement du passage vers la galerie des catacombes ont rogné la base. Les touristes entrent par l’ouverture maçonnée et l’escalier, qui ont détruit tout le fond et la base de l’escalier hélicoïdal, lequel montait autour du puits de jour. Au centre se trouvait peut-être un reliquaire ou une memoria dont on ne sait ce que les remblais recèlent.

8Les travaux prévus pour le futur PCR comporteront : des études du creusé/bâti, l’observation précise des structures visibles après nettoyage fin et leurs confrontations de style et de voisinage ; des reconnaissances stratigraphiques et des sondages très limités destinés à préciser des faits partiellement visibles ; un SIG, basé sur des extraits du modèle 3D, rassemblera ces données et l’ensemble des connaissances documentables ; une recherche historique complètera les données disponibles, mettra le site en perspective, tentera d’expliquer les conditions de création et d’évolution des structures et fournira des indications chronologiques ou sociologiques.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Extrait du modèle tridimensionnel
Légende La partie en couleurs, qui correspond aux façades, est issue de la photogrammétrie par drone, tandis que le scan laser fournit une modélisation en gris des intérieurs, ici la nef droite de l’église monolithe.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/163815/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Titre Fig. 2 – Vue de la rotonde
Légende De ses six piles initiales, les carriers du xixe s. n’ont laissé que trois ; de l’une d’elles, le percement ou l’agrandissement du passage vers la galerie des catacombes ont rogné la base. Les touristes entrent par l’ouverture maçonnée et l’escalier, qui ont détruit tout le fond et la base de l’escalier hélicoïdal, lequel montait autour du puits de jour. Au centre se trouvait peut-être un reliquaire ou une memoria dont on ne sait ce que les remblais recèlent.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/163815/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Pierre Régaldo-Saint Blancard, « Saint-Émilion – Les sanctuaires souterrains » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 25 juin 2024, consulté le 18 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/163815

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search