1Le lycée Jean-Baptiste de Baudre occupe un vaste espace situé à la limite sud-ouest de l’antique Aginnum. Il a été le cadre, depuis le xviiie s., de nombreuses découvertes archéologiques couvrant toute la période gallo-romaine.
2À la fin de l’année scolaire 2019/2020 le plateau sportif du lycée a été entièrement restructuré entrainant la reprise de l’ensemble des réseaux sous-jacents. Le creusement des tranchées, préalable à l’installation des regards et des canalisations à 1 m de profondeur, a permis de faire un certain nombre d’observations stratigraphiques qui viennent compléter et renforcer l’histoire de cette partie de la ville antique.
3L’élément majeur mis au jour lors de cette opération correspond à une voirie en galet, orientée est-ouest, d’une emprise de 7 m de large et qui a été reconnue en divers points sur une centaine de mètres de long. Ce decumanus de la ville antique est bordé au sud par de gros moellons de calcaire et il semble marqué dans sa partie ouest la fin de l’urbanisation sud de la ville antique. Sa bordure nord est délimitée par un mur en petit appareil régulier avec arase de briques qui pourrait dater du iie s.
Fig. 1 – Bord sud du decumanus
4Cette voirie est désaffectée au Bas-Empire puisqu’une salle avec un hypocauste à pilettes est édifiée au-dessus, en appendice du mur en petit appareil avec arase de brique. Partiellement fouillée, elle offre une emprise nord-sud de 4,30 m, son praefurnium de 0,50 m de large était abrité par un appentis comme en témoigne la base de mortier mise au jour dans son alignement extérieur.
Fig. 2 – Hypocauste du Bas-Empire
5La première phase d’occupation a été détectée dans la partie est du chantier dans le prolongement des vestiges mis au jour en 2004 lors d’un diagnostic réalisé avant la construction d’un bâtiment faisant la jonction entre deux ailes distinctes du lycée (Jacques 2004). Cette phase est matérialisée par un niveau continu de fragments d’amphores, de galets et de tuiles, témoignages d’un niveau de circulation peut-être lié à des bâtiments à structure légère. Au sein de ce sol, situé à 1 m de profondeur, une demi amphore Dressel 20 a été dégagée. Elle devait servir de stockage au sein des entrepôts de la première zone portuaire. Lors de son abandon cette structure a été transformée en dépotoir comme en témoignent les nombreuses poteries retrouvées à l’intérieur.
Fig. 3 – Amphore Dressel 20
6Cette intervention a permis de confirmer les trois phases d’occupation successives anciennement observées. De la zone portuaire qui s’est implantée dans le courant du règne d’Auguste à l’occupation du Bas-Empire, ce qui est assez rare à Agen, en passant par la réorganisation du site au iie s., lors du déplacement du port au sud de l’agglomération, avec l’implantation de bâtiments dont la destination est encore incertaine (publics ou privés). La découverte majeure de cette opération concerne le decumanus le plus au sud de l’agglomération antique et qui s’intègre parfaitement dans la trame viaire proposée (Jacques 2017).