1L’opération de fouille préventive en surveillance de travaux menée sur les rues au nord de la place de la République, dans l’hypercentre de Limoges, visait à l’étude scientifique des vestiges menacés de destruction par les travaux réalisés dans le cadre de la première phase de réaménagement de la place et des rues adjacentes. L’opération de fouille archéologique a débuté le 5 juin 2018 et la phase terrain s’est achevée le 12 février 2020. Elle a porté sur une superficie totale de 3 165 m² : partie ouest de la rue Fitz-James, rue de la Terrasse et ouest de la place de la République.

2Ce quartier de la ville antique et médiévale se situe au nord de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, et partiellement sur l’emprise des bâtiments conventuels. Le diagnostic archéologique réalisé en 2016 n’avait pas permis d’obtenir suffisamment d’informations sur la nature des vestiges archéologiques, mais il avait néanmoins montré que la conservation de ceux-ci était très aléatoire selon les secteurs, rendant nécessaire une surveillance des travaux de décaissement.

3La rapidité d’intervention nécessaire dans le cadre des suivis de travaux a contraint à optimiser les méthodes. Ainsi, le relevé photogrammétrique des coupes stratigraphiques et des élévations a été privilégié, ce qui a permis de limiter fortement la gêne occasionnée par l’intervention archéologique pour l’avancement et l’organisation des travaux réalisés en parallèle. La profondeur d’apparition des vestiges archéologiques s’est révélée inégale et plus ou moins importante. Malgré la forte densité de réseaux récents, certains murs et sols peu perturbés sont en bon état de conservation. Cette intervention s’est limitée aux profondeurs prévues par les divers aménagements (réseaux, fosses d’arbres et containers enterrés), pouvant aller jusqu’à 3 m de profondeur. En général, seuls les états du Moyen Âge à la période contemporaine ont pu être vus. Enfin, les travaux d’enfouissement de réseaux ont été adaptés afin de minimiser la destruction des vestiges archéologiques.

4Rue Fitz-James, on a pu constater l’absence de traces d’occupation antique. Le substrat, qui n’a été atteint qu’à son extrémité ouest, était recouvert de niveaux datés de la période carolingienne.

5Une occupation de la fin du Moyen Âge, matérialisée par des fosses, trous de poteau et vraisemblables silos, y a également été mise en évidence (fig. 1). On notera l’absence de maçonneries médiévales. En revanche, nombreux sont les niveaux associés au xv^e s., dont une voie empierrée plusieurs fois rehaussée. Des fondations de murs de bâtiments modernes ont été relevées en bordure de la voie, ainsi que quelques caves. Les vestiges sont moins nombreux, voire absents (probablement plus profonds) dans la partie orientale de la zone prescrite de la rue.

Fig. 1 – Rue Fitz-James (tranchée 35) vue du nord-ouest

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Des silos et une cave s’ouvrent dans le substrat de gneiss.

6La partie nord-est de la rue de la Terrasse n’a révélé que peu de vestiges anciens. En revanche, ils sont plus nombreux dans sa partie sud-ouest. Le substrat n’a jamais été atteint, ni les niveaux antiques s’ils existent. Les fondations de certains murs de l’abbaye Saint-Martial ont été mises au jour, ainsi que les soubassements du réfectoire et d’une salle adjacente à l’ouest qui conservait son sol dallé (fig. 2). Certains murs de refend conservent encore une belle élévation. L’un des espaces du réfectoire a livré des blocs moulurés et peints qui pouvaient entrer dans la constitution des voûtes (fig. 3). Malheureusement, les caves d’un grand bâtiment du xix^e s. ont perturbé une partie des vestiges anciens ; elles ont livré des blocs de plâtre moulé, ainsi que des bassines en fer et des fragments de verre. Des murs plus anciens ont été retrouvés sous le sol de ces caves, à plus de 2 m de profondeur. À l’extrémité sud-ouest de la rue, un autre aménagement pouvant correspondre à une cave, sans doute médiévale, a été aperçu entre les réseaux : fonctionne-t-elle avec les bâtiments de l’abbaye ?

Fig. 2 – Dallage d’une salle contigüe à l’ouest du grand réfectoire de l’abbaye, rue de la Terrasse (tranchée 68) vue du sud-ouest

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Fig. 3 – Bloc mouluré et peint extrait du comblement de l’espace du réfectoire de l’abbaye, rue de la Terrasse (tranchée 68)

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7Dans la partie ouest de la place de la République, la plupart des tranchées ont été arrêtées sur les niveaux liés à l’abbaye ou sur l’arase des murs. Des lambeaux de dallage et un mur appartiennent probablement à la galerie occidentale du grand cloître (fig. 4). Une fondation sommaire remployait des blocs moulurés qui pourraient avoir constitué les remplages des voûtes de la galerie du grand cloître (fig. 5). Des feuillures creusées dans la pierre pourraient en outre indiquer que des vitrages ou des vitraux comblaient les espaces vides. Dans la partie sud de la rue, autour de la crypte, plusieurs maçonneries sont à rattacher avec celles situées dans la crypte elle-même. Une seule sépulture coffrée de carreaux de terre cuite a été découverte appuyée contre le mur nord de l’abbatiale du Sauveur. Une seconde phase de travaux a été engagée en 2020 dans les rues au sud de la place de la République, ainsi qu’une fouille sur la place Fournier. Toutes ces interventions associées à celles menées en 2015 et 2016 sur l’abbatiale elle-même vont permettre de mieux cerner l’évolution de l’abbaye Saint-Martial ainsi que son environnement immédiat. Les plans de la fin du xviii^e s. pourront également être complétés. À terme, c’est tout un quartier de la ville médiévale qui sera mieux appréhendé.

Fig. 4 – Pavage de la galerie ouest du grand cloître, à l’ouest de la place de la République (tranchée 60)

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Fig. 5 – Fondation remployant des blocs de la galerie du cloître, à l’ouest de la place de la République (tranchée 60)

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