1Les fouilles menées sur le site de Muzillac Questannette ont été réalisées par le bureau d’études Éveha en janvier 2022. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de lotissement par la société Acanthe sur cette commune rurale du Morbihan, située de part et d’autre de la voie rapide reliant Vannes à Nantes. Les vestiges mis au jour ont permis de mettre en évidence une occupation funéraire de la seconde moitié du premier âge du Fer (Hallstatt D1-D2) localisée sur un versant sud surmontant un ruisseau. Au total 2 640 m² ont été décapés. Les vestiges retrouvés apparaissent directement à l’interface de la terre végétale et du substrat naturel composé d’orthogneiss plus ou moins altéré. Fortement impactée par les activités agricoles récentes, la conservation du site est globalement médiocre tant du point de vue des structures, fortement érodées, que du mobilier retrouvé globalement en faible quantité.

2L’unique occupation identifiée sur le site de Muzillac Questannette se matérialise par un enclos circonscrit par un fossé curviligne long de près de 50 m, à l’intérieur duquel, hormis quelques impacts de creusements peu organisés, un petit ensemble funéraire a été mis au jour. La topographie de l’enclos suppose une possible poursuite de l’occupation vers l’est en dehors des limites de l’opération.

3L’ensemble funéraire se compose, quant à lui, d’un petit enclos en agrafe quadrangulaire mesurant 3,20 m de large pour 4,10 m de long à l’intérieur duquel se trouve une sépulture unique. Une excroissance dans la façade orientale de l’enclos en agrafe évoque la possibilité d’une seconde sépulture mais les observations stratigraphiques ainsi que l’absence d’aménagement particulier ne permettent pas d’affirmer cette hypothèse. L’absence de restes osseux (due à l’acidité du sol armoricain) et l’absence de résultat des tests d’analyses géochimiques des sédiments, sont également des éléments qui n’iraient pas dans ce sens. Il faut néanmoins noter la présence à cet endroit d’un fin bracelet en alliage cuivreux fréquemment retrouvé sur les sites hallstattiens. Son dépôt sur le fond de la structure laisse supposer a minima un geste en lien avec le caractère funéraire des lieux.

4La sépulture centrale adopte un plan rectangulaire, mesurant 2,50 m de longueur pour 1 m de largeur. Elle se distingue par un aménagement soigné de blocs de gneiss disposés sur tout le pourtour de sa paroi. En partie haute du comblement, la présence d’un vase, retrouvé régulièrement sur des sites funéraires contemporains, témoigne d’un geste funéraire en lien avec la tombe. La singularité de cette sépulture réside dans la présence d’un lot de 17 bracelets en alliage cuivreux. Ce type d’ornements de bras est connu à travers de nombreux exemples dans toute la Gaule et est associé au costume féminin. Malgré l’absence de squelette, l’appartenance de cette tombe à une femme est donc l’hypothèse retenue ici. Parmi les bracelets retrouvés, treize d’entre eux, des bracelets à oves hémisphériques, sont portés à l’avant-bras gauche de la défunte emboîtés les uns aux autres. Les quatre autres, deux bracelets à oves massifs et deux bracelets à « engrenage » ont probablement été placés dans un contenant périssable, comme en atteste les traces organiques retrouvées. Si le lot porté montre des objets déjà connus dans des nécropoles du premier âge du Fer fouillées anciennement dans le Morbihan, la morphologie de trois des bracelets du second lot évoque plutôt des productions exogènes (vallée de la Seine ou nord de la Bourgogne) aux diamètres plus petits que ceux portés. Ces bracelets témoigneraient peut-être de l’origine de la défunte.

5L’étude du site funéraire de Muzillac Questannette vient ainsi compléter les connaissances sur les pratiques funéraires sur la seconde moitié du premier âge du Fer dans l’Ouest de la France. Elle offre un exemple inédit dans la région, tant sur le plan architectural que sur la nature du mobilier qui lui est associé et constitue un élément de comparaison pertinent sur la pratique de l’inhumation et les gestes exercés à cette période en Bretagne. Par cet exemple, nous avons également un aperçu des échanges socio-économiques ayant cours à l’époque, montrant la richesse de partages entre la façade nord-ouest de l’Atlantique et le reste du monde hallstattien.

Fig. 1 – Plan général des vestiges

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Relevé et topographie : M. Quillivic ; DAO : M. Gourmelon (Éveha).

Fig. 2 – Vue zénithale générale du monument funéraire

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Cliché et DAO : M. Quillivic (Éveha).

Fig. 3 – Ensemble des bracelets découverts dans la structure 19

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Cliché : É. Dubreucq (Éveha).