1Cette opération de diagnostic archéologique intervient en amont de l’aménagement de l’extension d’une Zac dans le département du Rhône, et, plus précisément, dans la commune de Communay, en limite avec celle de Ternay. Elle impacte les parcelles ZI 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 131, 132, 133, 134, 137 et 138.

2Sur les 66 973 m² (6,7 ha) concernés, 75 sondages ont été réalisés, correspondant à une surface de 4 358,92 m², représentant environ 6,5 % de l’emprise totale, et 9,06 % de l’emprise disponible (48 071 m²). Les sondages s’échelonnent sur une profondeur allant de 0,12 à 1,56 m.

3Les sondages archéologiques ont rencontré différentes unités sédimentaires (US). Plusieurs domaines stratigraphiques se répartissent sur le site, la partie sud-sud-ouest, en éperon, étant celle où le rocher est faiblement enfoui (sondages 14 à 16, 23 à 27). Autour, à l’ouest, au nord et à l’est, se tient une plaine alluviale. Au nord de l’éperon, en pied de pente, où se fait le drainage par un ru intermittent, une zone humide, hydromorphe, peut être définie (sondages 6, 9 à 12, 50 à 53, 55, 56, et la partie nord de 58 et 59).

4Le socle (US 12) se présente comme une roche feuilletée, très micacée. Un facies plus altéré est représenté par l’US 15, une argile limoneuse, soyeuse, gris-jaune-bleuté, à taches rouille qui se retrouve en bordure de l’éperon. La terrasse est présente dans toute la zone basse sous la forme de l’US 3, composée de galets assez denses, emballés dans un limon argilo-sableux orange à points jaunes diffus, ou de l’US 5, équivalente à l’US 3, mais à matrice orangée à rougeâtre et avec des fragments de gneiss associés à la charge en galets. Ponctuellement, ces deux niveaux sont précédés d’alluvions fines, US 6 pour l’US 3 et US 8 pour l’US 5. D’autres niveaux d’alluvions fines (US 9, US 21) ont été retrouvés, aux caractéristiques plus hydromorphes. Une zone humide par intermittence peut être définie là où sont présentes les US 8, 9 et 21. Elle serait due au passage d’un ruisseau (celui subsistant aujourd’hui sous la forme d’un fossé au fonctionnement intermittent ?), ayant déposé notamment les US 9 et 21. Des couches colluviales (US 2 et 4) terminent la stratigraphie sur près d’1 m d’épaisseur au maximum dans la zone basse. Les fragments de terre cuite architecturale centimétriques découverts en leur sein permettent de les relier à la période historique.

5Enfin, sur le socle en éperon, a été perçu un remblai (US 11). Le diagnostic réalisé a permis de mettre en évidence 32 faits identifiés dans les tranchées et quatre structures de surface.

6Parmi ces vestiges, 27 relèvent du domaine agricole. Ces vestiges n’ont livré aucun élément datant, mais ils sont, par leurs dimensions, morphologies, constitutions et positionnements stratigraphiques, assez évocateurs de vestiges agricoles fréquemment retrouvés en région, et généralement associés aux périodes historiques, voire modernes à contemporaines. Il s’agit de dix fosses à galets, pouvant relever de plantations, de six tronçons de structures de drainage (drains empierrés), de quatre fossés ou rus (zone de circulation de l’eau), de deux talus et leurs trois tronçons de fossés associés, ainsi que de deux autres vestiges (fosses ou fossés mal définis). La majorité de ces vestiges semble récent.

7Deux potentiels cratères d’extraction de sédiments ont été perçus en surface du terrain, côté ouest. L’un d’eux, testé partiellement, révèle un creusement anthropique à parois évasées qui plonge en profondeur au-delà de 0,80 m. Aucun aménagement ne le borde. Il est comblé par un remblai (US 11) constitué du rocher délité. La présence, aux alentours du terrain, de plusieurs points d’extraction de houille (puits de mines) et de cratères de tests destinés à identifier de nouveaux points d’accès à ces filons, nous fait supposer que nous sommes en présence d’un test d’extraction d’anthracite (ou grattage), qui n’aurait pas abouti, ou aurait été abandonné.

8Non loin, une importante saignée dans l’éperon rocheux, formant un cheminement linéaire de 2 m de large à plat en fond de chemin, et plus de 6 m de large en haut, évoque une zone de circulation destinée au transport de matière. La forte présence de déchets houillers (pulvérulents) sur les talus bordant la saignée nous fait rapprocher ce cheminement d’une structure de transport du produit minier. Une petite voie ferrée est attestée entre les mines de Communay et la gare de Chasse-sur-Rhône voisine, mais n’avait jusqu’à présent pas été localisée. Il est vraisemblable que nous sommes en sa présence.

9Enfin, une zone de dépotoir contemporain a été identifiée dans l’angle sud-ouest du terrain.

10En conclusion, la stratigraphie du site de Charvas II est assez variée, en lien avec les différentes situations topographiques : éperon rocheux ou plaine. Ce secteur ne semble avoir été anthropisé qu’à une période assez récente, comme en témoignent les fossés et épierrements s’ouvrant en général sous la terre végétale ou dans les colluvions, à quoi s’ajoutent les vestiges liés à l’exploitation du charbon aux xix^e et xx^e s.

Fig. 1 – Plan des vestiges identifiés

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Échelle : 1/2 000.

Levé topographique : J. Boudry, S. Couteau ; SIG et DAO : E. Segain (Inrap).