1Le diagnostic archéologique réalisé dans la commune de Saint-Bonnet-de-Mure (69), aux lieux-dits Les Brosses, Champanglon, Les Coins, Foussiaux, a été motivé par le projet d’extension d’une carrière. Il s’agit de la quatrième opération de diagnostic correspondant à la troisième tranche déterminée par un arrêté de phasage (Mac Carthy 2014 ; Bleu 2017).
2Deux emprises distinctes sont concernées : l’une, entre le chemin du Coprin chevelu et l’autoroute A43 (parcelles BE 3p, 4p, 5p, 6), et, l’autre, plus au sud-ouest, entre le chemin du Coprin chevelu et la carrière du Bassin Rhônalpin, porteuse du projet (parcelles BH 18p, 19p, 20p, 21p, 22, 23p, 24p, 25p, 26).
3Sur les 159 087 m2 prescrits, 9,2 % du terrain a été exploré, dans 245 tranchées. 21 structures anthropiques ont été mises en évidence. Il s’agit de douze fossés et de neuf fosses. Hormis la présence de canalisations contemporaines dans deux de ces fossés et une limite parcellaire encore marquée dans le paysage, aucune de ces structures n’est précisément datée.
4Les deux emprises prescrites ne présentent pas de reliefs particuliers. Seuls les terrains les plus au nord s’infléchissent légèrement en remontant vers le nord-est en direction de la colline morainique rissienne de Saint-Bonnet-de-Mure. Les parcelles sont localisées sur une terrasse fluvio-glaciaire du Würm, qui en constitue le substrat. À la base de la stratigraphie, on retrouve ainsi cette terrasse sous la forme de galets et graviers pris dans une matrice plus ou moins limono-sableuse de couleur blanchâtre. Elle est surmontée de sa frange oxydée de couleur rouge-orangé, dont l’épaisseur, généralement de 10 à 25 cm, peut atteindre jusqu’à 0,90 m dans les parcelles nord. Si le substrat « blanc » n’a pas été atteint partout, la mise en évidence, dans l’intégralité des tranchées, de son recouvrement oxydé, permet de voir un abaissement de son toit vers le nord, en direction du relief. Concomitamment, la stratigraphie se dilate avec le dépôt de colluvions venant de ces reliefs, provoquant un exhaussement du niveau du sol masquant cette légère dépression du substrat.
5Sur les parcelles de l’emprise nord, si l’on excepte deux fossés qui s’ouvrent ou sont recouverts par une des colluvions, l’intégralité des autres aménagements s’ouvre sous ou dans la terre végétale. Les fossés, considérés comme plus anciens (F10 et F16), n’ont pas tout à fait la même orientation. L’un (F10) se superpose à la limite entre les parcelles BE 4 et BE 5, tandis que l’autre (F16) a une orientation se rapprochant plus du nord géographique. Ils ont, en revanche, des profils similaires et des comblements identiques, naturels, de nature proche de la colluvion dans ou sous laquelle ils s’ouvrent (US 9). Cette colluvion et ces deux fossés ne contiennent malheureusement aucun mobilier datant et ils pourraient s’inscrire dans une fourchette chronologique couvrant la fin de la Protohistoire et les périodes historiques.
6Parmi les autres fossés des parcelles nord, deux contiennent des canalisations d’irrigation, et quatre pourraient en avoir contenu. Leurs profils et leurs comblements volontaires, mélanges de toutes les couches qu’ils ont traversées, sont identiques. Deux de ces fossés se superposent approximativement à des limites parcellaires actuelles (F11 et F19). Un autre (F12) correspond à une limite parcellaire visible sur une photographie aérienne des années 1950. Le dernier (F14) se situe dans la continuité d’un parcellaire observable sur le cadastre dit « napoléonien » de 1809. Les fosses ne sont pas mieux datées, mais, contrairement à celles de la parcelle sud-ouest, elles ne semblent pas associées à des limites parcellaires. Deux d’entre elles, F6 et F15, s’ouvrent clairement dans la terre végétale. La majorité contiennent dans leurs comblements des éléments provenant du substrat ou des charbons de bois. Bien que non définies, leurs utilisations pourraient être liées à des pratiques agricoles. Ainsi, la fosse 18, qui s’apparente à un chablis, se superpose approximativement à une haie d’arbres visible sur une ancienne photographie aérienne.
7Les aménagements retrouvés sur ces parcelles du secteur sud-ouest se calquent majoritairement sur le parcellaire actuel. Le fossé 27, visible en surface, marque en profondeur la limite entre les parcelles BH 19 et 20. Les fosses 24 et 25, remplies de galets, s’alignent sur la limite entre les parcelles BH 21 et 22. La petite fosse 26, également remplie de galets, se superpose à la limite entre les parcelles BH 22 et 26, en en reprenant l’orientation.
8Seul le large et profond fossé 28 témoigne d’une limite non perceptible dans le paysage actuel. Son orientation nord-sud, légèrement décalée vers le nord-ouest, pourrait correspondre à l’orientation des parcelles ouest du secteur. Toutefois, il n’est visible ni sur les photographies aériennes anciennes, ni sur le cadastre de 1809. Ce fossé reste non daté et il pourrait être ancien. Il convient de noter qu’il n’a pas été retrouvé lors des diagnostics de la carrière ELG, située au nord de l’autre côté du chemin du Coprin chevelu (Bastard 2018 ; Mac Carthy 2018).
