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Année de l'opération :
1992Numéro d’opération :
2211602Chronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, Bas-Empire romain, époque médiévale, Haut Moyen Âge, Moyen Âge classique, Bas Moyen Âge, époque moderneNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Afan
Baucheron F. 1993 : Grenoble : crypte archéologique : place Notre-Dame : rapport de fouilles programmées, campagne 1992-1993, Afan.
Blaizot F. 1994 : Grenoble : crypte archéologique : place Notre-Dame : rapport en anthropologie de terrain, campagne 1992, Afan.
Texte intégral
1Les fouilles menées en 1992 place Notre-Dame, dans l’emprise de la future « crypte archéologique » avaient pour objectif de terminer le dégagement des niveaux paléochrétiens du baptistère et de ses annexes, sur toute la surface disponible.
2C’est ainsi que les quelque 45 m2 du cimetière paroissial, situés entre le baptistère et le clocher-porche de la cathédrale ont été fouillés, en ayant recours aux méthodes de l’anthropologie de terrain. L’installation de la nécropole à partir du xiie s. s’est faite, à cet endroit, au détriment d’une cour extérieure (atrium ?), qui se développe à l’est du baptistère et sous l’actuelle cathédrale. Le sol de cette cour est constitué d’une alternance de bandes de carreaux de céramique et de dalles calcaires. Sa surface est fortement altérée (éclats gélifs) et présente de nombreuses réparations.
3La reprise de la fouille à l’intérieur du baptistère répondait à des nécessités techniques. Elle devait préparer les opérations de moulage et de dépose des dallages du dernier état de l’édifice avant restauration. Elle s’est poursuivie par la fouille des lits de pose de ces dallages et par une analyse minutieuse des maçonneries sous-jacentes. Enfin, la cuve baptismale a été vidée de la moitié sud des remblais de démolition qui l’occultaient encore.
4L’ensemble des informations recueillies permet de restituer la création d’un baptistère rectangulaire à la fin du ve s., et de suivre les grandes étapes de son développement architectural jusqu’à sa destruction aux xie-xiie s.
État I
5Le baptistère le plus ancien reconnu à ce stade des recherches est contemporain d’une des phases identifiée en 1989 dans les salles annexes, et datée de la fin du ve s. Ce « premier baptistère » se limite à une modeste pièce rectangulaire dont les proportions se rapprochent de celles d’un carré (7,32 m x 6,40 m int.). Une porte y donnait accès au nord.
6Il recoupe une phase plus ancienne de ces mêmes pièces, datée de la fin du ive s. Il est, dès lors, possible d’envisager l’hypothèse de l’existence d’un premier baptistère, dès la fin du ive s., antérieur à celui actuellement daté et attribué à l’état I (cf. baptistère Genève). L’hypothèse est d’autant plus crédible que le premier évêque connu de Grenoble est mentionné au Concile d’Aquilée en 381.
7À la fin du ve s., la cuve baptismale est octogonale. Les parois, et vraisemblablement le fond, sont plaqués de marbre blanc, et un canal maçonné, recouvert par des dalles d’ardoise, permet l’évacuation de l’eau vers l’est. II sera modifié, dans un deuxième temps, par l’installation d’une conduite en plomb apportant l’eau sous pression dans la cuve.
État II
8La salle rectangulaire est augmentée d’une abside à l’est, qui en fait un baptistère orienté. L’antériorité de la construction de cette abside par rapport aux autres, ainsi que les décors prestigieux qui l’ornent (mosaïque pariétale en pâte de verre à feuille d’or, plinthe alternant des placages de marbre blanc et d’ardoise) traduisent une volonté délibérée de privilégier cet espace au sein du baptistère. C’est là, à n’en pas douter, qu’il faut placer le presbyterium.
9La cuve est également modifiée : les placages de marbre sont remplacés par un enduit hydraulique, et le fond légèrement rehaussé.
État III
10Une seconde campagne de travaux s’engage, et le baptistère reçoit l’adjonction des absides au nord et au sud, gagnées sur les salles annexes et s’ouvrant chacune par une porte, et à l’ouest. De plan centré, le baptistère tétraconque s’inscrit désormais, à l’extérieur, dans un plan en croix.
11La cuve ne semble pas avoir subi de transformation, au moins dans un premier temps. Elle le sera plus tard, et de manière importante. Un nouveau canal d’adduction, composé d’imbrices retournés, limités par deux murs, est construit à l’ouest de la cuve. Le mur de l’abside ouest a d’ailleurs dû être repris en sous-œuvre pour permettre le passage de la conduite vers l’extérieur. À l’opposé, celle-ci aboutit au centre de la cuve par l’intermédiaire d’une base de colonne percée. La partie haute de ce dispositif architectural ne nous est pas connue (jet d’eau, vasque ?), mais ce qui nous en est parvenu évoque nettement un dispositif d’eau ruisselante dont on ne connaît pas ou peu d’exemple en Gaule (« l’eau vive du baptême »).
État IV
12Dans le quatrième et dernier état de transformation qui précède la destruction du bâtiment, deux pièces d’angle sont ajoutées de part et d’autre de l’abside est. Chacune de ces pièces communiquait avec le baptistère. Leur inscription dans la chronologie relative de l’ensemble reste à préciser.
13La cuve est à nouveau modifiée. Son diamètre intérieur est réduit par l’ajout d’une maçonnerie contre les parois et le fond de la cuve précédente (de 2,10 à 1,37 m environ). Octogonale dans les trois premiers états, elle devient pentagonale dans le dernier. Une marche plaquée de marbre permettait de descendre dans la cuve. Aux angles du pentagone, apparaissent, en négatif, les supports de bases de colonnes de petite taille. L’ensemble affirme sans ambiguïté la présence, à cet emplacement, d’un ciborium à cinq pans. Enfin, le dispositif d’adduction d’eau de l’état III, conservé, est complété par une bonde s’ouvrant au contact du sol et de la nouvelle paroi.
14Autour de la base de colonne, une soixantaine d’éléments de tabletterie en os, ivoire et andouiller a été découverte. Tous présentent des décors d’ocelles et des scènes figurées : scènes bibliques, animal fantastique, etc. Ces éléments étaient fixés sur une âme de bois (pin) au moyen de clous en bronze et en fer, parfois ornés de cabochons d’argent. Des chevilles en os ont également été utilisées.
15L’ensemble, en attente de restauration, a dû appartenir à un objet lié à la liturgie du baptême : plat de reliure, coffret, reliquaire ?
16Si les différents états de la piscine baptismale, les modifications des systèmes d’adduction et d’évacuation d’eau et le développement architectural du baptistère sont désormais bien connus séparément, il reste difficile, en revanche, vu l’avancement des fouilles, d’apprécier la chronologie absolue de chaque état de l’édifice.
Fig. 2 – Le baptistère paléochrétien et l’ensemble cathédral
1, rempart du bas-Empire et Porte Viennoise ; 2, Notre-Dame ; 3, Saint-Hugues ; 4, cloître ; 5, baptistère ; 6, évêché médiéval.
Dessin : équipe.
Fig. 4 – Le baptistère tétraconque (état VI) : vue générale du baptistère tétraconque (avec les dallages de l’état VIII)
Cliché : équipe.
Table des illustrations
Titre | Fig. 1 – Implantation des sondages |
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Crédits | Dessin : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/167390/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 753k |
Titre | Fig. 2 – Le baptistère paléochrétien et l’ensemble cathédral |
Légende | 1, rempart du bas-Empire et Porte Viennoise ; 2, Notre-Dame ; 3, Saint-Hugues ; 4, cloître ; 5, baptistère ; 6, évêché médiéval. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/167390/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 254k |
Titre | Fig. 3 – Schéma de développement du baptistère |
Crédits | Dessin : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/167390/img-3.jpg |
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Titre | Fig. 4 – Le baptistère tétraconque (état VI) : vue générale du baptistère tétraconque (avec les dallages de l’état VIII) |
Crédits | Cliché : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/167390/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 896k |
Titre | Fig. 5 – Éléments de tabletterie trouvés dans la cuve baptismale (état IX) : animal fantastique en ivoire |
Crédits | Cliché : équipe. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/167390/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 758k |
Pour citer cet article
Référence électronique
François Baucheron, « Grenoble – Place Notre-Dame » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 12 juillet 2024, consulté le 09 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/167390
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