Navigation – Plan du site

AccueilRégionsÎle-de-France199577 – Seine-et-MarneSaint-Sauveur-lès-Bray – Le Port ...

1995
77 – Seine-et-Marne

Saint-Sauveur-lès-Bray – Le Port aux Pierres

Fouille préventive (1995)
Responsable d’opération : Anne Augereau

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Afan

Texte intégral

1La fouille du Port aux Pierres fait suite à une opération de sauvetage menée par P. Gouge en 1990 sur la parcelle voisine, située au nord-est du décapage actuel, au lieu-dit La Pièce Michaud. L’emprise totale consiste en l’exploitation en carrière de granulat d’une butte de gravier sur la rive droite de la Seine bordée, au sud, par un chenal colmaté. Les principales occupations reconnues appartiennent au Néolithique et au Gallo-romain. Des traces d’occupations protohistoriques existent aussi sous la forme de structures excavées (dépotoirs domestiques) et de greniers à quatre ou six poteaux.

2Pour le Néolithique, un système complexe de tranchées de palissades d’enceintes s’étendant sur les deux lieux-dits a été mis en évidence. L’ensemble montre de multiples reconstructions des palissades dont la micro-chronologie est encore à l’étude. En 1995, une palissade triple, doublant le paléochenal, a été reconnue sur plus de 250 m de long. Elle constitue le prolongement au sud-ouest d’une des palissades fouillées en 1990, ce qui porterait la dimension de l’ouvrage à plus de 400 m de développé relevé sur plan. Bien que le secteur nord-ouest reste inconnu, l’ouvrage pourrait englober la totalité de la butte de gravier et délimiterait une surface d’au moins 6 ha.

3Cette construction est constituée de trois tranchées de palissade dont aucun recoupement n’a pu être clairement mis en évidence. La palissade interne est formée de trous de poteau séparés reconnus seulement dans certaines parties du décapage montrant un substrat graveleux : à l’extrémité est sur 10 m de longueur, à proximité du passage P1 sur environ 40 m et plus à l’ouest sur environ 50 m. Il n’est pas impossible que cette palissade ait été continue mais que les parties limoneuses du substrat en aient compromis la lecture, par ailleurs difficile. Les poteaux sont de faible diamètre, jamais plus de 0,3 m, pour une profondeur conservée n’excédant pas 0,15 m. La palissade centrale est une tranchée continue, présente sur toute la longueur décapée de l’ouvrage. Sa puissance ne dépasse pas 0,8 m de profondeur et 0,5 m de largeur. La fouille manuelle montre, par endroits, un fond alvéolé ayant pu contenir des poteaux. Cette observation, également vraie pour la palissade externe mais d’une manière moins flagrante, irait à l’encontre d’une contemporanéité stricte des trois tranchées si on considère que l’érection d’une seule rangée de poteaux suffit pour assurer la fonction d’enclos. L’hypothèse de reconstructions successives de l’ouvrage n’est donc pas à exclure. Comme la palissade interne, la palissade externe n’est bien reconnue que dans les parties graveleuses du décapage. Sa morphologie, en tranchée, et ses dimensions sont globalement comparables à celles de la palissade centrale. Toutefois, contrairement à celle-ci, elle pourrait être constituée de tronçons successifs comme celui mis en évidence dans la partie ouest du décapage.

4Au moins trois passages structurés existent dont l’espace est de 50 m entre P1 et P2 et de 95 m entre P2 et P3. Les passages P1 et P2 aménagent des portes de 2 à 3 m de largeur. Ils sont construits selon le même modèle : des poteaux plus forts caractérisent les extrémités des deux palissades à tranchée et aussi de la palissade interne à poteaux séparés pour P1. Un poteau supplémentaire vient s’intercaler entre les deux palissades à tranchée, de part et d’autre de la porte. Le troisième passage, à l’ouest, est plus large (environ 8 m). À cet endroit, les extrémités d’au moins une des palissades sont renforcées mais la palissade à trous de poteau séparés manque.

5La plupart des bâtiments sur poteaux mis en évidence appartiennent probablement aux périodes protohistoriques (greniers à quatre ou six poteaux). Mais pour l’un d’entre eux, situé à l’extrémité est du tracé de l’enceinte décapé, le doute est permis (UA1). Il s’agit d’un double alignement de trous de poteau de faible profondeur présentant un remplissage comparable à celui contenu dans certains secteurs des palissades (grès encroûté). Il est de surcroît parallèle au tracé de la palissade. Cependant, la dépression du paléochenal que suit l’enceinte a pu conditionner l’organisation de toutes les structures situées dans sa proximité immédiate, à différentes époques.

6Le matériel archéologique récolté dans les divers sondages réalisés dans les tranchées de palissade est peu abondant et assez atypique. Toutefois, les dimensions appréciables de l’ouvrage ainsi que certains éléments mobiliers (plats à pain, pâte céramique beige à dégraissant de silex) pourraient situer la structure dans une période récente du Néolithique moyen régional (Néolithique moyen II).

7À l’extrémité ouest de l’emprise, une partie d’un habitat rural gallo-romain, occupé du ier au iiie s., a été fouillée (étude en cours par J.-M. Séguier). Reconnu sur moins de 0,2 ha, cet habitat est délimité sur au moins trois de ses côtés par des tranchées de fondation de palissades. Une ouverture existe dans l’angle sud-est de cet enclos orienté est-ouest dans son grand axe.

8L’étude étant à peine amorcée, on ne dispose pas encore de tous les éléments pour juger de l’évolution du site. La création de l’habitat est à placer vers le milieu du ier s. La structuration de l’espace à cette époque est mal connue. Du ier au iiie s., l’enclos est investi par divers bâtiments sur poteaux, de taille modeste, et par quelques structures excavées (fosses, puits, celliers de très petite taille) qui s’ordonnent autour d’espaces vides.

9Une restructuration de l’espace intervient à une période qu’il n’est pas encore possible de dater mais qui pourrait être assez tardive. Elle se traduit peut-être par une extension de la surface occupée ainsi que par la création de palissades sur poteaux et de bâtiments désormais orientés nord-est – sud-ouest. Le bâtiment le plus important, qui recoupe l’une des tranchées du ier s., est une construction à une nef de 8,5 x 4 m, munie d’une paire de poteaux centraux.

10L’originalité du site tient dans la fréquence élevée du mobilier métallique : outillage agricole (fer de houe, lame de faux), petit outillage (force, burin, ciseau), fer d’entrave, petit boîtier en bronze à couvercle coulissant, etc. Le tissage semble avoir revêtu une certaine importance au sein des activités de production : une fosse du début du iiie s. a livré au moins sept pesons dont deux en calcaire grossier.

Fig. 1 – Plan des structures fouillées

Fig. 1 – Plan des structures fouillées

11La découverte la plus remarquable a été réalisée à la limite sud de l’établissement antique, en bordure du paléochenal : une fosse irrégulière a livré deux stèles en calcaire grossier portant des sculptures en bas-relief de facture très frustre, qui représentent des personnages en pied très schématisés. Sur l’une (stèle no 1 : h. 0,32 m ; l. 0,33 m) figurent deux personnages asexués dépourvus de bras et au visage naïf ; sur l’autre (stèle no 2 : h. 0,37 m ; l. 0,15 m) est un personnage de même style, peut-être féminin. À ces objets étaient associés sept monnaies, quelques fragments d’objets en bronze (fibules, applique) et une perle en ambre. Cet ensemble, de datation encore imprécise (iie-iiie s. ?), pourrait correspondre aux restes d’un petit sanctuaire voué aux cultes domestiques démantelé dans l’Antiquité.

Fig. 2 – Stèles de la structure 100

Fig. 2 – Stèles de la structure 100

Cliché : C. Valéro (Afan/CDA-Bassée).

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan des structures fouillées
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/168228/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 288k
Titre Fig. 2 – Stèles de la structure 100
Crédits Cliché : C. Valéro (Afan/CDA-Bassée).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/168228/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 336k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Anne Augereau, « Saint-Sauveur-lès-Bray – Le Port aux Pierres » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 18 juillet 2024, consulté le 12 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/168228

Haut de page

Auteur

Anne Augereau

Afan

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Anne Augereau

Afan

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search