Chamarande – Château
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Année de l'opération :
1995Sujets :
foyer, poteau, bâtiment agricole, silo, dépotoir, fosse-dépotoir, sépulture, installation hydraulique, mur, sablière (charpente)Chronologie :
Protohistoire, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Bas-Empire romain, époque médiévale, Haut Moyen Âge, époque moderneNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Afan
Texte intégral
1Le conseil général de l’Essonne envisage l’installation des archives de l’Essonne dans la commanderie du château de Chamarande. Parallèlement à ce projet, la construction des réserves sur sept niveaux de sous-sol dans la cour a nécessité un rapide diagnostic (quatre tranchées réalisées en janvier 1995).
2La stratigraphie reconnue se décompose en trois grands niveaux, avant les argiles et les éboulis calcaires qui composent le substrat naturel. Un premier niveau d’argile grise couvre le site, suivi d’un épais niveau de limon brun non stratifié puis d’un apport de terre végétale. L’argile grise a livré du mobilier protohistorique (céramique et lithique), pas suffisamment significatif pour donner une datation précise. Au limon brun est associé du mobilier qui s’échelonne entre la période gallo-romaine et le bas Moyen Âge.
3La période la plus représentée est le haut Moyen Âge, mais la fouille (octobre 1995-janvier 1996) a révélé une importante occupation gallo-romaine. La fouille exhaustive de la cour devait tenter de confirmer le type d’occupation (habitat propre ou périphérie d’habitat) et les périodes d’installation qui ont précédé la construction du château au xviie s.
4La commanderie est installée sur le versant nord de la vallée de la Juine, à 400 m de la rivière. Elle est située en contrebas du plateau de Torfou, que borde l’axe antique Orléans–Paris (actuelle RN 20).
5Les vestiges retrouvés appartiennent pour la majeure partie à l’époque gallo-romaine, plus précisément le Bas-Empire, et au haut Moyen Âge, et dans une moindre mesure à la Protohistoire et à la période moderne.
6La période protohistorique est représentée par du mobilier épars dans un niveau d’argile grise et par trois structures. Deux ne sont pas clairement identifiées, la troisième est un foyer oblong dont subsistent quelques pierres brûlées dans le fond et autour de la structure. Leur datation n’a pu être déterminée, seul le comblement du foyer a livré des tessons d’amphore italique. Ces trois aménagements ne sont pas suffisamment significatifs pour tenter de dégager une analyse cohérente.
7Les vestiges gallo-romains sont composés d’axes (murs, solins ou fossés) parallèles à la Juine, de calages de poteaux et de foyers. La cour de Chamarande offre une surface de fouille relativement faible (1 200 m2) si on se réfère à l’extension des sites ruraux gallo-romains habituellement repérés. Les indices recueillis sont donc insuffisants pour proposer une interprétation élaborée de la nature de l’installation.
8L’axe principal est un grand mur, orienté nord-est – sud-ouest, qui traverse la cour, auquel est associée une bande de circulation ; il évoque une limite de site. L’identification de la fonction de ce site (villa ?) reste hypothétique.
9Ce mur de clôture aurait également servi à la fermeture d’un bâtiment. En effet, parallèlement à ce mur, une première limite est peut-être constituée par une sablière basse, une seconde par un alignement de calages de poteaux. Au sud-ouest, une autre série de poteaux est alignée perpendiculairement aux précédents axes. Au nord-est subsiste, de façon très ponctuelle, un solin. Le bâtiment ainsi constitué serait de 12 x 6 m, soit une surface de 72 m2. La technique de construction mise en œuvre ici est mixte, elle associe des fondations en pierres et en bois (poteaux et sablière) et des élévations en pierres ou sur armature de poteaux. L’installation de ce bâtiment n’a pu être datée avec certitude. En revanche, son abandon définitif serait de la seconde moitié du ive s.
10Deux zones de combustion ont été mises au jour, leur forme s’apparente à celle des foyers piriformes découverts dans les établissements ruraux de l’Antiquité tardive en Île-de-France (J.-M. Seguier, in Ouzoulias, Van Ossel 1995, p. 32, 40, 49). Comme sur de nombreux autres sites, la fonction de ces structures de combustion n’a pu être déterminée.
11La période médiévale est marquée par des structures directement liées à un habitat : fosses-silos, fosse dépotoir. Ces vestiges montrent une occupation plutôt en fond de jardin qu’un habitat proprement dit. Cet ensemble se situe à l’époque carolingienne. Associée à ces fosses, une sépulture isolée a été mise au jour ; elle est datée entre le vie et le viiie s. par une fibule ansée symétrique en alliage cuivreux.
12Les vestiges modernes sont composés d’un puisard, d’un bassin, d’une canalisation et de restes d’un bâti antérieur au château. Ils montrent le souci d’aménagement pour le drainage ou la circulation des eaux dans un site artificiellement nivelé.
13Le site fouillé à Chamarande offre une série de vestiges répartis sur une large fourchette chronologique, mais la période la plus représentée est le Bas-Empire. L’ensemble de l’occupation est daté du troisième quart du ive s. avec au moins deux phases d’aménagement. Au-dessus du bâtiment démoli, un fossé a été aménagé. Son utilité est difficile à percevoir : peut-être servait-il à drainer les eaux, son orientation vers la Juine et dans le sens de la pente favorise cette hypothèse. Ce souci de gestion des eaux peut être conforté par la présence de deux murs parallèles, situés dans le bas de la cour, que l’on pourrait assimiler à un caniveau. Mais aucun indice probant ne vient étayer cette hypothèse. La concentration des vestiges sur le haut de la pente, avec un souci de nivellement et peut-être d’aménagement en terrasse (succession de marqueurs topographiques parallèles à la Juine), laisse supposer une occupation vraisemblablement plus dense vers le haut du coteau. Les structures retrouvées doivent se situer en limite périphérique d’un site qu’il est difficile d’interpréter plus globalement.
Pour citer cet article
Référence électronique
Antoinette Navecth-Domin, « Chamarande – Château » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 18 juillet 2024, consulté le 14 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/168393
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