Rueil-Malmaison – Le Closeau
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Année de l'opération :
1995Sujets :
technique agricole, essartage, installation hydraulique, drain, foyer, four, industrie lithique, outil, reste d'origine biologique, ossement animalChronologie :
Préhistoire, Paléolithique, Épipaléolithique, temps géologiques, Cénozoïque, Quaternaire, Pléistocène, Pléistocène supérieur, Tardiglaciaire, Alleröd, Néolithique, Néolithique final, Protohistoire, âge du Bronze, Bronze ancien, âge du Fer, Second âge du FerNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Afan
Texte intégral
Niveaux néolithiques et protohistoriques
1Dans le cadre de la construction de la déviation de Rueil-Malmaison (prolongement de l’A86 traversant Nanterre), des tranchées de diagnostics archéologiques ont été ouvertes depuis octobre 1993. Elles ont mis en évidence la présence de niveaux d’occupation allant de l’Épipaléolithique à l’âge du Fer.
2Au lieu-dit Le Closeau, en bordure de la RN 13, deux secteurs (5 et 6) permettent de recouper l’ancienne plaine alluviale de la Seine. Ils ont été ouverts entre juin et septembre 1995. Après un pré-décapage des remblais de 1,50 à 5 m d’épaisseur suivant les secteurs, le décapage archéologique a été réalisé sur plus de 3 800 m2 pour le secteur 6 et 1 700 m2 pour le secteur 5.
3Le secteur 6 a permis de mettre au jour une occupation temporaire liée à une activité d’essartage. En effet la fouille a révélé la présence de souches et de branches brûlées ainsi que des chablis. À ces structures il faut ajouter des zones de combustion de 2 à 4 m de diamètre et des concentrations de pierres brûlées assimilées à des fours de type « polynésien ». La céramique a permis de dater cette présence humaine du Néolithique final/Bronze ancien. Le même type d’occupation a été retrouvé dans le secteur 5, mais il est complété par l’existence à cet endroit d’un paléochenal. Une étude paléoenvironnementale a été entreprise, mais les résultats n’en sont pas encore connus.
4La fouille n’a pas permis de déceler des traces d’habitat, ni de préciser le but de cette déforestation : culture ou pâture ?
5Il faut noter la présence dans le secteur 6 d’un fossé contenant de la céramique de La Tène ancienne et d’un ensemble de quatre fossés parallèles attribués lors de la phase de diagnostic à une voirie d’époque moderne. Cet ensemble semble plutôt correspondre à un système de drainage du terrain. Les fouilles à venir dans ce secteur permettront peut-être de compléter toutes ces données.
J.-C. D.
Niveaux épipaléolithiques
6En octobre 1994, un gisement à Federmesser était découvert sur la commune de Rueil-Malmaison dans le cadre de la surveillance archéologique des travaux de l’A86. Enfoui sous près de 3 m de sédiments dans la plaine alluviale, le gisement témoigne d’un excellent état de conservation. Différents aspects le rendent exceptionnels et en font un site de référence pour la période du Paléolithique final du Bassin parisien. Diagnostiqué et fouillé sur près de 400 m2 en un peu plus d’un mois (novembre, décembre 1994) le gisement a, en effet, livré deux niveaux d’occupation attribuables à la période des groupes à Federmesser. Ces groupes qui, rappelons-le, se développent durant l’oscillation de l’Alleröd (11 800-10 800 BP) étaient jusqu’à présent fort peu connus dans le sud du Bassin parisien, où l’essentiel des découvertes provenait de ramassages de surface en contexte de labour.
7Au Closeau, le premier diagnostic a permis de démontrer l’existence d’une occupation ancienne, répartie sur environ 35 m2 à la base du sable gris attribué à l’Alleröd. Centrée autour d’un foyer peu construit, elle rassemble les déchets d’une production laminaire soignée, ainsi qu’un outillage abondant dominé par les grattoirs sur lames (nos 9 et 12) et les lames utilisées brutes (no 11). Les pointes à dos courbes (Federmesser) caractéristiques viennent en troisième position (nos 5, 6, 7 et 8) devant des burins (no 10) aux parties actives de morphologies diversifiées (dièdre d’axe, d’angle sur troncature, plan). L’analyse des nombreux fragments osseux retrouvés autour de la structure de combustion indique la chasse et la consommation prépondérante du cheval, et dans une moindre mesure, du cerf et du sanglier. Une datation par accélérateur réalisée à Oxford cale cette occupation aux environs de 12 090 ± 90 BP (OxA-5680, Lyon-166), ce qui étaye notre hypothèse de la filiation de cet ensemble avec les groupes magdaléniens locaux.
8Lors de ce même diagnostic, un niveau supérieur attribuable aux groupes à Federmesser a été rencontré sous forme de trois concentrations lithiques et de quelques structures de combustion dispersées dans l’ensemble de la tranchée. Ces trois occupations sont caractérisées par une même absence de faune, une industrie à « tendance laminaire » réalisée par percussion dure et par un outillage peu abondant composé essentiellement de grattoirs sur éclats (no 4) et d’armatures Federmesser (nos 1, 2 et 3). Par ailleurs, l’organisation de l’espace ne semble pas aussi complexe que celle observée dans le niveau inférieur.
9Depuis juillet 1995 (et jusqu’à la fin du mois de janvier 1996), nous avons repris une phase d’évaluation sur une surface d’environ 3 600 m2 jouxtant la tranchée de diagnostic. Cette fouille extensive nous a permis de retrouver le niveau supérieur sur plus de 3 000 m2 alors que le niveau inférieur n’a été diagnostiqué que sur moins d’une vingtaine de mètres carrés.
10La réalisation d’une vingtaine de coupes stratigraphiques sur toute la longueur du transect montre que les populations préhistoriques se sont installées dans un ancien chenal (d’axe est-ouest) parallèle à la Seine. De faible dénivelé, cette dépression a néanmoins orienté très nettement l’installation des Federmesser. Ceux-ci semblent avoir préféré les versants du chenal, délaissant la partie centrale plus profonde qui ne semble pas toutefois avoir été en eau.
11Une douzaine de locus ont été identifiés sur l’ensemble de la parcelle. Ils regroupent des amas de débitage très structurés et des zones de dispersion de vestiges lithiques. Certaines associations d’outils évoquent des postes d’activités spécifiques (fabrication d’armatures) et notamment une concentration unique d’une vingtaine de grattoirs que des analyses tracéologiques s’attacheront à identifier. Des pointes à dos courbes, très spécifiques, ont été découvertes en grand nombre lors de cette seconde campagne. Une analyse permettra de mieux définir leurs caractéristiques afin de les comparer aux ensembles du nord de l’Europe. Des structures de combustion ont également été retrouvées en grand nombre. Actuellement, nous en avons dénombré près d’une trentaine, toutes caractérisées par une morphologie en cuvette, une absence de mobilier lithique structurant, l’abondance de charbons de bois bien conservés. Le plus souvent, ces structures sont isolées des grandes concentrations lithiques, comme cela a pu être observé dans certains sites allemands.
Fig. 1 – Industrie lithique épipaléolithique

1-4, niveau supérieur ; 5-12, niveau inférieur.
Dessins : P. Alix.
12Des datations ont été récemment obtenues concernant ce niveau. Réalisées à Lyon sur charbon de bois selon la méthode classique, elles placent le niveau supérieur entre 10 670 et 10 470 ± 110 BP (Ly-7189, Ly-7190), soit à l’extrême fin de l’Alleröd, voire durant le Dryas récent. Nous avions déjà signalé le caractère inédit de l’industrie du niveau supérieur par rapport aux industries à Federmesser découvertes dans le nord du Bassin parisien. Cette différence est peut-être imputable à une légère diachronie, le niveau supérieur du Closeau représentant alors l’ultime phase des groupes à Federmesser dont nous connaissons surtout la phase moyenne dans la région.
13Lors de l’opération diagnostique nous n’avions retrouvé pratiquement aucun os sur le niveau supérieur. Les nouvelles fouilles ont permis d’isoler une forte concentration de vestiges fauniques associée à un amas de débitage : les os sont très fragmentés et dans un mauvais état de conservation mais on peut d’ores et déjà identifier un cervidé et quelques éléments de microfaune. Ces vestiges pourront venir compléter les premières datations réalisées uniquement sur charbons de bois. Ils témoignent par ailleurs de l’existence d’activités de prédation sur le niveau supérieur, alors que nous n’avions jusqu’à présent que des indices relatifs au débitage du silex et à la fabrication d’outils et d’armatures.
14Diagnostiqué dans un premier temps sur 400 m2, le site du Closeau s’étend actuellement sur près de 3 000 m2, ce qui en fait l’un des gisements à Federmesser, si ce n’est le gisement à Federmesser, le plus étendu de France. Le déplacement du tracé de la déviation de Rueil-Malmaison va entraîner dans quelque temps (avril 1996) le creusement d’une tranchée de près de 400 m de longueur à l’est du site actuel. Cette tranchée, tout comme notre fouille, va probablement couper dans sa longueur le chenal qui a fossilisé les implantations préhistoriques. Un diagnostic archéologique est d’ores et déjà prévu sur ce tracé et nous espérons bien, si ce n’est retrouver la continuité du gisement du Closeau, tout du moins accumuler de plus amples informations sur le contexte paléotopographique des installations préhistoriques. Ultérieurement, précédant les véritables opérations pour la construction de l’autoroute A86, nous souhaiterions travailler sur l’extension immédiate du site du Closeau dont on pressent l’existence à la fois à l’ouest et à l’est de l’actuelle excavation.
P. B.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Industrie lithique épipaléolithique |
Légende | 1-4, niveau supérieur ; 5-12, niveau inférieur. |
Crédits | Dessins : P. Alix. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/168517/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 700k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean-Claude Durand, Pierre Bodu, « Rueil-Malmaison – Le Closeau » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 18 juillet 2024, consulté le 20 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/168517
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