Saint-Prix – Le Prieuré blanc, le Village
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Année de l'opération :
1995Sujets :
ensemble religieux, monastère, prieuré, cave, espace de circulation, cour, poterie, céramique médiévale, parure, monnaie, monnaie médiévalePlan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Service départemental d’archéologie du Val-d’Oise
Texte intégral
1Une fouille de sauvetage urgent a été réalisée en 1995 dans la cour du Prieuré blanc (coordonnées Lambert : 594,820 x 146,250) en raison d’un effondrement partiel de la voûte d’une cave du xiie s., remaniée au xve s. et de l’aménagement de celle-ci par la fondation Solacroup-Hébert, pour le centre d’enseignement de la Fraternité Saint-Jean.
La cave médiévale
2De plan trapézoïdal, elle comporte quatre voûtes d’arêtes séparées par des arcs doubleaux reposant sur un pilier central. Celui-ci est formé d’une corbeille de tête de chapiteau carrée, décorée dans les angles de cabochons (mascarons ?) avec un tore à la base, d’un fût de colonne très court, et d’une embase carrée, aux angles abattus, décorée d’un tore à la partie supérieure. Cet ensemble, taillé dans du calcaire lutétien, appartient par son style au xiie s.
3La cave est en moellons de meulière compacte liée au plâtre, de même que les voûtes d’arêtes refaites au xve s. L’étude de l’extrados indique, par le lissage externe du mortier de chaux, que ces voûtes ont été construites à ciel ouvert puis comblées par la suite pour aménager la cour du prieuré. Ses dimensions intérieures sont de 5,25 x 5,10 m. Son orientation est nord-ouest – sud-est, différente de celle du Prieuré blanc. Sa hauteur sous voûtes est comprise entre 1,84 m et 2 m.
4L’étude de son sol a permis de mettre en évidence un niveau de plâtre partiel avec des cloisonnements du même matériau dans l’axe des doubleaux, sur la largeur de l’embase du pilier central, à 10 cm de profondeur et sur une épaisseur de 5 à 8 cm. L’embase est elle-même scellée au plâtre dans le sédiment sablo-argileux oxydé du Stampien, jusqu’à 20 cm de profondeur. Des charbons de bois, observés dans ce niveau, pourraient correspondre, de même que le sol et les cloisonnements de plâtre, à la réfection de cette cave au xve s.
5La donation du Prieuré blanc s’effectua en 1523, par messire Jean Le Caron, prêtre de Saint-Prix, « d’une maison, cour, jardin, cave, sise audit Saint-Prix devant l’église » (A.N. S2086).
La cour du Prieuré blanc
6Un mur de meulière liée au plâtre gris à charbons de bois, d’une épaisseur de 60 à 70 cm, a été mis au jour dans le prolongement du mur ouest de la cave médiévale. Il appartient à un bâtiment figurant sur un plan du début du xviiie s. Un second mur, subparallèle au mur sud de la cave, d’une épaisseur de 50 cm, et toujours en meulière liée au plâtre, venant buter à l’est sur un escalier d’accès à l’ouest de la cave, passe sous le premier mur et semble se prolonger à l’ouest. Cet escalier d’accès à la cave médiévale, ainsi retrouvé, est formé de quatre marches en grès stampien, de 0,90 m de largeur, perpendiculaire à l’escalier actuel. Il possède un palier en grand appareil de gypse saccharoïde et de grès stampien. Quatre autres marches permettent d’accéder au sol de la cave médiévale. Au sud, perpendiculaire au mur parcellaire, un contrefort du xvie s. a été dégagé. Il est englobé dans une maçonnerie formée de blocs équarris de gypse saccharoïde, réalisée au xviiie s., se dirigeant en retour d’angle vers l’ouest.
7La stratigraphie étudiée, située dans la cour du Prieuré blanc, au sud et à l’ouest de l’accès actuel à la cave, contenait un mobilier archéologique homogène des xve et xvie s. Dans cette stratigraphie, deux couches cendreuses épaisses, de 25 à 20 cm, provenant sans doute de la vidange de foyers de cuisine, bâtiment utilitaire indépendant du Prieuré blanc, ont été mises en évidence. Elles ont fourni un mobilier archéologique abondant dont des tessons de céramique commune parisienne du xive s. en résiduel (oules, pichets) ; des coquemars décorés ou non de flammules et pouvant appartenir à la production des xve et xvie s. des ateliers de Fosses (Val-d’Oise) actuellement en cours de fouilles. Les grès fins du Beauvaisis sont également bien représentés avec des coupelles à pied, des godets ovoïdes, des tasses, des pichets, des crapauds, des albarello, de la première moitié du xve s. au deuxième tiers du xvie s. La céramique à glaçure verte est représentée par un fragment d’huguenote à anse anatomique datable de la fin du xvie s., un fragment de lampe à huile, un pichet à col cannelé, des poêlons, des coquemars. Une base de lampe à huile, pouvant provenir des ateliers de Fosses, serait datable de la première moitié du xvie s.
8À noter aussi deux bases de gobelets côtelés en verre fin oxydé noir, datables de la fin du xve s. à la première moitié du xvie s., des pieds de verre pleins et creux, des éléments de coupelles, de verres à boire biconiques du xvie s. et des fragments de vitraux provenant du prieuré ou de l’église ; quelques objets en bronze dont des boucles de chaussures datant du xve s. et des boucles de ceinture ou de vêtement dont une, appartenant à une fermeture de chape d’ecclésiastique du xvie s., était décorée de cinq marguerites, un ferret, des épingles à vêtement et un stylet.
9Parmi les monnaies découvertes, les plus anciennes sont un parisis noir de Charles IV le Bel (1322-1328), un denier et un blanc Guénar de Charles VI le Bien-aimé (1380-1422). On trouve également un jeton de Nuremberg, du début du xvie s.
10Parmi les objets en fer, à noter une clef, des éléments de pentures de porte, d’outils, des clous. Plusieurs pierres à aiguiser portatives et un pendentif en plomb formé d’un anneau côtelé décoré de quatre boules en forme de croix pouvant correspondre à une enseigne de pèlerinage. Des restes gastronomiques étaient mêlés à ce mobilier.
La parcelle située au sud du Prieuré blanc
11Une seconde cave, avec voûte en anse de panier, a été dégagée. Construite en moellons de meulière compacte liés au plâtre, elle mesure 2,66 x 0,95 m et sa hauteur sous voûte est de 1,79 m. Un gond en fer et un chambranle indiquent que cette cave était fermée par une porte au sud. Son sol était en sablons, remblayé d’une couche de gravats de plâtre de 7 cm d’épaisseur puis d’une seconde couche de sablons de 10 cm. Devant cette cave, un couloir en quart de cercle se dirigeant vers l’ouest, de 1,90 m de largeur maximale, avec un second couloir en retour d’angle vers le sud, de 1,65 m de largeur, aboutissant vers le sud à un chambranle de porte de 0,87 m de largeur, formait un accès de plain-pied à cette cave depuis l’habitation située au sud.
12L’orientation de cette cave est proche de nord-sud, dans le même axe que l’escalier d’accès actuel à la cave médiévale et sa longueur extérieure est de 3,50 m en rejoignant le palier d’escalier ancien de celle-ci : cela laisse à penser que là se situait l’entrée primitive à la cave médiévale qui permettait d’accéder, dès le xiie s. à celle-ci depuis la parcelle sud située en contrebas. La parcelle sud fut démembrée au xvie s. du Prieuré blanc, ce qui amena la construction d’un escalier indépendant dans la cour du prieuré, partant de l’ouest.
13Toutes ces interventions ont permis de constater l’importance du domaine du Prieuré Blanc, appartenant aux Victorins de Paris. C’est en 1523 qu’ils s’établissent à Saint-Prix, près de la grange monastique et face au Prieuré noir des Bénédictins, fondé en 1087.
Pour citer cet article
Référence électronique
Gérard Ducœur, « Saint-Prix – Le Prieuré blanc, le Village » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 18 juillet 2024, consulté le 17 septembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/169017
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