Fontenay-en-Parisis – La Lampe / La Couture
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Année de l'opération :
1995Sujets :
enceinte, fosse, bâtiment sur poteaux, palissade, bâtiment agricole, silo, puits d'extraction, four, four domestique, fond de cabane, cave, parure, reste d'origine biologique, ossement animal, métallurgieChronologie :
Protohistoire, âge du Fer, Second âge du Fer, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, époque médiévaleNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Afan
Texte intégral
1Le site de La Lampe-La Couture, se trouve à 500 m au sud du bourg de Fontenay-en-Parisis, sur le plateau limoneux du Pays-de-France. Non inventorié, il a été repéré à l’occasion des sondages systématiques, opérés sur le tracé de la Francilienne en février 1995.
2L’opération de sauvetage s’est déroulée entre les mois d’août et novembre 1995. La surface décapée couvre environ 3 ha, selon une bande de 80 m de large, pour près de 400 m de long. La partie méridionale d’un établissement gallo-romain a été mise au jour ainsi que des vestiges de La Tène moyenne.
L’occupation gauloise
3Les aménagements appartenant à cette période sont répartis sur la moitié occidentale du décapage. L’espace est structuré par deux fossés parallèles et distants de 140 m. Leur orientation est légèrement décalée par rapport au nord. Le fossé occidental s’interrompt volontairement sans qu’aucune reprise de tracés n’ait été repérée dans son alignement, pouvant matérialiser une entrée. Son répondant à l’est a été suivi sur plus de 80 m. Son tracé est rectiligne, il ne présente ni retour, ni collatéraux.
4Son profil dessine un « V » bien marqué, profond de 0,90 m. Bien peu de structures sont associées à ces fossés : une fosse rectangulaire en limite nord du décapage ; au nord-ouest, à l’extérieur de l’espace encadré par les fossés, deux silos enterrés et un petit bâtiment sur six poteaux, témoignent d’une petite zone de stockage.
5La faible densité d’aménagements tranche avec l’abondance exceptionnelle de mobilier contenu dans chacune des structures. Une couche détritique d’importance variable s’est accumulée dans les fossés avant leur nivellement définitif. Quantité de poteries y ont été rejetées, associées à des ossements d’animaux. Des éléments de parures ont également été retrouvés, en bronze, verre et lignite ; ainsi que quelques pièces de monnaies. L’étude du mobilier céramique issu de la fouille de La Lampe promet d’ores et déjà d’enrichir considérablement le corpus régional, peu abondant pour cette période. Enfin, on rencontre, localisés sur une dizaine de mètres dans la partie sud, des parois vitrifiées, battitures, scories et culots de forge, ainsi que des creusets. Ces différents éléments attestent une activité artisanale liée à la métallurgie du fer et à celle du bronze ou du cuivre.
6Si la lecture du plan masse n’apporte au prime abord que peu d’information concernant la nature du site, la caractérisation des rejets précisera les activités pratiquées et l’étude de leur répartition spatiale permettra de mettre en évidence une éventuelle organisation. En effet, faut-il considérer que le décapage s’étend sur une zone originellement vierge de vestiges, les aménagements se trouvant hors emprise ? La position, en limite de décapage, au nord, des rares structures contemporaines tendrait à l’appuyer. Cependant la nature et la densité des artefacts dans les fossés varient sur la longueur, témoignant de rejets localisés. Faut-il dès lors situer l’habitat et les structures liées à la métallurgie à proximité immédiate de ces zones de rejets et les imaginer totalement détruits par l’érosion ?
7En l’état des données, la nature du site ne peut être précisée. La densité et la richesse du mobilier et surtout les témoins d’une activité métallurgique semblent indiquer un habitat groupé plutôt qu’une ferme. Le restant du site, de part et d’autre du décapage, est conservé. On peut espérer qu’une fouille complémentaire nous apporte à terme des éléments de réponse.
8Les aménagements gaulois marqueront durablement le paysage : quelques siècles plus tard, l’enceinte gallo-romaine viendra s’appuyer sur le fossé oriental.
L’établissement gallo-romain
9Le tracé de la Francilienne recoupe la partie méridionale d’un établissement gallo-romain. Celui-ci est cerné par une enceinte quadrangulaire dont trois côtés ont pu être suivis. La longueur de l’enclos est de 140 m d’est en ouest, la largeur maximale perçue dans l’emprise du décapage s’élève à 50 m.
10Le fossé le matérialisant est d’importance variable, léger à l’est, il prend de la force au sud. Sa largeur est alors de 2 m pour une profondeur de 0,60 m sous le niveau du décapage. Sur ce bord, de part et d’autre d’une brève interruption du tracé, une série de poteaux est ancrée au fond du fossé, répondant à une nouvelle rangée à l’intérieur de l’enceinte. Ce dispositif d’accès ouvre vers un enclos étroit, se développant au sud. Le bord occidental de l’enceinte pérennise l’orientation de celle de l’âge du Fer, distante de 15 m. Le fossé est alors peu profond, mais doublé d’une palissade. L’enceinte a, là encore, livré un abondant mobilier attribuable à la fin du iiie s., date à laquelle on peut situer une phase de destruction.
11À l’intérieur de l’établissement, divers aménagements témoignent d’une occupation depuis le milieu du ier s. apr. J.-C. jusqu’à la fin du ive s. Deux caves sont inscrites dans l’angle sud-est de l’enceinte. De même module, elles sont parfaitement symétriques : leur escalier débouche en vis-à-vis dans l’étroit espace ménagé entre elles. Dans chacune, un mur tapissait le bord opposé à l’escalier, les trois autres parois n’étant pas maçonnées. Ces murs pouvaient appartenir à un bâtiment couvrant les deux caves. Elles ont été comblées simultanément à la fin du iiie s. Les autres structures du Haut-Empire sont difficilement identifiables, fosses dépotoir du ier s., fossé puis mur de division interne, base empierrée pour aménagements isolés...
12Deux fosses carrées, régulières, étaient comblées d’ossements animaux de diverses espèces : volailles, bœuf, mouton, porc... Les squelettes ne sont pas complets mais des connexions sont fréquemment observées. Un puits de 1,60 m de profondeur est creusé dans un angle du fossé d’enceinte. Trois agneaux y sont inhumés à des profondeurs différentes, dans un remplissage stérile. Le dernier, en surface, est en partie calciné. Une grande jatte intacte est déposée par-dessus, retournée. Cette structure ne manque pas d’évoquer un acte rituel, tant par sa position particulière que par son mode de dépôt.
13Aucun bâtiment n’a été retrouvé pour cette phase, bien que la présence de nombreuses pierres et tuiles mêlées localement au comblement du fossé d’enceinte, au sud, incite à restituer une ou deux unités à proximité. Il semble cependant qu’aucun édifice d’importance ne se trouve dans cette partie de l’établissement. Des prospections pédestres dans la parcelle voisine ont permis le repérage de concentrations de pierres et tuiles pouvant correspondre à la partie résidentielle.
14Une nouvelle phase d’aménagement intervient au ive s. apr. J.-C. Les vestiges de cette période sont regroupés dans la partie centrale de l’établissement, à proximité de l’entrée observée dans l’enceinte. Quelques solins de pierres sont installés sur les structures du Haut-Empire. Ils témoignent de l’existence d’au moins deux bâtiments. Très lacunaires, ils ne permettent la restitution d’aucun plan. À proximité se trouvent un puits, dont la profondeur excède 13 m, et un four domestique installé dans un fond de cabane. Le comblement de ces deux structures remonte au troisième quart du ive s. apr. J.-C. L’occupation s’interrompt après cette date, du moins sur le secteur perçu dans l’emprise du décapage : quelques tessons de céramique du haut Moyen Âge ont été retrouvés dans un niveau associé à un chemin, aucune structure d’habitat n’a cependant été reconnue. Le mobilier de cette période est par ailleurs absent des ramassages de surface sur l’extension du site, appuyant le caractère semble-t-il irréversible de l’abandon du Bas-Empire.
15Sept puits recoupent les structures gallo-romaines. Ils traversent les limons jusqu’au banc de calcaire, qu’ils entament sur plusieurs mètres. Ils sont vraisemblablement destinés à l’extraction de ce matériau. Un fer à cheval retrouvé dans l’un d’eux indique une datation postérieure au ixe s. La tranchée de récupération du mur d’une des caves, datée du xiie s., participe peut-être à la même phase.
Pour citer cet article
Référence électronique
Isabelle Daveau, « Fontenay-en-Parisis – La Lampe / La Couture » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 18 juillet 2024, consulté le 19 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/169190
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