1Cet important village du haut Moyen Âge a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles de 1981 à 1987 réalisées par la JPGF de Villiers-le-Bel, portant sur le cimetière et une petite partie de l’habitat. Les sondages réalisés en 1994 ont mis en évidence la densité et l’étendue de l’agglomération touchée dans sa majeure partie par le projet de Liaison Cergy-Roissy.

2La campagne, de mars à octobre 1995, n’a porté que sur la partie sud de l’échangeur avec un décapage d’un peu plus de 4 ha. L’opération, initialement programmée en une seule fois, a été décomposée en deux phases pour une meilleure adaptation au planning des travaux routiers de la Francilienne. Elle s’achèvera à l’automne 1996 avec la fouille des parcelles au nord du CD n^o 9 (3,5 ha). Le bilan présenté ici est donc partiel, la phase d’étude ne débutant qu’à l’issue de la campagne 1996.

3Le décapage 1995 a livré près de 2 000 structures archéologiques appartenant pour les 9/10^e au haut Moyen Âge (vi^e-x^e s.). L’occupation la plus ancienne est représentée par un enclos quadrangulaire de La Tène moyenne situé au nord du décapage, dont le prolongement sera vraisemblablement étudié en 1996. Deux silos lui sont rattachables (mobilier en cours d’étude par S. Marion). Un enclos gallo-romain précoce vient se superposer à cet ensemble mais en conserve l’orientation. Plusieurs structures dont un four en « H » (séchoir ?) sont à rattacher à cette période dont la partie principale se trouve probablement plus au nord.

4L’organisation de l’habitat du Haut-Empire est nettement plus perceptible, même si, là aussi, les bâtiments restent hors de la zone décapée : un vaste enclos rectangulaire d’une largeur de 100 m pour une longueur supérieure à 200 m s’articule de part et d’autre du chemin de Paris à Luzarches dont le carrefour avec le chemin de Villaines est empierré dès cette époque. Cet enclos n’a révélé aucun bâtiment mais une vaste mare (800 m²) d’origine anthropique, peut-être liée à l’extraction de limon avant de servir de réserve d’eau pour l’abreuvement du bétail. Deux groupes de structures de stockage (celliers) ont été distingués. On notera particulièrement le cas d’un cellier dont la superstructure en matériaux légers, incendiée, s’est effondrée avec le contenu des denrées stockées (céréales et légumineuses) et les statuettes liées aux divinités protectrices des récoltes (Déesse-mère, Vénus, Mercure). Deux puits maçonnés situés respectivement dans l’angle sud-est et au centre de l’enclos se rattachent à cette période.

5Les iv^e et v^e s. ne sont pour l’instant représentés que par un mobilier résiduel au sein de structures plus récentes, et par certains niveaux du chemin empierré. Les vestiges de cette période doivent probablement être recherchés à proximité de la partie principale de l’établissement gallo-romain, localisée par prospection de surface à une cinquantaine de mètres au nord-est du décapage 1995.

6Le village du haut Moyen Âge se développe largement de part et d’autre du chemin de Paris à Luzarches, il est limité au sud et au sud-est, dès la période mérovingienne, par une longue palissade suivie sur près de 170 m et qui s’interrompt à l’ouest et au nord-est au niveau de deux chemins de desserte secondaires. L’un de ces chemins est bien daté de la période mérovingienne (vii^e s.). Il rejoint un chemin nord-sud plus important, dont l’empierrement, bien conservé dans le talweg du Fond de Boissel, a livré un denier mérovingien frappé à Dorestadt au milieu du vii^e s. (étude B. Foucray).

7L’habitat du haut Moyen Âge regroupe plusieurs unités d’exploitation associant bâtiments d’habitation et constructions annexes, cabanes, fours et silos en périphérie. Celles-ci sont alignées en bordure du chemin de Paris à Luzarches ou se développent en profondeur un ensemble d’environ 1,5 ha.

8En limite ouest du site, une parcelle rectangulaire de 90 x 45 m, délimitée par des fossés, regroupe un ensemble de structures annexes carolingiennes (puits, fours, cabane, grenier, silos).

9À l’opposée, la périphérie sud-est du site présente une zone spécifique regroupant une dizaine de fonds de cabane des vii^e-viii^e s., dont une grande partie semble liée à l’artisanat textile.

10Trois puits à eau du haut Moyen Âge ont été fouillés, dont deux étaient maçonnés (ix^e s.). On peut y ajouter l’un des deux puits gallo-romains, utilisé jusqu’à la fin de l’époque carolingienne (ou remis en service). Techniquement, ces puits carolingiens diffèrent des puits gallo-romains par le diamètre de leur creusement qui avoisine les 8 à 10 m à l’ouverture. La maçonnerie, de plus faible diamètre extérieur (3 m), prend appui sur le calcaire de Saint-Ouen (- 5 m). Le fond de deux de ces puits a été atteint à une profondeur de 12 m sous le niveau de la nappe actuelle, sans pour autant livrer de matériaux organiques. Il convient de signaler que trois puits contemporains ont fonctionné à l’époque carolingienne à moins de 70 m de distance, en bordure du principal axe de circulation dans la zone la plus densément construite.

11La totalité des bâtiments du haut Moyen Âge est sur poteaux. Seul un cas de construction mixte avec poteaux et solin en pierre a été mis en évidence sur un bâtiment mérovingien.

12L’utilisation du plâtre sur clayonnage a pu être clairement établie sur un bâtiment à deux nefs du ix^e s. (16 x 9 m). Deux bâtiments à trois nefs sont à attribuer à la dernière phase d’occupation du site (x^e-xi^e s.). D’autre constructions sur poteaux correspondent à des greniers surélevés à quatre ou six poteaux. De petites constructions à quatre poteaux sur vide sanitaire peuvent également appartenir à cette catégorie.

13Parmi la soixantaine de fonds de cabane découverts en 1995, une variété importante de dimensions, d’aménagements et de dispositifs de couverture se dégage. On notera une catégorie de grands fonds de cabane (surfaces utiles de 10 à 15, voire 20 m²) appartenant tous à l’époque carolingienne. Le module dominant reste cependant la cabane à deux poteaux axiaux de 3 x 2 m souvent associée à des traces d’aménagement intérieur : poteaux, rainures, fosses. Un cellier carolingien (x^e s.) de plan carré avec escalier latéral rappelle en un peu plus vaste ses homologues gallo-romains.

14Les fours domestiques sont particulièrement bien représentés sur le site de Villiers-le-Sec. Les exemplaires fouillés en 1981-1987 avaient permis d’établir une première typologie de ce type de structure. La soixantaine de fours découverts en 1995 s’est révélée particulièrement variée tant du point de vue du diamètre (de 1 à 2,40 m) que des aménagements : cheminées latérales, verticales ou donnant sur l’aire de travail, bouches voûtées en pierre, soles empierrées, multiples. Ils couvrent toute la période du haut Moyen Âge. Une politique de prélèvement archéomagnétique systématique sur chaque structure a été réalisée (laboratoire d’archéomagnétisme de Saint-Maur) ; elle devrait contribuer à mieux cerner l’évolution de ce type d’équipement au sein du village, sa distribution spatiale, et apporter de nouveaux jalons à la connaissance de la courbe pour les vi^e-xi^e s.