Navigation – Plan du site

AccueilRégionsÎle-de-France199375 – ParisParis (8e) – Place de la Madeleine

1993
75 – Paris

Paris (8e) – Place de la Madeleine

Sondage (1993)
Responsable d’opération : Laurent Guyard

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Afan

Texte intégral

1La construction d’un local souterrain pour la ville de Paris dans le cadre de l’opération Météor (première phase, station Madeleine) a été soumise à des travaux de surveillance archéologique dans un secteur méconnu de la capitale, mais pouvant contenir toutefois des vestiges. En effet, la situation de la construction projetée, en bordure de terrains alluvionnaires sensibles, constituait un risque non négligeable pour les périodes pré- et protohistoriques. Située à peu près à mi-chemin entre la Seine (700 m) et l’ancien grand bras septentrional, la place de la Madeleine est toute proche d’un autre bras intermédiaire mal connu (il s’agirait du marais des Gourdes), supposé d’après des études sur le sous-sol de Paris par V. Krier. L’éventualité d’un positionnement en berge sud d’un de ces îlots d’alluvions qui constituent la « grande île Saint-Martin » a amplifié le risque archéologique (pour les périodes pré- et protohistoriques). De plus, la présence d’une voie ancienne à proximité (actuelle rue du Faubourg-Saint-Honoré) ainsi que celle d’une villa épiscopale connue au xiiie s. (ancien bourg de la Ville-l’Évêque) pouvait laisser présager de l’existence de structures archéologiques bien conservées. L’église de la Madeleine actuelle a été érigée entre le bourg de la Ville-l’Évêque et le rempart construit sous Charles IX et Louis XIII. La réunion de ce bourg avec l’agglomération parisienne n’a été effective qu’au milieu du xviiie s.

2Préalablement aux terrassements nécessaires à la construction du local « ville de Paris » (4,5 m de profondeur), deux surveillances de puits de travail ont pu être réalisées, sur 7 m de profondeur dans un cas. Le premier puits, à l’est de la place, se trouvait en face du no 22 tandis que le second, au nord-est, était situé en face du no 30.

3La Préhistoire semble inexistante, en dépit de ce qui était supposé. Le terrain naturel se situe à environ 32 m, c’est-à-dire à la limite des crues principales. Le secteur n’a livré des indices d’occupation de l’espace qu’à partir de l’époque gallo-romaine et/ou du haut Moyen Âge. Toutefois, l’absence de vestiges protohistoriques ne permet pas d’affirmer leur inexistence, au regard de la faiblesse des surfaces étudiées (270 m2).

4Pour l’Antiquité et le début du Moyen Âge, les quelques tessons recueillis dans le paléosol permettent d’envisager au minimum un amendement des terres labourées, dans la mesure où aucune structure d’habitat n’a été découverte. Il est bon de rappeler à ce sujet que le site gallo-romain du Carrousel n’est qu’à 1 km au sud-est de la place de la Madeleine.

5Un lot de céramiques médiévales des xie-xiiie s., plus conséquent dans les deux niveaux de terre arable, semble correspondre à une occupation plus dense de l’espace, coïncidant avec les mentions de la Ville-l’Évêque dès le début du xiiie s. La présence d’une exploitation agricole puis d’un village satellite de Paris a dû s’accompagner d’une intensification de l’exploitation du sol. Jusqu’au xviiie s., le paléosol primitif semble donc avoir été utilisé comme labour ou jardin.

6Au cours de l’époque moderne, le village de la Ville-l’Évêque s’étend progressivement vers l’est au-delà de ce qui deviendra le couvent des Bénédictines. Les maisons ou hôtels particuliers sont associés à des jardins plus ou moins clos. C’est à cette période qu’il faut rattacher un mur (découvert lors de la surveillance) et le labour « moderne » qui surmonte le paléosol primitif. Cette couche argileuse grasse, riche en mobilier très fragmenté, semble s’être constituée par un amendement intensif des terres. Il est à noter que le parcellaire de cette époque est essentiellement de direction nord-sud – est-ouest. Il sera contrarié par la création du boulevard du rempart (actuellement boulevard de la Madeleine).

7À partir de 1764, la construction de la nouvelle église de la Madeleine occasionnera l’arasement de bâtiments (l’Hôtel-de-Chevilly par exemple) et de limites parcellaires, ainsi que la restructuration de l’espace. C’est de cette période que date un second mur découvert lors de l’opération.

8Enfin, l’exhaussement nécessaire à la mise à niveau du terrain (2 m) en fonction de la nouvelle église et du boulevard du rempart (surélevé) serait intervenu dans une phase avancée des travaux, peut-être au début du xixe s.

9Cette opération de diagnostic-surveillance n’a pas été suffisante pour entraîner une opération archéologique, elle a permis toutefois de réaliser une étude de topographie historique dans un secteur méconnu des environs du Paris médiéval et moderne.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Laurent Guyard, « Paris (8e) – Place de la Madeleine » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 21 novembre 2024, consulté le 18 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/169535

Haut de page

Auteur

Laurent Guyard

Afan

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Laurent Guyard

Afan

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search