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AccueilRégionsÎle-de-France199477 – Seine-et-MarneVignely – La porte aux Bergers

1994
77 – Seine-et-Marne

Vignely – La porte aux Bergers

Sauvetage urgent (1994)
Responsable d’opération : Yves Lanchon
Notice rédigée avec Pierre Allard, Marie-France André, Françoise Bostyn, Paul Brunet, Philippe Chambon, Françoise Lafage, Yvon Praud et Carlos Valero

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Afan

Texte intégral

1Un important sauvetage archéologique s’est déroulé entre octobre 1993 et mars 1994 sur une carrière de granulats exploitée par la Routière de l’Est parisien (REP) au sud du village de Vignely (Seine-et-Marne), sur une surface d’environ 1,5 ha, où ont été mis en évidence quelques fossés rectilignes peut-être gallo-romains, une petite occupation protohistorique attribuable au Bronze final IIIb–Hallstatt ancien, mais surtout un habitat et une nécropole néolithiques.

Fig. 1 – Plan général du site

Fig. 1 – Plan général du site

2Un village de onze unités d’habitations, attribuables au groupe de Villeneuve-Saint-Germain, a été fouillé. Si certaines maisons ne sont attestées que par leurs fosses latérales et quelques trous de poteau (str. 136 par exemple), trois bâtiments possèdent un plan quasi-complet ; le mieux conservé (str. 10) atteint 27,5 m de long pour 5,5 à 7,5 m de large, les deux autres respectivement 23,5 m (str. 150) et 19 m (str. 270) de longueur.

3Tous ces bâtiments ne sont pas contemporains; l’analyse préliminaire du mobilier en particulier céramique permet d’avancer l’hypothèse de deux ou trois phases ; on a recensé des techniques et une organisation des décors tout à fait représentatifs et classiques pour le groupe de VSG, avec l’utilisation de peigne de deux à six dents, exclusivement en impressions pivotantes, des triangles incisés sous le rebord, des guirlandes concentriques réalisées au peigne ou, plus exceptionnellement, au trait incisé, les classiques incisions en arête de poisson, ou les pincements en V entre anse et rebord. Mais, pour la seconde fois en vallée de Marne, une phase récente du VSG est attestée, caractérisée entre autres par des décors plastiques de cordons en relief rapportés, combinés avec de gros mamelons rapportés sous le bord, parfois aplatis (un premier site très érodé avait été localisé en 1993 à Méry-sur-Marne, un troisième site vient d’être identifié à Coupvray, voir infra).

4On peut relever certains caractères originaux dans le mobilier, en particulier l’extrême rareté des bracelets (deux fragments en schiste, deux en calcaire et trois en céramique) ; la rareté dans certaines fosses d’une industrie lithique sur silex tertiaire, alors qu’elle est assez abondante sur silex secondaire, est d’autant plus étonnante que la variation de proportion ne recouvre pas la sériation chronologique provisoire du site. Cela pose le problème de la connaissance des gîtes voisins de tertiaire (Jablines, le Haut Château ; Coupvray, les Chauds Soleils) pour la phase ancienne de Vignely (plus ancienne que Jablines ?), et surtout celui de l’accès au gîte et des relations avec le site de Jablines, la Pente de Croupeton, producteur de lames en silex tertiaire, pour les étapes plus récentes.

5Le site a livré également 34 sépultures, auxquelles il faut ajouter une sépulture collective du Néolithique récent. 29 sont simples, 4 sont doubles, 1 est triple, enfin 1 doit être qualifiée de « complexe ». Ces sépultures présentent une variabilité importante de la position des corps (18 repliés, 17 allongés, 1 assis et 7 dont la position n’a pu être déterminée), des rituels funéraires (corps inhumés en pleine terre, déconnexions anatomiques et « effets de parois » indiquant l’existence de parois en matière périssable et une décomposition en milieu non colmaté), de la profondeur des fosses. Une dizaine seulement d’entre elles a livré du mobilier funéraire qui suggère une attribution culturelle au groupe de VSG pour deux d’entre elles (céramique, ocre, collier en coquilles fossiles) et à la culture de Cerny pour les autres, dont :

  • la sépulture 197, allongée, qui occupe une position particulière à la pointe orientale de la nécropole. Orientée sud-est – nord-ouest, elle était richement parée, au niveau des bras de six bracelets ou fragments en défenses de sanglier, et accompagnée d’un objet façonné sur andouiller en bois de cervidé portant deux profondes rainures rectilignes (fig. 2 : photo de couverture du BSR Île-de-France 1993 : Vignely – La porte aux Bergers) ;

Fig. 2 – Sépulture néolithique avec parure en dent de sanglier et outil en bois de cerf, culture de Cerny

Fig. 2 – Sépulture néolithique avec parure en dent de sanglier et outil en bois de cerf, culture de Cerny

Cliché : C. Valero (Afan).

  • la sépulture 180 renfermait un allongé orienté sud-est – nord-ouest accompagné d’une lame et d’un éclat en silex tertiaire, d’un fort tranchet, d’une petite herminette en roche tenace, d’un grand ciseau sur os de cervidé et surtout d’un objet anthropomorphe façonné sur omoplate de bovidé, annonçant les spatules anthropomorphes de Balloy et de Passy/Yonne ;

Fig. 3 – Sépulture 180, objet anthropomorphe (statuette ?), culture de Cerny

Fig. 3 – Sépulture 180, objet anthropomorphe (statuette ?), culture de Cerny

DAO : M.-F. André.

  • la sépulture 257 d’un très jeune enfant se singularise à la fois par la morphologie de la fosse, circulaire, par la position assise du corps, le regroupement des os impliquant l’existence d’une sorte de sac en matière périssable, enfin par un riche mobilier :
    • devant le crâne, une mini-gaine de hache perforée en bois de cervidé ;
    • sous le crâne et autour du cou, les éléments d’un collier constitué d’une cinquantaine de craches de cerf perforées et d’une pendeloque zoomorphe (on y reconnait une tête d’oiseau) très finement façonnée sur axis de loup ;
    • quatre vases décorés accompagnaient le corps. Les décors de cet ensemble clos sont typiques de la culture de Cerny, faciès dit éponyme, en fait phase probablement ancienne de cette culture.

6La datation de plusieurs tombes est délicate, dans la mesure où le mobilier et les éléments du rituel peuvent suggérer une attribution aux deux groupes culturels. S’agissant d’assemblages mobiliers clos, on peut alors se demander si ces quelques tombes n’illustrent pas une transition VSG récent / Cerny ancien. Deux autres tombes repliées, qui étaient accompagnées l’une d’une hache polie, l’autre d’un dépôt constitué d’un ciseau poli, d’une hache taillée et d’une ébauche, enfin d’un poinçon et d’une aiguille en os, sont probablement plus récentes (Néolithique moyen II ?). La première d’entre elles a été moulée.

7À l’extrémité orientale du site existe une structure fossoyée (str. 173) ressemblant beaucoup à celles fouillées à Passy (Yonne) et Balloy (Seine-et-Marne) ; deux sépultures très érodées dépourvues de mobilier étaient déposées en position axiale dans la structure (dont l’extrémité orientale a semble-il été réutilisée au Bronze final, avec l’enfouissement d’une incinération en urne). Ces monuments sont rarement isolés : malheureusement, toute la terrasse alluviale à l’est du site a été anciennement détruite par les sablières, de sorte qu’on ne pourra savoir si ce monument appartenait à une nécropole. Une seconde structure, plus ovalaire (str. 210) appartient probablement à l’occupation protohistorique.

8Une sépulture collective de dimensions modestes (6 × 2,5 m), orientée est-ouest, présente une architecture en matière périssable fondée sur forts trous de poteau en tranchées de fondation à l’est et à l’ouest ; aucune structure excavée n’existe sur les longs côtés nord et sud, qui sont par contre prolongés par deux antennes vers l’ouest. Elle a livré une dizaine d’individus, la plupart en connexion, répartis en deux zones de dépôt : trois individus allongés au nord, quatre repliés et trois disloqués au sud. Le mobilier est abondant : dépôt de deux vases du Néolithique récent, neuf armatures de flèche tranchantes accompagnées de quatre pointes en os (carquois ?), un collier de neuf perles en tôle de cuivre ; des pendeloques dont une dent d’ours, une dent de cheval et une turritelle appartiennent à un même ensemble.

9L’étude du site de Vignely contribuera probablement à la compréhension des changements structurels importants perceptibles à la fin du Néolithique de tradition danubienne dans le Bassin parisien, qui ont été largement soulignés au cours du récent colloque de Nemours sur la culture de Cerny.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan général du site
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/171558/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 676k
Titre Fig. 2 – Sépulture néolithique avec parure en dent de sanglier et outil en bois de cerf, culture de Cerny
Crédits Cliché : C. Valero (Afan).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/171558/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1021k
Titre Fig. 3 – Sépulture 180, objet anthropomorphe (statuette ?), culture de Cerny
Crédits DAO : M.-F. André.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/171558/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 209k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Yves Lanchon, Pierre Allard, Marie-France André, Françoise Bostyn, Paul Brunet, Philippe Chambon, Françoise Lafage, Yvon Praud et Carlos Valero, « Vignely – La porte aux Bergers » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 05 décembre 2024, consulté le 06 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/171558

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