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Année de l'opération :
1994Sujets :
habitat, habitat rural, villa, pars urbana, pars rustica, établissement de bain, thermes privés, mur, espace de circulation, galerie, poterie, céramique romaine, céramique gallo-romaineChronologie :
Protohistoire, âge du Fer, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romainNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Département des Yvelines
Texte intégral
1Entamée par J.-C. Chatain et le club Histoire et Archéologie de Richebourg en 1987, l’exploration de la villa gallo-romaine de la Pièce du Fient a pris en 1994 une nouvelle orientation. Une campagne de fouille programmée de deux mois, menée sous la responsabilité d’Yvan Barat par une équipe du service archéologique départemental des Yvelines, a permis de dresser un nouveau tableau plus satisfaisant de l’architecture et de l’évolution de cette exploitation rurale.
2La villa est construite dans les débuts du iie s. sur l’emplacement d’un établissement laténien et d’un établissement du ier s. De ces derniers, fort peu de choses nous sont connues : un horizon d’occupation avec traces de foyer et de cendres, accompagné de céramique modelée, d’amphores républicaines Dressel 1a et 1b et de quelques potins ; puis des traces de sols et un solin, avec un peu de sigillée de Gaule du sud et de céramique régionale dite « noire à pâte rouge ».
3Entre la fin des Flaviens et les premiers Antonins, une première villa est donc bâtie en maçonnerie. Quasi intégralement dégagé, le bâtiment d’habitation (pars urbana) est pour l’heure le mieux connu. Il se présente sous la forme, classique en Gaule du Nord, d’un édifice rectangulaire à galerie de façade encadré de deux petites ailes latérales. Les murs, en moellons à peine équarris, sont de bonne qualité et profondément fondés dans le terrain argileux (en moyenne 1,20 à 1,50 m de profondeur depuis les sols). L’organisation interne montre deux grandes pièces latérales encadrant un groupe de trois petites chambres desservies par un corridor coudé depuis la galerie de façade. Ces pièces sont aménagées avec sols de béton et graviers posés sur un solide radier en hérisson. Au pignon ouest, un petit réduit rectangulaire (fig. 1, no 20) vient rompre la symétrie extérieure et évoque une cage d’escalier et un étage. La galerie de façade devait être à claire voie sur une colonnade dont quelques fragments de tambours et de chapiteaux ont été découverts. Au chapitre décoration, nous pouvons ajouter de nombreux éléments d’enduits peints et surtout, dans le balnéaire, des corniches de stucs moulés, avec oves, rinceaux et rais-de-cœur.
Fig. 1 – Villa gallo-romaine de La Pièce du Fient, proposition d’évolution de la pars urbana entre le iie et la fin du iiie s.
1, début du iie s. ; 2, seconde moitié du iie s. ; 3, iiie s.
DAO : Y. Barat (SADY).
4L’aile orientale (fig. 1, no 11) est ensuite réaménagée pour servir de bains. Les murs sont chemisés d’un nouveau parement de pierres enduit de mortier de tuileau, la pièce munie d’un chauffage par hypocauste (deux pilettes étaient restées en place) avec évacuation par soupiraux. Ce balnéaire primitif semble n’avoir donné que peu de satisfaction puisqu’il est rapidement détruit et remplacé par un autre complexe plus ambitieux. Inscrits dans un quadrilatère de 9 × 5,50 m, ces bains sont au nombre de deux, chauffés encore par hypocauste, depuis un petit praefurnium (fig. 1, no 8). Dans la plus petite pièce de bain (fig. 1, no 9), les pilettes et une partie de la suspensura et des sols étaient encore conservés le long des murs.
5Dans le praefurnium, une petite murette latérale de briques et de tuiles évoque un plan de cuisson (« potager ») et l’utilisation conjointe de cette pièce en cuisine. Enfin, un nouvel édicule (fig. 1, no 12) est installé contre le balnéaire à l’est. Il semble s’agir ici d’une construction en bois ou argile sur solin de maçonnerie, au demeurant fort soignée.
6Probablement à la même époque, une longue galerie (fig. 1, no 21) est construite sur la face arrière de l’habitation, terminée à l’ouest par une abside. Devant la galerie de façade s’étendait une cour où la présence de terre végétale scellée par les remblais de destruction, des tronçons de voirie et des pots de terre cuite servant à la transplantation, suggèrent très fortement une zone de jardins encore bien conservée. Cette constatation accroît l’intérêt du site étant donnée notre mauvaise connaissance de ce type d’aménagement, excepté les spectaculaires recherches menées à Pompéi ou les jardins de la villa romano-britannique de Fishbourne.
7Les bâtiments d’exploitation (pars rustica) ont fait l’objet d’une première évaluation. Bien préservés (élévation, sols et stratification interne encore en place), ils semblent ne pas faire l’objet d’un plan bien précis et évoquent plutôt les villae dites « à plan épars ». Pour autant, ils sont assez densément répartis et la quantité de murs s’enchevêtrant sur une faible surface n’en facilite pas la compréhension. Dans cette première phase, au moins deux (trois ?) étapes de construction sont perceptibles.
8Vers le début du iiie s., l’ensemble des bâtiments parait être incendié et la majeure partie de la pars rustica est rasée, tandis que l’habitation est sérieusement remodelée. Ces nouvelles constructions, plus sommaires que les précédentes, récupèrent une grande part d’anciens matériaux, très souvent brûlés. Ce remodelage se manifeste tout d’abord par un vaste mur d’enceinte, reflet peut-être d’une insécurité latente. Dans la pars urbana, plusieurs petits murs de refend subdivisent certaines pièces. Contre les bains, deux petits réduits sont aménagés. Surtout, la galerie (fig. 1, no 21) à abside est détruite et laisse la place à un long corridor, appuyé sur le mur d’enceinte et se terminant à l’est sur une profonde citerne carrée.
9Dans les ruines de la pars rustica s’installe un nouvel édifice carré. Celui-ci s’ouvre au nord sur une voie dallée, encadrée de deux petits « pavillons » d’entrée, supportant peut-être un porche. De telles constructions sont fréquentes en Gaule du Nord et du Centre, diversement interprétées comme : logements d’ouvriers (ou d’esclaves !), remises, granges, entrepôts, etc. Leur fonction essentiellement agricole ne semble en tout cas pas poser de problèmes. La pièce principale, excavée, connaît plusieurs sols successifs, le dernier état connu étant lié à une structure de chauffe particulière, encadrée par une rangée de poteaux. Il s’agit d’une chambre dallée de tuile, entourée d’une double cloison. Cette dernière donne sur un foyer extérieur. De telles structures ont été souvent rencontrées en Gaule romaine et il semble qu’on puisse y voir des séchoirs à grains ou des fumoirs à viande (Augst, Mathay-Mandeure). À Richebourg, les prélèvements effectués sous les dalles ont permis de reconnaître des céréales carbonisées (blé nu et orge).
10L’ensemble de cette dernière phase livre un abondant matériel céramique attribuable à l’atelier de La Boissière-École, situé à une quinzaine de kilomètres au sud et actuellement daté du iiie s. Contemporain aussi, l’important échantillonnage monétaire livrant un monnayage des usurpateurs gaulois et des imitations radiées de la fin du iiie s. C’est à cette même date que doit se placer l’abandon définitif du site, si l’on excepte trois tessons attribuables au Bas-Empire et qui sont peut-être relatifs à de ponctuelles récupérations de matériaux.
Table des illustrations
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| Titre | Fig. 1 – Villa gallo-romaine de La Pièce du Fient, proposition d’évolution de la pars urbana entre le iie et la fin du iiie s. |
| Légende | 1, début du iie s. ; 2, seconde moitié du iie s. ; 3, iiie s. |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/171793/img-1.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 308k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Yvan Barat, « Richebourg – La Pièce du Fient » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 05 décembre 2024, consulté le 10 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/171793
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