Villepinte – Le Bel Air, La Voye des Prés
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Année de l'opération :
1994Sujets :
habitat, habitat rural, nécropole, fosse, bâtiment agricole, silo, sépulture, tombe en pleine terre, four, four domestique, installation hydraulique, réservoir, citerne, puits, cave, tubulure, métier à tisser, industrie lithique, poterie, céramique médiévale, artisanat, travail des peauxLieux :
France métropolitaine, Île-de-France, Département de Seine-Saint-Denis, Villepinte (Seine-Saint-Denis)Chronologie :
Préhistoire, Néolithique, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, époque médiévaleNature de l'opération :
fouille préventivePlan
Haut de pageTexte intégral
1Le site de Bel Air a été découvert lors des travaux d’aménagements d’une butte antibruit le long de l’autoroute A104. La vallée du Sausset et un chemin antique allant d’Aulnay-sous-Bois à Dammartin-en-Goële ont généré de nombreuses implantations humaines. La Préhistoire puis la période gallo-romaine sont bien représentées, le haut Moyen Âge et le début du Moyen Âge verront se développer de nombreuses implantations qui donneront lieu à sept fouilles de sauvetage urgent ou sondages sur la quinzaine de sites répertoriés. Dans ces conditions une surveillance assidue a permis cette découverte et la fouille qui a suivi.
2Trois périodes ont été observées dès le décapage archéologique.
Le Néolithique
3Avec des éléments lithiques : débitage et outils (grattoirs). Aucune structure n’est apparue à la fouille.
L’époque gallo-romaine
4Plusieurs structures ont été fouillées contenant un abondant matériel céramique. Ont été identifiés :
- un puits appareillé ;
- deux fours et leur cendrier ;
- une cave de petite dimension comportant dans un angle un dispositif de calage pour une poterie ou une vannerie sur un sol bien aménagé d’une couche de sable de Beauchamp recouvrant le Marno calcaire de Saint-Ouen ;
- un fossé limitant le site dans sa partie nord ;
- plusieurs silos ;
- une fosse profonde à paroi verticale, assimilée à un dispositif de recueil des eaux (citerne) ;
- plusieurs fosses indéterminées.
5Ces structures bien groupées à la limite sud du décapage impliquent la présence d’un habitat gallo-romain, daté par la céramique des ier et ives., sous la parcelle non affectée par la fouille et les propriétés voisines. La présence de fragments de tubuli et de nombreux morceaux de dalles de calcaire sciées indique un bâtiment sur hypocauste.
6Le matériel recueilli se résume en des tessons de céramiques communes et sigillées, cruches, mortiers, etc. Quelques clous, une perle en verre, deux épingles en os et le manche d’une cuillère à fard termineront l’inventaire pour cette époque.
7Quelques tessons de céramique indigène ont été recueillis. Il pourrait y avoir eu une occupation antérieure d’un siècle à celle que nous avons pu observer.
Le haut Moyen Âge
8Après plusieurs siècles d’interruption, le site du Bel-Air sera à nouveau occupé. À partir du ixe et jusqu’au début du xiie s. va se développer un habitat rural et artisanal avec toutes les structures annexes liées à ces deux activités.
La partie domestique et agricole
9Elle est caractérisée par :
- les habitats de surface. Trois ont été repérés avec des dimensions de 3,50 x 9 m et 4 x 11 m et 9,50 x ? m ;
- les silos de grain (plus de soixante fouillés) avec des dimensions allant de 0,5 à 4 m3 ;
- les fours domestiques et aire de cuisson ;
- un puits non appareillé ;
- un cellier avec dispositif d’accès taillé dans un angle de la fosse ;
- les fossés, dont un particulièrement, marquent les limites de l’habitat et son entrée par un dispositif en antennes intérieures ;
- de multiples trous de poteau et fosses diverses.
La partie artisanale
10Elle nous est apparue petit à petit à la faveur des structures découvertes et des objets recueillis. C’est tout d’abord un ensemble de fosses profondes et identiques, satellite d’une cabane excavée à trois trous de poteau, puis la présence de fossés terminés en partie basse par des fosses surcreusées destinées à retenir et conserver les eaux de pluie, ou encore l’utilisation de nombreuses grosses pierres chauffées et retrouvées en fond de structure, et enfin la découverte d’un nombre important, plus d’une centaine, de cornillons de bovidé qui nous amenèrent à conclure à un artisanat du cuir sur le site.
11En effet cet artisanat nécessite de grandes fosses où l’humidité est maintenue constante pour qu’un tannage lent puisse s’effectuer. La cabane à trois trous de poteau est adaptée au travail des peaux tendues sur un bâtit vertical ; la découverte de poinçons et de passe-lacet en os confirme cette hypothèse. Une hache néolithique ainsi qu’un galet de grès finement polis et présentant un lustré particulier ont pu servir au travail du cuir dans les phases d’écharnage ou de glaçage des peaux.
12À l’écart et à l’extérieur de la zone artisanale, un fond de cabane à deux trous de poteau et deux trous médians marque la présence d’un métier à tisser. Ceci est confirmé par la découverte de fusaïole, broche en os et lissoirs en verre.
13La céramique est typique de l’époque carolingienne avec des pâtes granuleuses, certaines ornées de flammules, et une céramique de luxe dite « rouge peinte » à surface lissée (ixe s.). Les formes fermées, pots à cuire, cruches à becs tréflés, à goulots pontés dominent largement le mobilier culinaire. Aux xe, xie et début xiie s., la céramique est caractérisée par des vases globulaires en pâte finement rugueuse et jaunâtre, crème ou blanche à lèvre plate, demi-ronde passant progressivement au début du xiie s. à des lèvres en bandeau. Trois lampes en terre cuite ont été découvertes.
14Le matériel métallique est relativement important pour un site de cette époque. La présence de nombreux couteaux peut s’expliquer par l’activité du cuir et les utilisations domestiques traditionnelles. Un fer de bêche, deux fers à chevaux, la pointe d’un soc de charrue, et une sonnaille caractérisent les activités agricoles et pastorales du site. Les nombreux clous découverts dans les structures du haut Moyen Âge proviennent probablement de l’habitat gallo-romain tout proche ainsi que tous les éléments de réemplois ou erratiques (tessons de céramique, fragments de meules, tegulae et imbrices, dalles calcaires et moellons).
15La présence d’une nécropole découverte lors de l’aménagement d’un pont franchissant l’autoroute en 1973 n’a pas donné lieu à des observations effectuées par des archéologues. Cependant les déclarations des témoins oculaires et leurs recoupements nous permettent de conclure au lieu d’inhumation des habitants du site (proximité relative de l’habitat, inhumation en pleine terre, sans dépôt funéraire, enfants et adultes, inhumations orientées est-ouest, tête à l’ouest).
16La découverte et la fouille de ce site confirment l’exceptionnelle densité des implantations humaines situées entre Tremblay-en-France et Villepinte. Le paysage actuel évolue rapidement en raison des nombreux aménagements effectués. Une vigilance de chaque instant est nécessaire pour éviter un casse archéologique d’importance.
17Nous remercions le SRA et les propriétaires du terrain pour le temps et l’espace consentis, un échantillonnage ou un simple sondage n’aurait pas permis de comprendre l’essentiel des activités de ce site.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Ensemble des deux fours |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/172008/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 669k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Henri Proux, Jean-Pierre De Régibus, « Villepinte – Le Bel Air, La Voye des Prés » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 05 décembre 2024, consulté le 11 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/172008
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