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1994
95 – Val-d’Oise

Liaison routière Cergy-Roissy, Francilienne, RN 184 / A1

Diagnostic (1994)
Responsable d’opération : François Gentili
Notice rédigée avec Jean-Marc Gouédo et Franck Suméra

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Afan

Texte intégral

Présentation générale de l’opération

1De par l’ampleur des travaux (plusieurs passages à quatre voies et nombreux ouvrages d’art et échangeurs) la liaison Cergy-Roissy peut être assimilée à une opération archéologique de type grands travaux autoroutiers avec environ 300 ha concernés sur un tracé de l’ordre de 22-23 km quand bien même son statut est de type « voie expresse » et non d’autoroute stricto sensu. La liaison Cergy-Roissy (LCR) est l’un des éléments constitutifs de la Francilienne, troisième et dernière rocade de l’Île-de-France après le périphérique de Paris et l’A86. Cette opération LCR relie la RN 184 à la hauteur du village de Villiers-Adam à l’autoroute A1 et ne concerne que le département du Val-d’Oise. Le tracé peut se diviser en deux sections, séparées par une troisième (courte) section aux travaux déjà réalisés et qui n’a pas fait l’objet d’intervention archéologique approfondie.

2La première section, dite « section occidentale » (partie ouest du tracé, regardant vers Cergy), se décompose en deux tronçons. Le premier (RN 184 à la Ferme du Fayel) est un tracé d’environ 4 km en chaussée neuve. Les opérations archéologiques n’y ont pas encore démarré. Le second tronçon (Ferme du Fayel à La Croix verte – RN 1) est un doublement de la chaussée existante sur une longueur d’environ 3 km qui, lors de son aménagement dans les années 1980 (alors dénommée RD 9), ont permis à R. Guadagnin et à son équipe d’intervenir sur les sites d’habitats médiévaux de Baillet-en-France, La Vieille Église, et de La Tène à Baillet-en-France, La Voirie du Cercelet. Sur ce second tronçon de la LCR, un diagnostic seulement, réalisé par F. Suméra sur le site de La Voirie du Cercelet, a révélé une nécropole à incinération ; la fouille interviendra en 1995 (voir infra, F. Suméra).

3La section centrale, terminée en 1994, concerne toujours le doublement de chaussée de l’ancienne RD 9, sur environ 4 km, reliant La Croix verte à Villiers-le-Sec. Une surveillance archéologique légère y a été effectuée par l’association JPGF sous la direction de R. Guadagnin, secteur déjà surveillé par les mêmes acteurs au moment des travaux ci-dessus mentionnés de la RD 9.

4La section « orientale » (en direction de Roissy), qui représente environ 70 % du tracé pour 30 % à la section occidentale (la partie centrale n’étant pas comptée), se développe en tracé neuf sur environ 16 km. Cette section relie Villiers-le-Sec à Roissy, au niveau de l’autoroute A1, et se décompose en deux tronçons de longueurs similaires.

5Le premier tronçon, de Villiers-le-Sec à Fontenay-en-Parisis, a fait l’objet d’une campagne de sondages (diagnostic) sur environ la moitié de son assiette. Cinq sites sont concernés dont l’habitat, essentiellement du haut Moyen Âge, de Villiers-le-Sec, La Place – Les Arpents, fouillé partiellement dans les années 1980 par R. Guadagnin et l’association JPGF toujours dans le cadre de l’aménagement de la RD 9. La reprise de cet important site (objet de l’exposition Un village au temps de Charlemagne, musée ATP) est prévue lors d’une fouille préventive sur une large superficie et constituera l’une des opérations majeures de la LCR (voir infra, F. Gentili).

6Sur le dernier tronçon (Fontenay-en-Parisis à Roissy-A1), les opérations archéologiques ne devraient pas commencer avant 1996, tout comme pour le tronçon le plus occidental. De manière générale, les interventions archéologiques suivent l’ordre d’avancement des travaux routiers qui partent de la section centrale réalisée pour s’en éloigner (mouvement centrifuge).

7C’est au total six sites archéologiques qui ont fait l’objet d’un début d’intervention en 1994 correspondant à un traitement (de diagnostic) d’environ 18 % du total de l’assiette du projet.

8En 1993-1994, l’opération LCR a fait l’objet de montages spécifiques, tronçon par tronçon, compte tenu de la nature et des états d’avancement différents des travaux (tracé en cours de réalisation, doublement de voie existante, tracé neuf) et de diverses contraintes non archéologiques. L’opération sera « globalisée » en 1995, liée à l’établissement d’une convention-cadre, plus conforme à l’esprit et aux pratiques de l’archéologie des grands travaux. Il sera ainsi mis en place une « cellule Coordination » conduite par F. Gentili de l’Afan Centre-Nord et par F. Suméra du service départemental d’archéologie du Val-d’Oise.

J.-M. G.

Tronçon Villiers-le-Sec / Fontenay-en-Parisis

Présentation générale

9Le tronçon Villiers-le-Sec / Fontenay-en-Parisis traverse la plaine de France d’ouest en est sur une longueur de 8 km soit une superficie d’environ 120 ha, compte tenu de la présence de plusieurs échangeurs. Il se situe dans une zone densément prospectée par l’association JPGF de Villiers-le-Bel.

10Trois sites étaient déjà repérés sur l’emprise : c’est notamment le cas des sites gallo-romains de la Haie rapine et des Rôtis à Mareil-en-France et du village du haut Moyen Âge de Villiers-le-Sec. Ce dernier, partiellement fouillé en 1981-1987 à l’occasion des premiers travaux routiers, est maintenant situé à l’emplacement d’un vaste échangeur du futur aménagement.

11Une campagne de sondages a débuté le 2 novembre 1994 et a porté sur près de la moitié du tracé, soit en surface environ 55 ha. La méthode employée est celle des sondages systématiques en quinconce, d’une longueur et d’un espacement de 20 m équivalent à une ouverture de 5 % des parcelles considérées. À ceux-ci s’ajoutent des sondages profonds plus ponctuels destinés à tester le potentiel paléolithique.

12Les sondages ont commencé sur l’échangeur de Villiers-le-Sec, à l’emplacement du site fouillé de 1981 à 1987. Sur les 11 ha sondés, 7,5 environ se révèlent positifs avec 260 structures découvertes montrant l’ampleur de l’agglomération carolingienne dont la fouille a débuté en mars 1995.

13Les sondages ont mis en évidence quatre autres sites protohistoriques et gallo-romains dont deux n’étaient pas connus précédemment et un troisième partiellement connu malgré l’importance des prospections de surfaces menées dans ce secteur.

14Le site de Mareil-en-France, Les Rôtis (site protohistorique et gallo-romain) (0,4 ha), a été traité en priorité compte tenu de l’urgence des travaux (emplacement d’un ouvrage d’art) (évaluation décembre et fouille en janvier 1995). On notera également la découverte d’incinérations gallo-romaines à Fontenay-en-Parisis, Champ feu Gauthier. Celles-ci, ainsi que le site protohistorique de La Justice et le site protohistorique et gallo-romain de La Couture-La Lampe à Fontenay-en-Parisis ont été évalués en février 1995. La seconde moitié du tronçon sera sondée à partir de l’été 1995 et l’essentiel des travaux portera jusque-là sur les sites déjà repérés, avec principalement la fouille du village du haut Moyen Âge de Villiers-le-Sec.

F. G.

Mareil-en-France, Les Rôtis

15L’aménagement d’un rétablissement de route couvrant une superficie d’environ 1 ha, à proximité immédiate d’un site gallo-romain repéré en prospection pédestre par M. Guadagnin, a été précédé d’un diagnostic et d’une évaluation archéologiques. La fouille, limitée à une surface d’un demi-hectare, a mis au jour deux extrémités d’enclos s’orientant vers le site antique. Leur stratigraphie horizontale et le mobilier qu’ils contenaient ont permis de déceler au moins quatre grandes phases d’occupation. La première se traduit par la présence de fosses circulaires dont le diamètre varie entre 0,50 et 1 m. Leur comblement très cendreux est riche en charbons de bois et en nodules d’argile cuite. L’une comportait, à mi-hauteur de son remplissage, une sole d’argile rubéfiée attestant une fonction liée à l’usage du feu. En attendant sa datation par archéomagnétisme, et avant l’étude du matériel, aucun élément ne permet de situer avec précision ces structures dans la période protohistorique.

16Les fossés proches de la zone où étaient concentrées les fosses précédemment citées ne peuvent leur être rattachés a priori : à côté de quelques fragments de céramique non tournée, ils ont en effet livré un mobilier dont le spectre est assimilable à celui de la période augustéenne. La datation du premier enclos est plus claire. Il est constitué par un fossé orienté est-ouest, dont le tracé incomplet a été reconnu sur 80 m ; et par un deuxième fossé nord-sud, qui lui est perpendiculaire. L’un et l’autre ont un profil en V. Les tronçons fouillés contenaient des tessons du ier s.

17Le tracé du dernier enclos est irrégulier. Il semble avoir fonctionné au cours du iie et peut-être du iiie s. Il paraît s’inscrire dans la filiation de l’enclos précédent, qu’il recoupe d’ailleurs en deux endroits. Son interruption à l’extrémité ouest pourrait correspondre à un passage.

18Tirer un bilan scientifique d’une opération inachevée serait prématuré : l’emprise de la fouille, 3 550 m2, ne permet pas d’avoir une idée précise de l’organisation et de la nature réelle du site. Toutefois, elle confirme les résultats des prospections pédestres, affine la chronologie de l’occupation et permet l’étude de quelques structures intéressantes : les fosses protohistoriques évoquées plus haut, ainsi que deux ou trois fonds de cabanes gallo-romains non présentés ici. Sa justification est également de s’inscrire dans une démarche à long terme, qui implique la prévision de l’exploitation archéologique de la partie du site encore intacte.

F. S.

Tronçon La Ferme du Fayel – La Croix verte

19Des tranchées de sondages préalables aux travaux d’élargissement de la voie actuelle ont révélé au moins une incinération de La Tène ancienne, près du carrefour de La Croix verte. Le site avait été signalé et partiellement fouillé par M. Guadagnin en 1986, au moment de la construction de cette route.

20À l’issue des sondages, la décision a été prise de décaper l’ensemble de la zone. Les incinérations mises au jour seront prélevées en motte, les structures trop encombrantes par leur taille étant fouillées in situ avec le concours d’un anthropologue spécialiste de ce type de structures funéraires. Cette opération de sauvetage sera réalisée dans le courant de l’année 1995.

21L’assiette et l’organisation de la nécropole n’ayant pu être appréhendées, nous n’envisageons pas dans l’immédiat la fouille de ces incinérations. Cependant, le secteur est menacé par un projet de Zac. S’il se concrétisait, une intervention archéologique permettrait de mieux cerner la nature du site : l’étude anthropologique des incinérations prélevées devrait alors être envisagée.

22F. S.

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Pour citer cet article

Référence électronique

François Gentili, Jean-Marc Gouédo et Franck Suméra, « Liaison routière Cergy-Roissy, Francilienne, RN 184 / A1 » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 05 décembre 2024, consulté le 14 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/172263

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