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2011
62 – Pas-de-Calais

Thérouanne – Rue Saint-Jean, parcelle AB 171

Opération de diagnostic (2011)
Responsable d’opération : Benoit Leriche

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Texte intégral

1L’Inrap a procédé à un diagnostic sur l’emprise d’un projet de pavillon individuel sur la commune de Thérouanne.

2La zone concernée par le futur aménagement est située dans la partie sud de la ville médiévale (Vieille Ville), et plus précisément le long de la rue Saint-Jean. Le projet s’étend sur la parcelle AB 171 totalisant une surface de 650 m2. Quatre sondages ont été réalisées, représentant 108 m2, soit 17 % de la surface totale.

3Les sondages ont permis de repérer sous une cinquantaine de centimètres de terre arable et de remblais récents, les niveaux de destruction de la ville médiévale détruite par Charles Quint en 1553. Ces derniers recouvrent les tranchées de récupération de fondations, derniers vestiges de la ville.

Les vestiges de la ville médiévale

4La parcelle a révélé la présence sous les remblais de destruction de la ville des dernières constructions et aménagements de la cité médiévale.

5Outre les maçonneries en partie récupérées et identifiées dans les sondages, des espaces de circulation ont pu être mis au jour dans trois sondages sur quatre. Les relevés topographiques réalisés dans le cadre de cette opération permettent de donner une cote d’apparition des niveaux de sol à 41,65 m NGF en moyenne.

6Ces sols sont construits soit par un cailloutis de galets et de silex (SD2) qui rappelle les niveaux de voirie, soit par des blocs de grès quadrangulaires ou parallélépipédiques posés de chant (SD1 et 3) rappelant particulièrement les espaces publics (cour, place…).

7La présence des niveaux de sol dans les différents sondages pratiqués au sein de la parcelle nous permet de proposer l’hypothèse d’un emplacement dédié à la circulation urbaine, un type d’esplanade ou de place (SD1 et 3), mais l’idée d’une cour privative n’est pas à exclure. La présence d’un cailloutis de voirie dans le sondage 2 est à mettre en relation avec les observations archéologiques réalisées en 2008, par V. Devred, lors d’un diagnostic situé 50 m au nord de notre intervention. Les sondages avaient permis de mettre en évidence un cailloutis identique au sol dégagé dans le sondage 2, d’une dizaine de centimètres d’épaisseur. L’absence de mobilier archéologique n’avait pas permis de préciser sa période d’utilisation, mais les observations topographiques indiquent une cote d’apparition proche des découvertes faites lors de notre intervention (0,70 m sous le niveau de sol actuel).

8Le mobilier archéologique récolté et associé à ces aménagements apporte de précieux renseignements chronologiques sur la phase d’utilisation de ces espaces. Les tessons de céramique retrouvés sur les sols et dans les interstices placent chronologiquement une utilisation à la fin du xve et au début du xvie s.

L’occupation gallo-romaine

9Les sondages manuels réalisés lors de notre intervention ont permis de préciser l’épaisseur et la puissance stratigraphique du secteur sans pouvoir atteindre le substrat naturel. Sous les niveaux de préparation de sols médiévaux, il a pu être observé systématiquement des couches de remblais de démolition antiques, datées du milieu du iiie s. Ces observations ont été faites à deux reprises dans les sondages 1 et 3.

10Dans le sondage 1, le remblai 1038 vient sceller des niveaux de sols en terre battue et des aménagements en grès (plot ?) reposant sur une préparation calcaire. Les indices chronologiques présents dans ces niveaux d’occupation permettent de dater cette séquence de la fin du iie s. apr. J.-C. Des niveaux d’occupation plus anciens ont été observés directement sous cette première phase. Ils sont constitués d’une couche d’argile jaune compacte et rubéfiée dans laquelle s’installent de petites fosses quadrangulaires (?) datées du milieu iie s.

11Les mêmes séquences stratigraphiques et chronologiques ont pu être observées dans le sondage 3. La hauteur des niveaux archéologiques conservés sous le niveau de place 3010 atteint environ 1 m d’épaisseur, du remblai de destruction 3012 au niveau de sol en terre battue 3016, daté du iie s.

12L’ensemble des vestiges a été découvert dans de petits sondages qui ne permettent pas de réaliser une analyse spatiale du site et d’apporter avec certitude une interprétation des différents aménagements. La présence systématique de niveaux de circulation nous renseigne pourtant sur l’état de conservation du site et permet de supposer qu’il s’agit des restes d’habitats antiques, plus précisément d’un quartier urbain de la ville de Thérouanne au milieu du iie s. Cette interprétation s’appuie également sur des observations typologiques et chronologiques du mobilier céramique, qui regroupe une majorité de tessons de vaisselle de table (bol, coupe, gobelet…), de vases culinaires (cruche, mortier, pot à cuire…) et de stockage (amphore et dolium). Nous évoquerons également la présence d’un brûle-encens qui témoigne de la vie quotidienne et domestique.

13La présence d’un remblai de démolition daté du milieu du iiie s. rencontré lors de nos travaux confirme l’hypothèse d’une destruction importante de la ville à la fin du Haut-Empire observée à de nombreuses reprises lors de nos recherches archéologiques sur la capitale de cité des Morins. Ces niveaux de destruction témoignent d’un événement d’incendie, de démolition et d’abandon de certains secteurs de la ville antique.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Benoit Leriche, « Thérouanne – Rue Saint-Jean, parcelle AB 171 » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Hauts-de-France, mis en ligne le 05 décembre 2024, consulté le 16 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/174151

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Auteur

Benoit Leriche

Inrap

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Responsable d’opération

Benoit Leriche

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