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AccueilRégionsAuvergne-Rhône-Alpes202207 – ArdècheSerrières – Lieu-dit Marlet

2022
07 – Ardèche

Serrières – Lieu-dit Marlet

Fouille archéologique d’office (2022)
Responsable d’opération : Delphine Béranger

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Béranger D. 2024 : Serrières, Ardèche, Auvergne-Rhône-Alpes : Lieu-dit Marlet, rapport de fouille, Bron, Inrap.

Texte intégral

1L’intervention réalisée sur la parcelle AB 213, au lieu-dit Marlet, dans la commune de Serrières, est une fouille archéologique d’office, déclenchée dans le cadre d’une découverte fortuite de vestiges, au titre de l’article L531-14 du Code du patrimoine.

2Un bâtiment antique avec un vide-sanitaire constitué d’amphores complètes a été mis au jour lors du terrassement préalable à la construction d’une station d’épuration des eaux usées pour les communes de Limony et de Serrières (Ardèche). Cette découverte a été constatée sur place par le SRA, et les travaux ont été stoppés. La parcelle concernée par le permis de construire est d’une superficie de 7 920 m2, mais seuls 3 453 m2 sont impactés par le projet de station et ont fait l’objet d’un terrassement.

3Lors de l’interruption des travaux par le SRA, une grande partie de l’emprise du projet avait déjà été terrassée jusqu’à une profondeur d’environ 2 m, pour créer un premier bassin de décantation. Il restait une zone d’environ 1 000 m2 dans la partie est, avec des vestiges encore visibles, mais qui avaient été bien malmenés. Une petite fenêtre, de 300 m2 environ, en bordure nord-est de l’emprise, n’avait cependant pas encore été touchée.

4Lors du démarrage de la fouille, la surface de la parcelle est irrégulière et recouverte de vestiges : blocs, fragments d’amphores, fragments d’enduits peints, reliquats de maçonneries.

5L’aménagement d’un talus fait apparaître une imposante coupe stratigraphique d’environ 2 m de hauteur, avec une très forte densité de vestiges : nombreuses maçonneries visibles jusqu’à environ 2 m de profondeur, ainsi qu’un important niveau de destruction, empli de fragments d’enduits peints et de tuiles, avec des niveaux d’occupations qui s’intercalent entre tout ceci.

6Le vide-sanitaire apparaît alors en partie détruit : il reste des négatifs d’amphores visibles en place ainsi que des excavations signalant l’emplacement d’autres exemplaires. Le site a subi, par ailleurs, un pillage : deux amphores ont été prises illégalement avant notre intervention.

7La stratégie de fouille mise en place a dû s’adapter au contexte particulier de cette intervention, qui diffère d’une opération d’archéologie préventive classique. Un ramassage de tous les artefacts visibles en surface a donc été effectué, avant de décaper à nouveau l’emprise. C’est un total de trente caisses qui ont ainsi été remplies de fragments d’amphores.

8Dans la partie de 300 m2 non touchée par les travaux, le décapage a été réalisé de façon classique, en s’arrêtant sur le niveau d’apparition des vestiges. Sur la surface déjà creusée, il a consisté à enlever le sédiment perturbé pour se recaler sur des niveaux archéologiques intacts. La partie nord du site ayant déjà été fortement décapée par l’aménageur, une mise à plat a uniquement été faite.

9Le niveau de lisibilité des vestiges varie donc fortement sur l’emprise, avec une altitude qui oscille de 137,31 m NGF pour l’apparition des vestiges dans la partie sud, à 136,84 m NGF pour le sommet du vide-sanitaire, et jusqu’à 135,91 m NGF pour les maçonneries dans la partie nord, soit une différence d’altitude d’environ 1,40 m entre les vestiges, et, de ce fait, une vision nécessairement diachronique du site.

10Le plan du bâtiment antique conservé dans l’emprise, bien qu’incomplet, présente une forme rectangulaire, avec des dimensions d’environ 15 m de longueur nord-sud, pour une largeur d’environ 9 m est-ouest, ce qui permet d’estimer la surface visible à environ 135 m2.

11Les murs de façade nord-sud et est-ouest sont ponctués de quatre contreforts. À l’intérieur, dix maçonneries partagent l’espace en au moins onze pièces, dont une avec un vide-sanitaire encore partiellement conservé. Cinq structures en creux, contemporaines du bâtiment, apparaissent à l’extérieur, du côté est. Une structure est localisée à l’intérieur.

12Dans l’espace extérieur, deux maçonneries modernes, orientées nord-ouest – sud-est, sont visibles dans la partie sud de l’emprise, associées vraisemblablement à une fosse. Il y a également sept structures, dans la partie sud-est de l’emprise, qui n’ont pas été fouillées, et sans indices chronologiques.

13Cette opération a consisté principalement au relevé d’une imposante coupe de 20 m de long sur 2 m de hauteur, seule témoin des niveaux disparus. Des coupes et des sondages complémentaires ont également été réalisés pour parfaire les données stratigraphiques afin de tenter de restituer l’historique de cette occupation, qui apparaît riche, avec des vestiges bien conservés. La fouille manuelle a concerné uniquement les reliquats du vide-sanitaire ainsi que les lambeaux de deux niveaux d’abandon.

14Les niveaux archéologiques apparaissent ici sous un faible recouvrement, à environ 0,60 m sous le sol actuel (137,68 m NGF, coupe 3), et se développent sur une épaisseur cumulée d’environ 3,60 m.

15L’état des maçonneries laisse entrevoir le potentiel archéologique du site : avec une hauteur conservée, pour certaines, de 2,70 m, des plaques d’enduits peints sont encore en place, visibles contre l’élévation de 80 cm de hauteur.

16Le vide-sanitaire mis au jour est constitué, pour ce qui nous est parvenu, de 32 amphores complètes, retournées et installées dans un épais remblai. Les provenances sont diverses. Cet aménagement a été rendu nécessaire pour préserver les sols et les murs des pièces de vie des remontées d’humidité liées aux inondations du Rhône, tout proche. De nombreux niveaux alluvionnaires, dont certains s’intercalent entre des niveaux de sol, témoignent de cette dynamique sédimentaire.

17Cet ensemble semble avoir été occupé dès le milieu du ier s. apr. J.-C. et jusqu’au iiie s., puis une importante destruction intervient aux iiie-ive s. Quelques indices laissent entrevoir une ultime phase, sans doute ponctuelle, aux ive-ve s. Les éléments matériels ne nous permettent pas ici d’affiner la chronologie du site, notamment de déterminer des réaménagements du bâtiment durant cette longue période de fonctionnement.

18L’occupation mise au jour a livré de nombreux indices traduisant un niveau élevé de richesse : des enduits peints aux couleurs et motifs variés, des fragments de sols en terrazzo, des tesselles de mosaïques, des plaquettes en marbre, un ou plusieurs vides-sanitaires aménagés.

19Si la fonction de ce bâtiment ne peut être assurée de façon certaine (résidence de plaisance en bord de Rhône ou partie résidentielle d’un complexe agricole plus vaste), sa découverte vient, en tout cas, compléter les données sur ces établissements de la cité des Allobroges situés en bord du Rhône et le long de la voie antique Lugdunum-Nemausus. Enfin, en dépit du caractère lacunaire des données récoltées, qui s’explique par l’état du site au démarrage de l’intervention, cette opération a permis de mettre en lumière le potentiel archéologique de ce secteur du territoire de la colonie de Vienne.

Fig. 1 – Plan de localisation des vestiges par périodes

Fig. 1 – Plan de localisation des vestiges par périodes

Relevés topographiques : N. Saadi ; DAO : D. Béranger (Inrap).

Fig. 2 – Le terrain avant fouille

Fig. 2 – Le terrain avant fouille

Cliché : H. Jaudon (Inrap).

Fig. 3 – Plan de la villa en photogrammétrie

Fig. 3 – Plan de la villa en photogrammétrie

Photogrammétrie et DAO : C. Chatellier, D. Béranger (Inrap).

Fig. 4 – Les amphores du vide sanitaire

Fig. 4 – Les amphores du vide sanitaire

Cliché : C. Chatellier (Inrap).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan de localisation des vestiges par périodes
Crédits Relevés topographiques : N. Saadi ; DAO : D. Béranger (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/175867/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 704k
Titre Fig. 2 – Le terrain avant fouille
Crédits Cliché : H. Jaudon (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/175867/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 986k
Titre Fig. 3 – Plan de la villa en photogrammétrie
Crédits Photogrammétrie et DAO : C. Chatellier, D. Béranger (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/175867/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Fig. 4 – Les amphores du vide sanitaire
Crédits Cliché : C. Chatellier (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/175867/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 685k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Delphine Béranger, « Serrières – Lieu-dit Marlet » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 11 décembre 2024, consulté le 15 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/175867

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Auteur

Delphine Béranger

Inrap

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