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2023
26 – Drôme

Grane – Route de Loriol, prieuré de Grane

Opération préventive de diagnostic (2023)
Responsable d’opération : Avril Mauveaux

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Mauveaux A. 2024 : Grane, Drôme, Auvergne-Rhône-Alpes. Route de Loriol, prieuré de Grane, Rapport de diagnostic, Bron, Inrap.

Texte intégral

1L’ensemble des données à l’issue de ce diagnostic permettent une première approche du prieuré de Grane présentée par le biais de trois thématiques ou grandes périodes.

2La première concerne l’occupation funéraire du lieu, au Moyen Âge au moins. Rappelons que de probables sépultures plus anciennes ont possiblement été mises au jour, dans les années 1940, dans l’emprise de la magnanerie. Le diagnostic n’a pas permis de mettre en évidence cette éventuelle occupation funéraire antique mais la présence de la villa en marge de l’emprise diagnostiquée la rend très probable. En revanche, elle est effective dans une période comprise entre le dernier quart du ixe s. et la fin du xe s. au sud du prieuré, dans un espace de jardin figuré sur les plans du début du xixe s. La villa se développe ensuite, au cours des siècles, à l’est des bâtiments anciens et dans la cour du prieuré, puis, apparemment à l’est, mais aussi au nord et à l’ouest de l’église à l’époque moderne, si l’on se réfère aux représentations du cimetière au début du xixe s.

3Le diagnostic a permis d’attester cette occupation et d’en rendre la puissance stratigraphique, notamment avec les sondages 2 et 3 à l’est et au nord-est des bâtiments. Ce phénomène est à corréler avec le statut un peu particulier de la priorale, considérée, de tout temps, apparemment, comme une église paroissiale. Il permet également d’envisager le rôle, Clément Bonnefoi le définissant très précisément, « que le prieuré Notre-Dame-d’Andéa a pu jouer dans la mise en place du peuplement granois et de son habitat, cristallisant par le temps et les tombes familiales son rôle paroissial, non unique, mais fondamental. Les microstratifications de ce réseau paroissial interne à la paroisse de Grane pourraient voir en Andéa, et les autres prieurés, un relais sinon un rôle ancien, lié à l’habitat alto-médiéval du granois, alors polarisé autour de villae devenues, pour certaines apparemment, prieurés, pour d’autres, habitats intercalaires plus ou moins développés ».

Fig. 1 – Plan général du site

Fig. 1 – Plan général du site

Emprise du projet et implantation des sondages archéologiques.
Échelle : 1/500.

Relevé topographique : N. Saadi, P. Thiolas (Inrap).

4Le second axe concerne l’occupation antique, telle qu’on la perçoit à travers les sondages à l’ouest du prieuré (sondages 6, 11, 12 et 13). Le sondage 6, sans doute le plus évocateur, a permis d’observer les US 6.17 et 6.23. L’étude du mobilier céramique contenu dans ces US est homogène et permet de proposer l’hypothèse d’une première occupation, augustéenne, autour du changement d’ère, avec un terminus post quem autour de -15. Les tessons engobés de l’US 6.16 restent trop douteux pour assurer une occupation postérieure au ier s. mais cela reste envisageable.

5Le troisième axe concerne l’époque médiévale. Les résultats permettent d’entrevoir l’occupation du site aux abords immédiats du prieuré et de l’église. Les sondages 6, 9, 11, 12 et 13 fournissent des indications qui tendent plutôt à envisager une activité agricole dans cette zone (murets, solins, fosses), mais également une possible activité liée à la métallurgie du fer dans le sondage 9. Les sondages 9 et 13 révèlent également un débordement du cimetière vers l’ouest, au bas Moyen Âge, et dont la limite, matérialisée ou non, doit sensiblement se trouver entre l’emprise des sondages 13 et 12.

6Les sondages 1 et 3, à l’est et au nord, ont permis de retrouver le mur périphérique du cimetière ancien figuré sur les plans de 1812 et 1819 et attestent de sa limite ancienne, au moins pour le nord, puisqu’il n’a pas été repéré de sépultures dans les sondages 4 et 5, qui s’apparentent, en l’état, à des terres cultivées.

7Enfin, les observations sur le bâti suggèrent que l’aile est du prieuré puisse conserver, en élévation (Mr 100), des portions de maçonnerie anciennes, voire contemporaines de la construction de l’église au xiie s. Ces vestiges, formés d’arcatures géminées, évoquent une possible claire-voie de salle capitulaire, à l’est de la cour du prieuré (espace A). La confrontation de l’US 100.3, toujours sur la même façade, et des sondages 7 et 8 implantés à son pied dans la cour permet d’entrevoir l’hypothèse d’une galerie de cloître à l’est dès le xiiie s., au plus tôt.

Fig. 2 – Mr 100

Fig. 2 – Mr 100

A, façade est sur cour ; B, détail.
Échelle A : 1/100. Échelle B : 1/60.

Clichés : J. Boudry, G. Martin ; DAO : P. Rigaud (Inrap).

8L’aile sud du prieuré, et sa façade sud principalement, présentent une maçonnerie assez homogène, qui conserve le vestige des deux baies géminées, tendant à attribuer sa construction au xiiie s.

Fig. 3 – Mr 103, façade sud

Fig. 3 – Mr 103, façade sud

Échelle : 1/75.

Clichés : J. Boudry, G. Martin ; DAO : P. Rigaud (Inrap).

9Enfin, la tour ouest de l’église est visiblement une construction antérieure à l’église du xiie s. Une datation 14C pratiquée sur un échantillon de mortier lui fournit un terminus post quem compris entre la seconde moitié du viie s. et le dernier quart du ixe s. Quelle est la fonction de cette tour ? Est-elle à mettre en relation avec les sépultures les plus anciennes observées au sud du prieuré ? Est-ce le vestige d’un westwerk ? Ses origines sont-elles à chercher dans le monde laïc ou religieux ?

10Cette tour se compose de trois murs construits en petits moellons qui évoquent un possible réemploi antique formant un U, venant se plaquer contre une maçonnerie plus ancienne encore, à l’est. De cette maçonnerie, nous savons peu de choses. Elle est débordante de la tour vers le nord. S’agit-il des vestiges d’une église primitive ? Seules des observations plus approfondies permettraient d’élucider toutes les questions que soulève ce diagnostic du prieuré de Grane.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan général du site
Légende Emprise du projet et implantation des sondages archéologiques.Échelle : 1/500.
Crédits Relevé topographique : N. Saadi, P. Thiolas (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176007/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 959k
Titre Fig. 2 – Mr 100
Légende A, façade est sur cour ; B, détail.Échelle A : 1/100. Échelle B : 1/60.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176007/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Fig. 3 – Mr 103, façade sud
Légende Échelle : 1/75.
Crédits Clichés : J. Boudry, G. Martin ; DAO : P. Rigaud (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176007/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 3,1M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Avril Mauveaux, « Grane – Route de Loriol, prieuré de Grane » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 17 décembre 2024, consulté le 15 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/176007

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Avril Mauveaux

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