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AccueilRégionsAuvergne-Rhône-Alpes202338 – IsèrePontcharra – Rue Grignon

2023
38 – Isère

Pontcharra – Rue Grignon

Opération préventive de diagnostic (2023)
Responsable d’opération : Fabien Isnard

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Isnard F. 2024 : Pontcharra, Isère, Auvergne-Rhône-Alpes. Rue Grignon, Rapport de diagnostic, Bron, Inrap.

Texte intégral

1L’occupation du bourg de Grignon dans la commune de Pontcharra (Isère) est attestée par les archives au moins depuis le xe s. Ce hameau, constitué de quelques maisons implantées autour de son église, perdure pendant toute la période médiévale et moderne.

2Les quatre parcelles prescrites pour ce diagnostic, sur une surface de 2 262 m2, sont toutes positives archéologiquement. Les dix sondages pratiqués ont révélé une occupation antique et médiévale ainsi qu’un cimetière moderne transformé en jardin d’agrément.

Fig. 1 – Plan général du site en 2024, emprise du projet et implantation des sondages, relevés topographiques

Fig. 1 – Plan général du site en 2024, emprise du projet et implantation des sondages, relevés topographiques

Échelle : 1/500.

DAO : N. Saadi (Inrap).

Fig. 2 – Plan général du site par phases d’occupation, emprise du projet et implantation des sondages

Fig. 2 – Plan général du site par phases d’occupation, emprise du projet et implantation des sondages

Échelle : 1/500.

DAO : F. Isnard (Inrap).

3Un niveau d’occupation antique associé à des structures en creux a été identifié dans deux sondages. La concentration de nombreux trous de poteau et fosses met en évidence la présence d’un ou plusieurs bâtiments à structure légère sur poteaux porteurs. Il faut tout de même garder à l’esprit que, étant donné que les niveaux d’ouverture et de circulation ont été altérés par l’occupation médiévale postérieure, la datation de ces structures en creux reste sujette à caution et elles pourraient tout à fait correspondre à une installation postérieure.

4Quoi qu’il en soit, la présence de matériel céramique daté de 150-300 apr. J.-C. et de quelques éléments métalliques antiques confirme tout de même la réalité de cet horizon. Cette occupation ne serait, à ce moment-là, conservée que sous la forme d’une épaisse couche de démolition et d’abandon. La présence de la villa de Grignon fouillée en 1998 (Baucheron, Gabayet 1998), située à peine à 30 m du site, représente vraisemblablement une continuité de cette occupation. Cette villa, assez étendue, a perduré plusieurs siècles et a subi de nombreuses restaurations et restructurations. Comme il est suggéré à juste titre dans le rapport de fouille, l’église de Grignon pourrait avoir été fondée sur une partie de la pars urbana, selon un modèle bien connu dans le monde antique.

5À l’époque médiévale, l’église de Grignon est mentionnée pour la première fois dans le cartulaire C de Grenoble rédigé, pour l’essentiel, entre 1080 et 1132, lors de l’épiscopat d’Hugues de Châteauneuf (Le Coq 2015, p. 163-182). Ce hameau, constitué de quelques maisons implantées autour de son église, perdure pendant toute la période médiévale, avec de nombreuses archives y faisant référence. Les nombreux vestiges relevés dans les parcelles montrent une occupation dense pour cette période. De manière surprenante, ces parcelles ont été libres de toute construction durant les périodes postérieures, ce qui a assuré une conservation optimale de ces vestiges archéologiques. Sur les photos aériennes modernes, cet espace représente une enclave non construite au cœur du hameau de Grignon, entourée de bâtisses remontant à la période du bas Moyen Âge, comme la maison forte « des Terrail de Bernin » située à 30 m au nord-est, construite au début du xve s. par le frère de Bayard, et le manoir de Bernier construit à la fin du xvie s. Une étude poussée des archives permettrait probablement de comprendre l’origine de cette enclave.

6La datation du matériel céramique en corrélation avec des datations radiocarbones confirme une fourchette d’occupation qui se situe probablement entre le xe et le xiie s., voire jusqu’au xive s.

7Les vestiges conservés dans ces parcelles sont nombreux et denses, représentés par de nombreuses structures en creux, des indices de productions artisanales et de stockages de denrées, ainsi que des espaces de circulation. La densité des vestiges permet d’envisager une emprise fortement occupée par des installations rurales aménagées autour de bâtiments sur poteaux porteurs. La présence d’une probable forge, détectée grâce à la présence de quelques scories de fer, est envisagée, de même que la présence d’un espace de stockage en fosse-silo associé à des espaces de circulation.

8La présence de plusieurs sépultures, profondément enfouies et recoupées par des structures en creux profondes, montre une étape dans cette occupation médiévale. Les datations radiocarbone réalisées sur ces sépultures indiquent un recoupement des fourchettes à l’intérieur de l’époque médiévale classique. La présence d’un cimetière précoce associé à l’implantation de l’église de Grignon est donc envisagée, avant l’aménagement rural du hameau, lequel aurait réinvesti l’espace sépulcral assez rapidement par la suite.

9Une parcelle du diagnostic concerne les vestiges du cimetière paroissial de Grignon, dont l’église est attestée dès le xe s. et qui semble abandonné à partir des années 1900. Une partie de l’emprise prescrite se situe dans l’enceinte de la clôture du cimetière moderne. Les sépultures identifiées sont nombreuses et occupent densément cet espace. L’étude anthropologique a révélé la présence de onze fosses d’inhumation, qui présentent des différences dans les modes d’inhumation. Six structures se caractérisent par des inhumations individuelles orientées est-ouest, qui se recoupent pour certaines. La densité y semble plus importante et les niveaux d’inhumation plus nombreux. Au sud du cimetière, l’organisation sépulcrale est un peu différente. Les tombes se caractérisent par de très grandes fosses, assez larges et profondes, contenant des dépôts primaires et des restes en position secondaire provenant très certainement d’une utilisation sur un laps de temps assez long de ces fosses. Ce pourrait être l’expression d’un fonctionnement collectif, à la manière de caveaux ou de concessions bien définies. L’une des inhumations est datée entre 1673 et 1954. Il apparaît que l’espace funéraire s’étend entre les sondages et au plus près de l’édifice religieux actuel.

Fig. 3 – Sondage 2

Fig. 3 – Sondage 2

a, photogrammétrie zénithale de l’apparition de la sépulture SP 1010 ; b, vue zénithale de la sépulture SP 1010 fouillée ; c, coupe nord-ouest – sud-est de l’intégralité de la berme nord.

Clichés : F. Isnard (Inrap) ; DAO : N. Attiah (Inrap).

10L’occupation contemporaine concerne le réaménagement de l’espace sépulcral en jardin d’agrément dans le courant du xxe s., certainement aux alentours des années 1970. Le terrain est alors déblayé du marquage de surface des tombes modernes et remplacé par un espace vert agrémenté d’arbres. Plusieurs pierres tombales sont, à cette occasion, sauvegardées et disposées sur le pourtour intérieur du mur du cimetière ou sur le chemin d’accès à la propriété. Le reste a vraisemblablement été démoli et transporté dans un autre endroit. Ce remaniement de surface a été répertorié en profondeur dans les remblais, qui ont révélé la présence d’éléments de construction, de fragments de coffrages et de pierres tombales fracturées, ainsi que du mobilier moderne et contemporain associés à des ossements humains issus de tombes arasées. Une large fosse a vraisemblablement été pratiquée à l’occasion de ce remaniement au centre de cette parcelle, impactée à moitié par l’emprise du diagnostic.

11La transformation de l’espace funéraire en jardin d’agrément autour des années 1970 a engendré une disparition totale du cimetière de l’église de Grignon en surface.

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Bibliographie

Baucheron F., Gabayet F. 1998 : Un établissement agricole gallo-romain en Grésivaudan. Pontcharra-sur-Bréda, lieu-dit « Grignon », Rapport final de synthèse, Afan.

Le Coq A. 2015 : Hugues de Châteauneuf, évêque de Grenoble (1080-1132). Réforme grégorienne et pouvoir épiscopal entre Rhône et Alpes, Thèse de doctorat en histoire, Paris, université Paris-Est.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan général du site en 2024, emprise du projet et implantation des sondages, relevés topographiques
Légende Échelle : 1/500.
Crédits DAO : N. Saadi (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176564/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 625k
Titre Fig. 2 – Plan général du site par phases d’occupation, emprise du projet et implantation des sondages
Légende Échelle : 1/500.
Crédits DAO : F. Isnard (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176564/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 638k
Titre Fig. 3 – Sondage 2
Légende a, photogrammétrie zénithale de l’apparition de la sépulture SP 1010 ; b, vue zénithale de la sépulture SP 1010 fouillée ; c, coupe nord-ouest – sud-est de l’intégralité de la berme nord.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176564/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Fabien Isnard, « Pontcharra – Rue Grignon » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 13 janvier 2025, consulté le 07 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/176564

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Auteur

Fabien Isnard

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Responsable d’opération

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