Saint-Marcellin – 24-44 boulevard Gambetta
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Année de l'opération :
2023Numéro d’opération :
2214780Sujets :
fortification, rempart, bâtiment militaire, tour défensive, fossé défensif, cave, mortier de constructionNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Mauveaux A. 2023 : Saint-Marcellin, Isère, Auvergne-Rhône-Alpes. 24, 26-28, 30, 32, 36, 38, 40, 42, 44 boulevard Gambetta, Rapport de diagnostic, Bron, Inrap.
Texte intégral
1Le présent diagnostic porte sur une partie des petits immeubles îlot Gambetta construits en appui contre le rempart médiéval de la ville de Saint-Marcellin (fig. 1). La problématique scientifique visait à documenter la présence ou l’absence de cette fortification et à caractériser les vestiges de l’enceinte urbaine médiévale dans ce secteur.
Fig. 1 – Façades des immeubles sur le boulevard Gambetta

Vues depuis le sud-est.
Clichés : A. Mauveaux (Inrap).
2Les données issues des logs 9, 12, 13 et 16 (fig. 2) documentent la fondation du rempart que l’on retrouve constamment en partie haute des murs au nord-ouest des caves. Il s’agit d’une maçonnerie de gros galets et de blocs disposés de manière irrégulière dans la matrice argileuse et liés par un mortier très compacte et induré, riche en chaux, présentant des graviers et des inclusions gravillonneuses. La base des fondations du mur d’enceinte est comprise entre 278,87 m NGF pour l’US 9.1 et 279,75 m NGF pour l’US 13.1. On note, sur la portion comprise entre les logs 13 et 9, un pendage assez régulier de la base des fondations du nord-ouest vers le sud-est.
Fig. 2 – N-1, relevés des logs 9, 12,13,15 et 16

a, log 9 ; b, log 12 ; c, log 13 ; d, log 15 ; e, log 16.
Échelle : 1/20.
Clichés et DAO : A. Mauveaux (Inrap).
3En ce qui concerne les fondations de la tour au 36 faubourg Gambetta, elles ont pu être observées dans le mur nord-ouest de la cave (fig. 2, log 15), entre 279,08 m NGF et 279,73 m NGF. Cette US 15.2 se compose de gros modules de galets pluri-décimétriques et de quelques éclats liés par un mortier beige, compacte et granuleux, contenant des inclusions de gravillons et de cailloutis. Ce mortier, dont la matrice de chaux apparaît ici très recristallisée, fait partie des échantillons étudiés par Eymeric Morin. Son aspect diffère des autres prélèvements provenant des élévations de la tour (US 3.3 et US 5.2) et laisse envisager des campagnes de construction successives.
4Le log 14, localisé dans une portion non maçonnée et simplement excavée de la cave au 40 boulevard Gambetta, a permis d’obtenir une séquence du terrain naturel sur une hauteur de 2,20 m (US 1, 2, 3 et 4).
5Les données de ce log attestent du fait que le fossé ne bordait pas directement le rempart. Les tours sont élevées sur une terrasse de terrain naturel qui borde le pied du mur d’enceinte à l’extérieur, repoussant ainsi le tracé du fossé médiéval vers le sud-est.
6Quant à l’élévation du rempart, les observations menées lors de ce diagnostic ont permis d’établir sa présence, mais de manière laconique. Les sondages 1 et 2 (fig. 3) n’ont pas permis de mettre au jour les vestiges du rempart, si ce n’est dans l’angle ouest de l’immeuble, au 34 faubourg Gambetta, où le chaînage et la jonction de la tour et de l’enceinte ainsi qu’un potentiel lambeau de maçonneries du rempart sont conservés sur la droite (US 1.2).
Fig. 3 – 34 boulevard Gambetta, N.0

a, vue générale du sondage depuis l’est ; b, détail du sondage au sud-ouest vu depuis le nord-est ; c, photogrammétrie du sondage 1.
US 1.1, enduit très épais et rentrant, sableux, beige, contenant des nodules de chaux et crépi en rose ; US 1.2, empilement de blocs de tuf quadrangulaires et taillés de 25 à 30 cm de côté sur la partie visible : ces blocs peuvent correspondre à la jonction de la tour et d’un lambeau de maçonnerie de rempart conservé à droite (galets grossièrement assisés), les joints ont été purgés de leur mortier d’origine qui a été remplacé par le mortier US 1.1 ; US 1.3 et 1.4, maçonneries hétérogènes de blocs doubles décimétriques variés : galets, blocs de tuf, blocs taillés de molasse placés horizontalement et verticalement, quelques rares fragments de tuiles interstitiels, sortes de montants aménagés qui limitent la structure de chauffe 1.5 ; US 1.5, structure de chauffe : blocs de tuf longs de 55 cm et larges de 25 cm et épais de 15 à 25 cm, ces quatre blocs observés dans la portion sondée forment une strie verticale haute de 50 cm et large de 5 à 7 cm ; US 1.6, blocage composé de galets et briquettes totalement recouverts par un enduit ciment masquant l’interprétation mais on est probablement dans la fourrure du rempart, particulièrement épais ici ; US 1.8, maçonnerie composée de blocs, galets et fragments de tuiles liés par le mortier 1.1, cette US fonctionne avec un des deux placards, probablement 1.7 ; US 1.10, chaînage d’angle de la tour matérialisé par de gros blocs de tuf taillés ; US 1.11, aménagement de briques scellées au plâtre lié à l’installation du placard 1.9 ; US 1.12, architecture mixte de bois et de mortier sableux gris clair très fin, contenant des inclusions de petits galets et de remblais noyés dedans et contenus dans une structure composée de lattes de bois clouées.
Clichés et DAO : A. Mauveaux (Inrap)
7Le rempart, sur toute cette portion du rez-de-chaussée, est fortement perturbé par les aménagements des constructions en appui (cheminées, placards muraux, alcôves, etc.) et il n’a pas vraiment été possible d’appréhender son parement externe.
8En revanche, le sondage 4 (fig. 4), implanté au premier étage du 34 boulevard Gambetta, offre une belle fenêtre d’observation du rempart sur une portion non perturbée par les aménagements modernes. La maçonnerie de la face externe du mur d’enceinte (US 4.2) se présente sous la forme d’un empilement assez chaotique de galets pour la plupart de dimensions importantes (jusqu’à 0,40 × 0,20 m), disposés en vagues assises et liés par un mortier à gravillons/graviers très compacte.
Fig. 4 – 34 boulevard Gambetta, N+1

a, vue générale du sondage depuis le sud ; b, détail de l’US 4.2. Sondage 4.
US 4.2, maçonnerie du mur d’enceinte ; US 4.3, mur du bâtiment d’habitation élevé contre le rempart composé de galets et éclats de galets, de rares blocs de tuf et de fragments de tuiles canal disposés en assises irrégulières, le tout mêlé et copieusement enduit par 4.1.
Clichés et DAO : A. Mauveaux (Inrap).
9La tour, dans le sondage 1 (fig. 3), malgré les perturbations dues aux aménagements contemporains, conserve au sud son chaînage d’angle (US 1.10) constitué d’un empilement soigné de blocs de tuf altérés. De même, au nord, le sondage 1 a permis de mettre en évidence la jonction de la tour et de l’enceinte et le retournement de la maçonnerie (US 1.2).
10Les données du sondage 3, au premier étage, permettent d’affirmer que le flanc nord-est de la tour est encore en élévation à ce niveau. Bien que largement perturbé par l’aménagement d’un placard mural, ce mur conserve son chaînage d’angle en tuf (US 3.2, équivalent à 1.10) et une portion de la maçonnerie de la tour US 3.3. Cette dernière présente des galets décimétriques dont certains sont double ou triple-décimétriques, de petits éclats de galets et de rares petits blocs de tuf englobés dans une matrice de mortier sablo-gravillonneux beige très compacte.
11Le sondage 5, au deuxième étage du 34 boulevard Gambetta, a permis d’obtenir une vision assez nette des maçonneries du flanc nord-est de la tour et du rempart, ainsi que des liens qu’ils entretiennent. Le mur nord-est de la tour présente une configuration et une maçonnerie US 5.2 similaires à celle du sondage 3 (US 3.2 et 3.3) : le chaînage d’angle de la tour, au sud, se compose de blocs importants. Au-delà du chaînage, la maçonnerie du mur de la tour est faite de blocs de molasse et d’un gros galet, le tout lié par un mortier gravillonneux qui sert également à enduire l’intégralité des blocs. L’US 5.2 se prolonge au-delà dans un empilement de blocs à droite du placard 5.5. Il s’agit d’une partie ancienne en interaction avec le rempart. Les vestiges de ce chaînage en tuf intimement lié au rempart font écho à celui de l’US 1.2 dans le sondage 1.
12Le piédroit droit de l’alcôve cintrée (5.5) a permis d’obtenir une coupe partielle de la maçonnerie de la tour (US 5.2). Elle se compose d’un double parement de blocs de tuf appareillés, qui encadrent une fourrure de blocs et éclats (calcaire, molasse et tuf) englobée dans la matrice gravillonneuse sus-citée. L’épaisseur visible du mur de la tour au niveau de l’alcôve est de 0,90 m. La maçonnerie de la fourrure du rempart (US 5.3) est observée sur une largeur maximum de 1,06 m et sur une hauteur maximum de 2,60 m dans le sondage. Elle se compose d’un agrégat de blocs variés (calcaire, molasse, tuf, galet) liés et noyés dans un mortier graillonneux beige.
13Les études de mortier révèlent que les mortiers des fourrures US 5.2 et US 5.3 semblent identiques et de même nature. Ces observations, couplées à celles des liens qu’entretiennent les maçonneries, attestent de la contemporanéité de la construction des murs de la tour et du rempart pour ce niveau.
14Le sondage 5 se situe au sommet des maçonneries conservées de la tour et du rempart, avec des altitudes supérieures respectives de 287,55 et 288,32 m NGF. Bien que la partie sommitale de ces éléments défensifs ait été arasée partiellement, il semble que cela corresponde peu ou prou avec l’élévation originelle du rempart, qui était, rappelons-le, de 18 pieds de haut dans la Charte de franchise de 1343.
15Enfin, le sondage 8 (fig. 5), implanté au 44 boulevard Gambetta, malgré sa taille restreinte, a permis d’attester la présence du rempart au rez-de-chaussée de l’immeuble, au moins jusqu’à une altitude de 281,21 m NGF. Son altitude inférieure est de 278,87 m NGF dans la cave (fig. 2, log 9). Il n’est perceptible que sur une longueur de 0,85 m, puisqu’il est coupé à gauche par l’alcôve, et à droite par le conduit de cheminée US 8.3. Dans cette portion, le rempart mesure 1,35 m de large.
Fig. 5 – 44 boulevard Gambetta, N.0

a, vue générale du sondage depuis le sud-est ; b, détails des US 8.1 à 8.4. Sondage 8.
US 8.1, enduit ciment épais de 6 cm très induré et recouvert d’une couche de peinture blanche ; US 8.2, enduit de chaux sableux très épais et rentrant, beige, contenant des nodules de chaux ; US 8.3, conduit de cheminée matérialisé par un parement de briquettes ; US 8.4, maçonnerie du rempart composée d’un assemblage de galets double-décimétriques liés par un mortier de chaux contenant des graviers et des gravillons, beige clair, extrêmement compact.
Clichés et DAO : A. Mauveaux (Inrap).
16Le sondage 7, situé dans l’immeuble voisin au rez-de-chaussée du 42 boulevard Gambetta, ne présentait pas de vestiges du parement externe du rempart. Il a cependant été observé en fondation, dans la cave à des altitudes comprises entre 279,52 et 279,92 m NGF. Son épaisseur, de 0,85 m, permet cependant d’envisager qu’il ait été désépaissi et réaménagé, sur cette face, pour les besoins des bâtiments construits en appui.
17Il est utile de préciser qu’une portion du rempart, conservée sur une hauteur de 2,20 m au-dessus de la chaussée, est visible et mise en exergue dans l’aménagement du square Barbara créé sur l’emprise, au sud-ouest d’un ancien immeuble qui correspondrait au 46 boulevard Gambetta.
18Le résultat de l’étude du rempart peut se résumer sommairement de la sorte : constant en fondation sur la zone étudiée, et plus lacunaire et perturbé en élévation. L’observation de la face interne de l’enceinte, sur la rue des Remparts, serait sans doute intéressante et riche d’informations, après décroûtage des façades. Les perturbations semblent bien moindres sur cette face, qui conserve possiblement les vestiges du chemin de ronde (encoches et solins) tels qu’on les discerne encore sur la tour du square Ernest-Bouy, par exemple.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Façades des immeubles sur le boulevard Gambetta |
Légende | Vues depuis le sud-est. |
Crédits | Clichés : A. Mauveaux (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176599/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,4M |
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Titre | Fig. 2 – N-1, relevés des logs 9, 12,13,15 et 16 |
Légende | a, log 9 ; b, log 12 ; c, log 13 ; d, log 15 ; e, log 16.Échelle : 1/20. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176599/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,8M |
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Titre | Fig. 3 – 34 boulevard Gambetta, N.0 |
Légende | a, vue générale du sondage depuis l’est ; b, détail du sondage au sud-ouest vu depuis le nord-est ; c, photogrammétrie du sondage 1.US 1.1, enduit très épais et rentrant, sableux, beige, contenant des nodules de chaux et crépi en rose ; US 1.2, empilement de blocs de tuf quadrangulaires et taillés de 25 à 30 cm de côté sur la partie visible : ces blocs peuvent correspondre à la jonction de la tour et d’un lambeau de maçonnerie de rempart conservé à droite (galets grossièrement assisés), les joints ont été purgés de leur mortier d’origine qui a été remplacé par le mortier US 1.1 ; US 1.3 et 1.4, maçonneries hétérogènes de blocs doubles décimétriques variés : galets, blocs de tuf, blocs taillés de molasse placés horizontalement et verticalement, quelques rares fragments de tuiles interstitiels, sortes de montants aménagés qui limitent la structure de chauffe 1.5 ; US 1.5, structure de chauffe : blocs de tuf longs de 55 cm et larges de 25 cm et épais de 15 à 25 cm, ces quatre blocs observés dans la portion sondée forment une strie verticale haute de 50 cm et large de 5 à 7 cm ; US 1.6, blocage composé de galets et briquettes totalement recouverts par un enduit ciment masquant l’interprétation mais on est probablement dans la fourrure du rempart, particulièrement épais ici ; US 1.8, maçonnerie composée de blocs, galets et fragments de tuiles liés par le mortier 1.1, cette US fonctionne avec un des deux placards, probablement 1.7 ; US 1.10, chaînage d’angle de la tour matérialisé par de gros blocs de tuf taillés ; US 1.11, aménagement de briques scellées au plâtre lié à l’installation du placard 1.9 ; US 1.12, architecture mixte de bois et de mortier sableux gris clair très fin, contenant des inclusions de petits galets et de remblais noyés dedans et contenus dans une structure composée de lattes de bois clouées. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/176599/img-3.jpg |
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Titre | Fig. 4 – 34 boulevard Gambetta, N+1 |
Légende | a, vue générale du sondage depuis le sud ; b, détail de l’US 4.2. Sondage 4.US 4.2, maçonnerie du mur d’enceinte ; US 4.3, mur du bâtiment d’habitation élevé contre le rempart composé de galets et éclats de galets, de rares blocs de tuf et de fragments de tuiles canal disposés en assises irrégulières, le tout mêlé et copieusement enduit par 4.1. |
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Titre | Fig. 5 – 44 boulevard Gambetta, N.0 |
Légende | a, vue générale du sondage depuis le sud-est ; b, détails des US 8.1 à 8.4. Sondage 8.US 8.1, enduit ciment épais de 6 cm très induré et recouvert d’une couche de peinture blanche ; US 8.2, enduit de chaux sableux très épais et rentrant, beige, contenant des nodules de chaux ; US 8.3, conduit de cheminée matérialisé par un parement de briquettes ; US 8.4, maçonnerie du rempart composée d’un assemblage de galets double-décimétriques liés par un mortier de chaux contenant des graviers et des gravillons, beige clair, extrêmement compact. |
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Pour citer cet article
Référence électronique
Avril Mauveaux, « Saint-Marcellin – 24-44 boulevard Gambetta » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 13 janvier 2025, consulté le 14 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/176599
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