1L’établissement aristocratique du Vernai, localisé dans la vallée du Rhône à une trentaine de kilomètres en amont de Lyon, a connu une occupation remarquable tant par sa continuité, qui s’étire au moins de La Tène D1b à la fin du Moyen Âge, que par l’importance de certains de ses épisodes. Cela fut notamment le cas durant l’Antiquité, où une villa s’étendant sur 13 ha fut créée au plus tard au début de l’époque augustéenne et prospéra jusqu’à la fin de l’Empire.
2La partie résidentielle, qui couvre plus de 1 ha, comprend un vaste complexe balnéaire qui a fait l’objet de fouilles lors de la découverte du site dans les années 1967-1975. Cette partie de l’établissement reste toutefois imparfaitement connue.
3En l’état, l’établissement s’organise en deux parties : un bâtiment qui ne fut qu’incomplètement dégagé, et un espace extérieur correspondant à un jardin entouré d’un portique en L, encadrant une grande piscine.
Fig. 1 – Localisation et emprises des chantiers depuis 1967
DAO : SRA Auvergne-Rhône-Alpes.
Fig. 2 – Localisation des canalisations avec les dénominations utilisées lors des fouilles anciennes
DAO : SRA Auvergne-Rhône-Alpes.
4Malheureusement, la quasi-totalité des archives de terrain de cette époque a aujourd’hui disparu. À l’heure où s’engage un projet de monographie, il est apparu important de constituer une information fiable. À défaut de reprendre des fouilles exhaustives sur ce vaste ensemble dont la stratification est très entamée, il a donc été décidé de procéder à des campagnes de sondages.
5Des contingences administratives ont contraint à ne procéder en 2023 qu’à trois sondages situés dans l’espace extérieur, d’une surface cumulée d’environ 20 m2. L’importance des stratifications n’a permis d’achever que deux d’entre eux.
6Malgré la dimension très réduite de cette intervention, plusieurs enseignements peuvent être tirés à l’issue de cette campagne.
7Le principal acquis intéressant ce balnéaire est la confirmation qu’il ne s’agit pas d’un ensemble conçu et bâti en une seule campagne. Cet ensemble, que des relevés schématiques pouvaient conduire à regarder comme très cohérent, résulte en réalité d’une évolution sur plusieurs décennies. L’espace d’abord ouvert est, dans un deuxième temps, simplement enclos, puis transformé en espace d’agrément et équipé de la piscine, et enfin très rapidement des portiques.
8Il est possible, mais cela devra être vérifié, que l’espace bâti ne soit pas un unique ensemble, mais qu’il soit composé en réalité de deux constructions qui pourraient d’ailleurs se succéder. Le grand édifice serait tardif, pas antérieur au iiie s., et prendrait place contre le jardin qui aurait été aménagé à la fin du iie ou au début du iiie s.
9De nombreuses observations ont aussi été collectées sur le dispositif d’assainissement très élaboré qui laisse à supposer de nombreuses installations hydrauliques hors emprise. Ce chevelu d’égouts et de drain permet de se corréler à la recherche en cours, menée à quelque distance par Lia Vermot, qui vise à améliorer la connaissance de la relation entre le site et son environnement « naturel ». D’ores et déjà, il est à ce propos possible de revenir sur l’hypothèse, présentée jusqu’à présent, d’une modification de cette partie de la villa, la plus humide de la clairière où est installée la villa, du fait de la péjoration climatique du iiie s. La mutation architecturale précède cette crise environnementale d’environ cinquante ans.
Fig. 3 – Vue oblique depuis le nord du sondage 2023
Cliché : SRA Auvergne-Rhône-Alpes.
10Les travaux de cette campagne n’ont permis d’aborder qu’une partie, somme toute périphérique, du secteur balnéaire. Il sera indispensable de procéder à plusieurs autres sondages dans le bâtiment proprement dit afin de vérifier la présence de constructions sous-jacentes dont des indices concordants mais disparates permettent de soupçonner l’existence. Une demande en ce sens sera présentée pour 2024.