Thorame-Basse – Saint-Pierre II
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Année de l'opération :
2020Numéro d’opération :
13622Sujets :
mur, trou de poteau, foyer, sépulture, sépulture à inhumation, sépulture à incinération, poterie, céramique romaine, sigillée, sigillée africaine, terre cuite, céramique commune, céramique non tournée, graminée, orgeLieux :
France métropolitaine, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Département des Alpes-de-Haute-Provence, Thorame-BasseChronologie :
Préhistoire, Paléolithique, Protohistoire, âge du Fer, Premier âge du Fer, Second âge du Fer, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, Antiquité tardiveNature de l'opération :
fouille programméePlan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Aix-Marseille université, CNRS, Centre Camille Jullian
Texte intégral
- 1 BSR PACA 2019, p. 47-49.
1Au terme de la première opération programmée de 20191, une fouille archéologique programmée triennale (2020-2022) a débuté au mois d’octobre 2020. Cette campagne s’est déroulée sur une seule semaine, en groupe restreint, en raison de la situation sanitaire. Le site a fait l’objet d’une intervention ciblée : une tranchée nord-ouest – sud-est, longue de 30 m et d’une profondeur variant entre 0,40 et 2,80 m, a été creusée (TR 2). L’objectif était de compléter la vision archéologique et topographique du site, notamment son extension en direction de l’est, tout en intégrant des problématiques paléoenvironnementales : une approche géomorphologique a été conduite par V. Ollivier et N. Sirdeys (Lampea) et l’approche pédo-anthracologique, initiée par B. Talon (IMBE), s’inscrit au sein d’une action interdisciplinaire (AI) financée par l’institut Arkaia d’Aix-Marseille université (Charbacame 2020-2021).
2La tranchée 2 (TR 2) a apporté des données inédites sur les dynamiques morphosédimentaires, les processus anthropiques et la topographie même du site :
-
présence d’un interfluve constitué de dépôts sédimentaires supposés pléistocènes (horizons de sol argileux puis couverture colluviale de gélifracts) et de marnes bleues (substratum) ;
-
érosion de cet interfluve au cours de l’Holocène conduisant à la mise en place d’un vallon nord-sud (état 1) ;
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premières traces de fréquentation holocène dans le vallon, sur le sol argileux (état 2) ;
-
aménagements anthropiques en terre crue et construction de trois murs sur l’interfluve (zone 1) ou le versant oriental du vallon (tranchée 2) (état 3A) ;
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comblement du vallon, au cours de l’Antiquité et au-delà, au gré des phases d’abandon et d’aménagement (nivellements) et/ou des épisodes hydrométéorologiques (états 3B, 4A, 4B, 4C, 5A, 5C, 7) ;
-
structures bâties et funéraires sur le versant oriental du vallon (état 3C) et sur l’interfluve (états 4D, 6) ;
-
occupation ponctuelle de l’interfluve (état 5B).
3Au terme de cette campagne, les résultats témoignent de la présence d’une structure de combustion du premier âge du Fer et d’une densité inattendue de vestiges bâtis en terre crue et en pierres de la fin de l’âge du Fer et du Haut-Empire (datations radiocarbone en cours). L’extension de l’espace funéraire de l’Antiquité tardive est confirmée vers l’est. Les phases de construction et d’abandon demeurent toutefois encore à préciser, tout comme la nature et la fonction de cet ensemble.
4Les données disponibles plaident en faveur de l’existence d’espaces domestiques et funéraires. Les états établis en 2019 ont été revus et précisés.
État 1 – Séquence supposée pléistocène
5Reconnu dans la tranchée 2 et dans le sondage 1-zone 1, cet état est représenté par des dépôts sédimentaires d’argiles et de gélifracts supposés pléistocènes formant un interfluve nord-sud. Au cours de l’Holocène, une érosion de cet interfluve conduit à la mise en place d’un vallon nord-sud entaillant l’ensemble des formations superficielles et une partie du substratum de marnes bleues. Comme dans l’ensemble de la vallée, ces gélifracts, témoins d’obturations au cours de la dernière phase glaciaire, sont encore préservés sur l’interfluve. Sa bordure orientale et sa jonction avec le paléovallon n’ont pas été déterminées cette année.
État 2 – Premières traces de fréquentation holocène (Protohistoire ?)
6Les plus anciennes traces de fréquentation du site, antérieures à l’Antiquité, ont été identifiées sur le sommet de l’interfluve (zone 1) et dans la tranchée 2, qui atteint les niveaux les plus profonds.
7À l’état 2A est rattachée la structure indéterminée ST 16, identifiée en 2019, que l’ouverture d’une fenêtre de 8 m2 a permis de fouiller. Bien qu’arasée, cette structure livre une importante quantité de graines prises dans un résidu charbonneux ainsi qu’au moins deux vases en céramique non tournée. Les analyses anthracologique (C. Cenzon-Salvayre) et carpologique (L. Martin) sont en cours. La datation d’une céréale (orge) livre une datation entre 775-514 cal. BC (94.2 % ; Poz-131161).
8L’état 2B est illustré par une surface de circulation (datation radiocarbone en cours, taxons Lamburnum et Pinus sylvestris/incinatanus), un amas avec résidus de combustion, os de faune, céramique non tournée et des blocs de grès sur le sommet du comblement holocène.
État 3 – Premiers siècles avant notre ère
9La fouille a confirmé la présence d’aménagements en terre crue, déjà perçus en 2019 (état 3A). Il s’agit d’un sol (US 1128, alt. 1 303,30 m NGF) plus ou moins rubéfié, partiellement mis au jour, sur lequel reposait, à plat, de la céramique non tournée. Il est bordé par une paroi verticale à l’ouest, tandis que sa limite orientale n’a pas été reconnue. Un fragment du sol a été prélevé pour une analyse anthracologique par B. Talon (alt. 1 301,43 m) et une datation radiocarbone est en cours (taxon identifié : Pinus sylvestris/incinatanus).
10Sur le versant oriental, une autre phase de construction est illustrée par trois structures bâties (MR 7, 12 et 9) découvertes à une profondeur comprise entre 1 et 1,40 m, ainsi qu’un sol rubéfié. Ces murs ne sont conservés que sur une à deux assises en fondation. L’état 3B correspond à un colluvionnement localisé, tandis que l’état 3C témoigne d’un agrandissement du bâti avec la mise en œuvre de deux murs (MR 8 et 11), dont l’un est doté d’un seuil.
État 4 – Au cours des trois premiers siècles de notre ère
11Cet état correspond à une phase d’abandon de l’extrémité orientale de l’interfluve et du versant, affectés par des processus érosifs (4A) et des dépôts sédimentaires (4B), puis à une réoccupation du secteur et un aménagement de l’espace (4C-4D).
12Les aménagements des états 3A et 3C sont abandonnés : érosion des structures en terre crue, recouvertes ensuite par une couche limono-argileuse très hétérogène ponctuée d’amas charbonneux et cendreux dispersés sur le sol. La nature de ce dépôt ne peut être définie à ce jour (incendie d’une structure en matériaux périssables ou restes de combustion localisés ?). Sur le versant est, les murs MR 7, MR 8, MR 9, MR 11 et MR 12, sont sans doute détruits (ou démantelés), comme l’attestent des niveaux de démolition.
13Au cours de l’état 4C, un remblai de nivellement, recouvrant l’ensemble des vestiges antérieurs, est mis en place sur toute la surface de l’interfluve (zone 1) mais aussi en aval, à l’est.
14L’état 4D est caractérisé par l’implantation de structures bâties (MR 1 et MR 2 formant l’angle nord-ouest du bâtiment 1 et MR 5) et funéraires (structure de crémation SP 5) mises au jour en 2019.
État 5 – Début de l’Antiquité tardive
15L’état 5A correspond à une période d’abandon et de destruction des structures bâties sur le sommet de l’interfluve (MR 1, MR 2, MR 5), mais aussi sur le versant, dans la tranchée 2 (MR 10). À cet abandon du site sont associés des vestiges d’incendie « colluvionnés » sur le versant est (TR 2).
16L’état 5B semble témoigner d’une réoccupation sporadique du site avec la présence de trous de poteau sur l’interfluve (TP1 et 2).
17L’état 5C confirme une nouvelle phase d’abandon avec un recouvrement sédimentaire sur l’ensemble du site daté à partir de la fin du ive s. (deux plats en sigillée africaine D1).
État 6 – Antiquité tardive à partir du début ve s.
18L’extension de l’occupation funéraire a été précisée par l’identification de deux nouvelles tombes à inhumation (non fouillées ; SP 19 et 20). Le niveau de circulation de cet état correspondrait au sommet de l’US 1003-1113, mais n’a toutefois pu être mis en évidence du fait de sa destruction par les processus érosifs et les travaux agricoles postérieurs à l’Antiquité tardive.
État 7 – Périodes moderne et contemporaine
19Aucun vestige lié à ces périodes n’a été identifié au cours de la campagne.
Pour citer cet article
Référence électronique
Alexia Lattard, Delphine Isoardi, Florence Mocci et Céline Huguet, « Thorame-Basse – Saint-Pierre II » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Provence-Alpes-Côte d’Azur, mis en ligne le 27 février 2025, consulté le 12 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/182372
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