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2022
Projets collectifs de recherche

Sociétés humaines et paléoenvironnements dans la plaine de Saint-Maximin du Paléolithique à l’âge du Fer

Projet collectif de recherche (2022)
Responsable d’opération : Corinne Landuré
Notice rédigée avec Alda Flambeaux et Olivier Sivan

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

Texte intégral

1Le projet collectif de recherche « Sociétés humaines et paléoenvironnements dans la plaine de Saint-Maximin du Paléolithique à l’âge du Fer » était organisé sur trois ans (2019-2021) autour de problématiques qui concernent l’occupation humaine de la Préhistoire à l’âge du Fer (axe 1) et l’évolution du milieu depuis le Pléistocène supérieur (axe 2).

2Près de 40 chercheurs ont participé à ce projet, issus d’une vingtaine d’organismes et laboratoires de recherches. Des groupes de travail se sont constitués pour mener des études thématiques sur des corpus significatifs quantitativement et qualitativement. Ils ont mené des réflexions sur les terminologies, les méthodologies, défini des corpus de référence et proposé des bilans des connaissances élargis à la Provence, afin de reconstituer l’histoire environnementale, hydrologique et climatique de la plaine de Saint-Maximin, de caractériser les occupations successives, d’en comprendre les dynamiques et de mieux cerner les interactions des communautés humaines avec leur environnement.

Axe 1 : L’étude des processus de peuplement de la plaine de Saint-Maximin, une plaine densément occupée depuis le Néolithique

3Grâce à une collaboration avec le PCR « La Provence au Pléistocène supérieur » (Roca Y., Barthès P., Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – Territoire communal, L’Adret, 2022), un bilan sur les occupations du Pléistocène supérieur régional a pu être dressé, et les données sur l’occupation de la plaine de Saint-Maximin au Paléolithique ont été rassemblées. Elles concernent d’une part des traces fugaces de fréquentation du nord-est de la plaine au Paléolithique moyen et supérieur, matérialisées par quelques pièces d’industrie lithique récoltées lors de prospections. Dans la partie méridionale de la plaine, des séquences lacustres pléistocènes ont pu être identifiées lors d’opérations archéologiques préventives. À ce jour, aucun indice direct ne témoigne d’une occupation humaine en bordure de lac, par contre la fréquentation animale des rivages est attestée par quelques ossements de cerf ou de renne mal conservés.

4Les opérations d’archéologie préventive révèlent une occupation dense depuis les stades anciens du Néolithique moyen jusqu’à l’âge du Fer. Une documentation considérable a ainsi pu être rassemblée concernant les aménagements domestiques (foyers, aires d’ensilage, puits), les structures funéraires (inhumations en fosses, tumulus) ou artisanales (atelier de potier du premier âge du Fer). Ces données figurent dans un système d’information géographique (SIG) créé sur le logiciel QGIS qui rassemble 115 points d’observations correspondant à 67 entités archéologiques (suivis de travaux), 36 diagnostics et 12 fouilles préventives.

5Des synthèses sur les mobiliers céramiques du Néolithique, de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer ont été produites. Pour le Néolithique, le travail a porté sur le réexamen de six séries pour la plupart inédites concernant le Néolithique moyen. Des ensembles homogènes et conséquents ont été sélectionnés, qui correspondent à un nombre minimum de 125 individus. Quatre d’entre eux concernent le Néolithique moyen I, entre 4800 et 4300 av. J.-C. (quartier Mirade, Madon/Saint-Mitre, Verdagne Nord, Boucard) et deux se rapportent au Néolithique moyen II, entre 4300 et 3700 av. J.-C. (Le Plantier 3, Chemin de Féraud). Leur étude témoigne d’une occupation quasi continue de la plaine de Saint-Maximin durant les Ve et IVe millénaires av. J.-C. Le vaisselier reflète des phénomènes d’interactions, notamment avec la culture transalpine, dans un artisanat où les traditions locales se maintiennent.

Fig. 1 – Fragment de sceau en céramique du Néolithique moyen, Madon Saint-Mitre

Fig. 1 – Fragment de sceau en céramique du Néolithique moyen, Madon Saint-Mitre

Clichés et DAO : M. Gasnier.

6Le mobilier céramique de l’âge du Bronze a été étudié au travers des séries issues des opérations de l’A8 à Chemin d’Herbous, Chemin de Barjols et de Clos de Roque 1 et 2 qui représentent un minimum de 215 individus. Les vases se répartissent entre le Bronze ancien II (vers 1950-1850 av. J.-C.), le Bronze ancien III (vers 1850-1750 av. J.-C.) et le Bronze ancien IV (vers 1750-1600 av. J.-C.). La périodisation résultant de cette étude a permis une première analyse spatiale des structures qui suggère une organisation de l’occupation sous la forme d’habitats dispersés en noyaux distincts qui perdure durant l’âge du Bronze ancien. L’âge du Bronze moyen est très peu représenté dans la plaine, se résumant principalement à une grande structure fossoyée complexe fouillée au Clos de Roque 2. L’étude du mobilier céramique combinée aux observations stratigraphiques et aux datations radiocarbone ne permettent pas de distinguer une partition nette des différents stades du Bronze moyen. Il est possible que cet ensemble appartiennent à une phase moyenne de cette période, qui peine encore à être identifiée en Provence.

Fig. 2 – Mobilier céramique de l’âge du Bronze ancien III, A8, Chemin de Barjols

Fig. 2 – Mobilier céramique de l’âge du Bronze ancien III, A8, Chemin de Barjols

DAO : T. Lachenal.

7Concernant l’âge du Fer, les recherches ont dans l’immédiat porté sur les principales fouilles menées par l’Inrap entre 2008 et 2019 (Chemin d’Aix, Clos de Roques/Saint-Jean et Clos de Roque 2). L’étude du mobilier céramique a permis de mettre en lumière trois phases d’occupation durant le premier âge du Fer : l’une est datée du viie s. et du début du vie s. av. J.-C., la deuxième est centrée sur le vie s. av. J.-C. (600-525 av. J.-C.) et la dernière se rapporte à la seconde moitié du ve s. av. J.-C. Pour chacune des périodes, le mobilier est inventorié et décrit par structure, la répartition des formes est analysée et le mobilier est replacé dans son contexte chronoculturel. Sur la base de la répartition du mobilier, des interprétations de la nature des sites sont proposées. Globalement, les séries céramiques étudiées s’intègrent tout au long du premier âge du Fer dans le contexte chronoculturel provençal, avec des faciès comparables aux sites de l’arrière-pays au sud des vallées de l’Arc et de l’Argens. Elles se caractérisent par une nette prédominance des productions non tournées et la présence de rares importations à partir du vie s. av. J.-C. Les occupations de la plaine de Saint-Maximin demeurent ainsi peu intégrées aux circuits commerciaux qui s’organisent sur le littoral méditerranéen.

Fig. 3 – Mobilier de l’ensemble 3 du Chemin d’Aix, premier âge du Fer, ve s. av. J.-C.

Fig. 3 – Mobilier de l’ensemble 3 du Chemin d’Aix, premier âge du Fer, ve s. av. J.-C.

DAO : J.-J. Dufraigne.

8Les études des industries lithiques portent sur huit séries (Clos de Roques 1 et 2, Clos de Roques/route de Barjols, Chemin de Barjols, Chemin d’Aix, Clos de Roque/Saint-Jean, Chemin d’Herbous et Chemin Féraud), soit un corpus de 1980 éléments au total. Les phases chronologiques représentées sont le Néolithique moyen I et II, le Néolithique récent, le Néolithique final et l’âge du Bronze ancien. Pour chacun des sites sont abordées de manière chronologique les attributions chronoculturelles, les matières premières utilisées et les types de productions représentés.

Fig. 4 – Industrie lithique du Paléolithique moyen ou supérieur

Fig. 4 – Industrie lithique du Paléolithique moyen ou supérieur

a,  Dardenne, trois racloirs moustériens ; b, Villardier, pointe à face plane romanellienne. Issue de ramassages dans les collines situées en bordure nord-est de la dépression de Saint-Maximin.

Source : Pollypus, 1972 ; cliché a : Y. Palun ; cliché b : F. Carrazé.

Fig. 5 – Mobilier lithique du Néolithique final, Clos de Roque 1

Fig. 5 – Mobilier lithique du Néolithique final, Clos de Roque 1

Dessins : M. Remicourt.

Fig. 6 – Armatures, pièces bifaciales et lame(lle)s appointées récoltées à Les Aiguilles, parcelle 181

Fig. 6 – Armatures, pièces bifaciales et lame(lle)s appointées récoltées à Les Aiguilles, parcelle 181

Prospections : Y. Roca ; cliché : J.-P. Sarginao.

Axe 2 : L’étude géoarchéologique et paléoenvironnementale de la plaine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

9Les opérations d’archéologie préventive récentes ont permis d’étudier, à la faveur de plusieurs dizaines de tranchées profondes et d’un carottage, la partie supérieure du remplissage sédimentaire de la dépression de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. L’étude paléoenvironnementale multi-indicateurs (étude morpho-stratigraphique, granulométrie laser, géophysique – H/V, tomographie de résistivité électrique –, datation – 14C, paléomagnétisme, U/Th, OSL –, ostracodes, mesures isotopiques, XRF, pollens, etc.) a révélé une évolution paysagère en neuf grandes étapes. Nous en détaillerons ici les trois principales. La première, attribuée à la fin du stade isotopique 4, se caractérise par le développement de paysages palustres dans une ambiance fraîche à végétation steppique. La seconde, contemporaine du stade 3, voit l’épanouissement d’une vaste cuvette lacustre. Son colmatage, dominé par une sédimentation carbonatée authigène, est rythmé par des baisses temporaires du plan d’eau. Le calendrier et l’origine exacte de ces fluctuations lacustres restent encore à préciser. Plus tempérées, les températures favorisent désormais le développement d’un couvert forestier mixte, à pins et chênes. Enfin, la troisième étape correspond au colmatage définitif de la cuvette lacustre sous l’effet des flux hydrosédimentaires particulièrement énergiques de la première partie du stade isotopique 2 (Pléniglaciaire) et des dynamiques plus modérées contemporaines de la fin de stade 2 et du stade 1.

10Pour l’Holocène, l’activité sédimentaire de la bordure méridionale de la dépression est, en effet, particulièrement réduite. Hormis quelques petites accumulations liées à des ruissellements de surface, cette période semble dominée par une longue phase de pédogenèse qui s’exprime au toit des séquences pléistocènes. C’est dans ce contexte de stabilité morphogénique que les communautés du Néolithique, de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer vont occuper les lieux.

11Nous insistons sur le caractère unique et exceptionnel de cet enregistrement sédimentaire pour la connaissance du contexte environnemental et paléoclimatique des communautés du Paléolithique supérieur provençal (SIO 4, 3, 2 et 1). La nature continue du remplissage lacustre permet, d’ores et déjà, et pour la première fois, de positionner des sites majeurs comme la grotte Cosquer ou la Baume Bonne dans un véritable continuum paléoenvironnemental et paléoclimatique. Ceci complète clairement notre connaissance des environnements passés jusqu’alors documentés par des instantanés que sont les restes fauniques ou, dans une moindre mesure, les colmatages sédimentaires de cavités occupées.

12L’étude détaillée de cette séquence sédimentaire se poursuit encore aujourd’hui. Les objectifs sont, désormais, de consolider le cadre chronologique, de discuter de la robustesse des résultats en termes de restitutions paléoenvironnementale et paléoclimatique et de travailler sur un nouveau carottage prélevé en 2022.

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Bibliographie

Roca Y., Barthès P. 2022 : Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – Territoire communal, L’Adret, prospection diachronique (2022), Archéologie de la France – Informations, Provence-Alpes-Côte d’Azur [notice archéologique].

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Fragment de sceau en céramique du Néolithique moyen, Madon Saint-Mitre
Crédits Clichés et DAO : M. Gasnier.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 141k
Titre Fig. 2 – Mobilier céramique de l’âge du Bronze ancien III, A8, Chemin de Barjols
Crédits DAO : T. Lachenal.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 39k
Titre Fig. 3 – Mobilier de l’ensemble 3 du Chemin d’Aix, premier âge du Fer, ve s. av. J.-C.
Crédits DAO : J.-J. Dufraigne.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 44k
Titre Fig. 4 – Industrie lithique du Paléolithique moyen ou supérieur
Légende a,  Dardenne, trois racloirs moustériens ; b, Villardier, pointe à face plane romanellienne. Issue de ramassages dans les collines situées en bordure nord-est de la dépression de Saint-Maximin.
Crédits Source : Pollypus, 1972 ; cliché a : Y. Palun ; cliché b : F. Carrazé.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 308k
Titre Fig. 5 – Mobilier lithique du Néolithique final, Clos de Roque 1
Crédits Dessins : M. Remicourt.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 290k
Titre Fig. 6 – Armatures, pièces bifaciales et lame(lle)s appointées récoltées à Les Aiguilles, parcelle 181
Crédits Prospections : Y. Roca ; cliché : J.-P. Sarginao.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186417/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 691k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Corinne Landuré, Alda Flambeaux et Olivier Sivan, « Sociétés humaines et paléoenvironnements dans la plaine de Saint-Maximin du Paléolithique à l’âge du Fer » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Provence-Alpes-Côte d’Azur, mis en ligne le 20 février 2025, consulté le 10 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/186417

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Auteurs

Corinne Landuré

Drac PACA (service régional de l’Archéologie)

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Responsable d’opération

Corinne Landuré

Drac PACA (service régional de l’Archéologie)

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CC-BY-SA-4.0

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