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AccueilRégionsAuvergne-Rhône-Alpes202426 – DrômeCrest – Lieu-dit Chaufonde

2024
26 – Drôme

Crest – Lieu-dit Chaufonde

Opération préventive de diagnostic (2024)
Responsable d’opération : Éric Durand

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Durand É. 2025 : Crest, Drôme, Auvergne-Rhône-Alpes : lieu-dit Chaufonde, rapport de diagnostic, Bron, Inrap.

Texte intégral

1Le diagnostic Inrap réalisé en février 2024 au lieu-dit Chaufonde (Souchard) concerne l’emprise de travaux périphériques d’aménagement d’un bâtiment à réhabiliter. Il est situé à 2 km au (nord)-ouest du centre bourg de Crest, en bordure sud de la RD 93. La parcelle concernée, ZR 240, d’une superficie d’1,34 ha, quasi plane (entre 180 et 182,50 m NGF), est actuellement occupée par une vaste ferme de la seconde moitié du xixe s. et par son jardin arboré.

2Elle est implantée dans la plaine alluviale (181 m NGF) de la Drôme, à 980 m au nord de ses berges actuelles et à 200 m à l’ouest de son affluent La Saleine. Le cours de ce dernier, orienté nord-sud, a entaillé des petits reliefs (250 m) situés à 300-400 m au nord de l’emprise et caractérisés par des formations sableuses du Miocène (M2ab) et marneuses du Pliocène (P1).

3En adéquation avec les résultats archéologiques de 2024, le contexte archéologique environnant est principalement marqué par l’Antiquité. Si la localisation, immédiatement au nord de la parcelle, d’un « vaste et luxueux » établissement gallo-romain (balnéaire, mosaïque, statuaire, inscription votive…) mis au jour aux xviiie et xixe s., n’est pas assurée, d’autres sites antiques sont présents à proximité. C’est le cas de sépultures tardo-antiques découvertes 400 m plus au nord, au château de Beauregard ou de la voie antique « des Alpes », dont le tracé théorique est situé à 400 m plus à l’est. On citera, enfin, l’ensemble des sites antiques du quartier de Bourbousson localisé 900 m à l’ouest du diagnostic. Découvert par les travaux préventifs du TGV, l’établissement (ferme puis auberge) tardo-antique occupé entre la fin du iie s. et le ve s. est implanté en bordure sud d’un axe routier ouest-est orienté sur le cadastre B de Valence vers la voie d’Agrippa (RD 93). Son schéma d’installation évoque celui mis au jour à la ferme de Souchard en 2024.

4Si l’emprise totale prescrite concerne 1,34 ha, seuls 4 500 m2 ont pu être sondés en raison de la présence de la ferme (1 800 m2 de bâti), de voiries, d’un jardin très arboré et d’un tas de remblais. Vingt-six tranchées ont été ouvertes sur une surface de 515 m2, soit environ 9,80 % de l’emprise accessible.

5Dans la logique topographique d’un contexte alluvial (Fz ; post-würmien), alimenté ici par les dépôts de la Drôme et son affluent La Saleine, la totalité des sondages a permis de révéler un fort recouvrement sédimentaire. Malgré les contraintes de bâti et de végétation, la puissance stratigraphique a pu être observée en moyenne sur 1,60 m. Ponctuellement, deux sondages ont pu être ouverts à l’ouest du site jusqu’à 2,50 m de profondeur. La séquence holocène est principalement composée par une succession de nombreux dépôts d’alluvions limoneux. Quatre-vingt-quatre unités stratigraphiques ont ainsi été différenciées.

6Ces dernières sont majoritairement marquées par des faciès argileux à argilo-sableux.

7Trente-deux horizons présentent par ailleurs des indices plus ou moins marqués d’anthropisation à partir du dernier tiers du ier s. av. J.-C. Deux petits paléochenaux (entre -1,30 et -1,40 m ; l. entre 1,50 à 2 m), apparus entre 179,25 et 179,06 m NGF dont un scellé par un niveau augustéen, quelques rares dépôts graveleux, sableux et/ou argileux plus profonds (-1,70 à -2 m) complètent la stratigraphie générale.

8Au total, 105 unités stratigraphiques et 34 faits archéologiques répartis sur environ 6 500 m2 ont été mis au jour. Trois périodes chronologiques (Antiquité, périodes moderne et contemporaine) et quatre phases d’occupation sont ainsi représentées : les premières décennies de l’époque augustéenne, le iiie-début ive s. apr. J.-C., les xviie-xviiie s. et le xixe s.

9La phase « primitive » d’occupation du site est marquée par deux grandes fosses ou dépressions distantes de 50 m et conservées entre -1,30 à -1,40 m (179,23 à 179,60 m NGF). Elles sont comblées par du mobilier céramique caractéristique du début du principat d’Auguste : campanienne, amphore italique, grise fine, céramique non tournée… Ce mobilier a été également mis au jour à la même profondeur (-1,30 m) dans cinq autres sondages répartis sur 4 500 m2, dont les niveaux anthropisés (remblais ?) sont calés entre 178,77 et 179,50 m NGF.

10Après un hiatus de deux siècles, le fait marquant de l’opération est la réoccupation assez dense du site à partir du début du iiie s. apr. J.-C. Si la majorité des sondages ont livré des artefacts antiques (superficie d’environ 9 000 m2), la quinzaine de structures (dix bases de murs maçonnés ou non, deux fosses, quatre faits indéterminés) mises au jour semblent circonscrire l’occupation tardo-antique dans la moitié ouest de l’emprise, sur environ 3 000 m2. Cet ensemble de faits apparaît, selon les secteurs, entre -0,70 et -1,40 m, soit entre 179,84 m (zone centrale) et 178,82 m NGF (bordure occidentale). En limite orientale d’emprise, zone vierge de structures gallo-romaines, les nombreux horizons anthropisés (céramique et/ou terre cuite architecturale), apparus entre -0,60 et -1,50 m, complètent la paléotopographie du site tardo-antique (180,36 à 179,20 m NGF). L’ensemble de ces structures iiie-début ive s., associées à ces niveaux anthropisés, présente une puissance stratigraphique conservée entre 0,30 et 1 m.

11Si l’abandon du site antique est bien attesté par la céramique au début du ive s., deux états au sein du iiie s. sont certainement à envisager, comme en témoignent les variantes de constructions des murs liés au mortier de chaux (7 exemplaires) ou à un limon argileux (3). Concernant son statut, outre le maillage assez lâche des tranchées, de seulement 1,30 m de largeur, l’état global de conservation moyen des vestiges bâtis, les orientations très variables des bases de murs conservées sur au maximum trois assises, et difficiles à associer, et, enfin, l’absence de sol, n’aident guère à l’interprétation. Peut-on y voir des aménagements (disparates) des abords méridionaux de la villa de la Saleine, présumée conservée dans la parcelle voisine ?

12Après une longue période d’abandon, le site sera à nouveau fréquenté, discrètement, à l’époque moderne. Une seule structure pourrait, sous réserves, être contemporaine de cette période. Il s’agit d’une base massive d’un mur maçonné (l. 1 m ; H. 0,90 m), apparue au centre de l’emprise, à -1,15 m (179,96 m NGF), sous un caniveau xixe s. Les autres indices se limitent à quelques fragments de céramique des xviie et xviiie s., mis au jour dans deux sondages du même secteur (centre ouest), entre -0,40 m (179,92 m) et -0,80 m (179,94 m NGF).

13Diverses structures (fin xviiie s. ou xixe s.) n’ont pu être datées précisément par la stratigraphie ou par le mobilier céramique. Il s’agit, en premier, de deux caniveaux maçonnés, qui alimentent en eau et/ou évacuent un grand bassin circulaire (diam. 6,70 m), encore visible dans le jardin. La première structure hydraulique, apparue à -0,45 m (179,88 m NGF), à l’ouest du bassin, est bien conservée. Comme son pendant nord, elle est composée de deux piédroits en calcaire liés au ciment, d’un fond et d’une couverture en molasse. Elle présente une largeur totale de 0,60 m et un canal de 0,25 m.

14Reconnu dans trois sondages sur 24 m, un second caniveau, plus enfoui (-0,80 m), orienté nord-est – sud-ouest, complète cet ensemble hydraulique. Il présente les mêmes caractéristiques techniques que le précédent et un léger pendage nord-sud (entre 180,24 et 179,89 m NGF). Deux autres structures maçonnées de plan quadrangulaire mises au jour entre -0,45 m (179,80 m) et -0,80 (179,63 m NGF) dans la même zone pourraient peut-être être associées par leur position stratigraphique à cette phase contemporaine de la ferme.

15Contemporains ou postérieurs à ces structures hydrauliques, les aménagements périphériques de la « ferme » actuelle de Souchard, dont le plan n’apparaît pas sur la carte d’État-Major de 1820-1866, correspondent à la dernière phase d’occupation du site. Deux canalisations en terre cuite, trois fosses, une excavation de 6 m de long avec un fond de mortier de chaux (sol ?) et une base de mur, mises au jour principalement aux abords orientaux de la bâtisse, peuvent être rattachées à cette ultime phase d’occupation.

Fig. 1 – Plan masse du site

Fig. 1 – Plan masse du site

Emprise du projet, implantation des sondages Inrap, des transects et logs stratigraphiques et résultats archéologiques (phase antique, moderne et contemporaine). Échelle : 1/1 000.

Topographie N. Saadi ; DAO : É. Durand (Inrap).

Fig. 2 – Occupation gallo-romaine du site, structures de la pars rustica ou annexes en périphérie sud de la villa présumée de la Saleine ?

Fig. 2 – Occupation gallo-romaine du site, structures de la pars rustica ou annexes en périphérie sud de la villa présumée de la Saleine ?

Phases augustéenne et tardo-antique.

Topographie ; N. Saadi ; DAO : É. Durand (Inrap).

Fig. 3 – Vues générales du sondage et des structures F77 à F82

Fig. 3 – Vues générales du sondage et des structures F77 à F82

Clichés : J.-M. Lurol ; DAO : É. Durand (Inrap).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan masse du site
Légende Emprise du projet, implantation des sondages Inrap, des transects et logs stratigraphiques et résultats archéologiques (phase antique, moderne et contemporaine). Échelle : 1/1 000.
Crédits Topographie N. Saadi ; DAO : É. Durand (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186825/img-1.jpg
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Titre Fig. 2 – Occupation gallo-romaine du site, structures de la pars rustica ou annexes en périphérie sud de la villa présumée de la Saleine ?
Légende Phases augustéenne et tardo-antique.
Crédits Topographie ; N. Saadi ; DAO : É. Durand (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186825/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 752k
Titre Fig. 3 – Vues générales du sondage et des structures F77 à F82
Crédits Clichés : J.-M. Lurol ; DAO : É. Durand (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/186825/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Éric Durand, « Crest – Lieu-dit Chaufonde » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 24 février 2025, consulté le 19 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/186825

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