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AccueilRégionsProvence-Alpes-Côte d’Azur202284 – VaucluseAvignon – Place du Change

2022
84 – Vaucluse

Avignon – Place du Change

Sondage (2022)
Responsable d’opération : Guilhem Baro
Notice rédigée avec Raphaël Gagon

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Département de Vaucluse

Texte intégral

1Cette opération est une prolongation de celle de l’année précédente faisant suite à la découverte de plusieurs plafonds peints (Baro 2021). L’étude de ce bâtiment n’avait pas pu être achevée en 2021 et d’autres investigations étaient nécessaires afin de mieux appréhender l’évolution du bâti dans sa globalité. De plus, des analyses 14C ainsi que des prélèvements dendrochronologiques avaient été effectués en décembre 2021. Désormais, une chronologie de l’ensemble peut être proposée. Il apparaît que les parties les plus anciennes de l’édifice remontent au xiiie s. Ces parties sont essentiellement localisées dans l’espace 2 donnant sur la place du Change (fig. 1). Ce sont des maçonneries présentant un appareil de petits moellons en calcaire froid et galets disposés en assises et dont certaines sont en arête de poissons. Les datations 14C corroborent les observations sur le terrain (1210-1279).

Fig. 1 – Relevé en plan du niveau 1

Fig. 1 – Relevé en plan du niveau 1

Échelle : 1/100.

Relevé : Agence Escande ; DAO : Agence Escande, R. Gagon (SADV).

2Au xve s., les plafonds peints des premier et deuxième étages donnant sur la place du Change sont mis en place (datation par analyse dendrochronologique de l’an 1374 à 1447) en même temps que ceux donnant sur la rue des Trois-Carreaux (terminus post quem 1424 à 1434). À partir du signe de marchand présent sur les closoirs des plafonds, il serait tentant, suivant le même modèle que d’autres marques de marchands, de voir dans cette signature les initiales « G » et « B » qui pourraient correspondre aux initiales de Georges Briconibus (Giorgio Briconi), notaire dans la seconde moitié du xive s. puis marchand à partir de 1410 et propriétaire de la maison. Il s’agit d’un personnage d’envergure, riche, qui a la capacité financière de mettre en place ces plafonds et de réaménager le bâtiment.

3Un escalier en vis (ESC 9) est aménagé dans l’angle sud-ouest de la pièce sur la place du Change pour desservir les étages. Il vient s’appuyer contre les murs sud et ouest, et est donc postérieur.

4La façade en pierre de taille donnant sur la place du Change est reconstruite et vient s’appuyer contre les murs de refend. Trois grandes baies à croisées de pierre sont mises en œuvre au premier étage. D’autres baies sont, probablement, créées au deuxième étage, mais il n’en demeure aucune trace du fait des ouvertures actuelles. Dans un second temps, une porte, non prévue lors de la construction de l’escalier, est percée dans le mur sud pour relier l’espace 1 donnant sur la rue des Trois-Carreaux, le mur oriental de l’espace 1 n’existant pas. La construction de cette porte entraîne la disparition de la baie FE 29 avec encadrement au plâtre percée dans le mur sud de l’espace 1 fonctionnant avant la création de l’escalier (un fragment de corde dans le mortier plâtre de la baie de l’escalier a été prélevé et l’analyse 14C donne une date entre 1336 et 1397).

5Le niveau 3 de l’espace 3 présente l’emploi massif de plusieurs constructions en pan de bois avec piliers porteurs en pierre de taille. Les hourdis montrent un remplissage très peu soigné avec du plâtre, de la brique, de la tuile montrant une construction quelconque. En revanche, l’analyse dendrochronologique des éléments en bois donne un terminus post quem au milieu du xve s. (1435), mais il peut s’agir d’éléments remployés.

6Du côté de la rue des Trois-Carreaux, le plafond peint se développait, initialement, sur une plus grande surface qu’actuellement. En effet, les murs sud et nord de la grande cage d’escalier (espace 5) sont des constructions du xviie s. De plus, du côté sud, il est possible de remarquer que le plafond se poursuivait plus au sud, sur la parcelle voisine. Enfin, la mise au jour du négatif d’une poutre supportant les solives avec des encoches pour les closoirs, marquant la moitié de la salle, montre que le plafond se développait plus vers l’est, à l’emplacement de la cour actuelle, et que l’escalier en vis, construit dans la cour, n’existait pas au moment de la mise en œuvre du plafond.

7Dans les années 1570, Antoine et Louis de Seytres de Caumont divisent la propriété en trois. C’est probablement à partir de cette date que l’escalier en vis dans la cour est construit pour desservir uniquement l’espace 1 sur la rue des Trois-Carreaux. Une partie du plafond bois peint présent dans les espaces 1 et 5 est démonté pour pouvoir créer la cour et l’escalier en vis. La création de ce dernier entraîne une modification du plafond bois du niveau 1 de l’espace 5.

8L’espace 4 semble gagné sur la cour à ce moment. Il est accessible par une porte percée sur la face orientale de l’escalier en vis présent dans la cour aux premier et deuxième étages. Il est gagné sur la cour au moment où le grand escalier d’entrée est créé. Pour ce faire, une partie du plafond donnant sur la rue des Trois-Carreaux est démonté et placé en remploi dans l’espace 4 : le décor sur les couvre-joints est identique, la poutre surdimensionnée au niveau 1 de l’espace 4 montre qu’elle n’était pas prévue, à l’origine, pour cet espace restreint. L’escalier en vis (ESC 55) s’appuie contre le mur oriental de l’espace 4 et en partie contre une fenêtre préexistante qui éclaire le bâtiment plus au sud (parcelle voisine). Au niveau de l’espace 1, un cloisonnement est opéré ; à la place d’une probable poutre du plafond peint, le mur oriental est construit pour servir, d’une part, de support au plafond peint et, d’autre part, de séparation avec le reste du bâtiment.

9Au début du xviie s., Georges Carrat est l’unique propriétaire de l’ensemble étudié. C’est peut-être à lui que nous devons la création de la grande cage d’escalier sur la rue des Trois-Carreaux. La porte d’entrée, avec son ornementation, laisse à penser à une mise en œuvre du xviie s. La construction de la grande cage d’escalier (ESC 54) montre le désir de réunir le bâtiment avec un seul accès. Pour ce faire, les murs nord (MR 5) et sud (MR 59) de la grande cage d’escalier sont construits en appareil de pierre de taille en calcaire blanc.

10Les fenêtres donnant sur la place du Change sont modifiées : au premier étage, les ouvertures médiévales sont réduites pour laisser place à des baies de tradition classique et les linteaux sont modifiés.

11Cette étude de bâti, couplée à une étude archivistique, a permis de restituer l’évolution du bâti de deux hôtels particuliers situés dans le cœur économique de la cité des Papes depuis le xiiie s. jusqu’à l’époque contemporaine.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Relevé en plan du niveau 1
Légende Échelle : 1/100.
Crédits Relevé : Agence Escande ; DAO : Agence Escande, R. Gagon (SADV).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/187481/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 751k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Guilhem Baro, Raphaël Gagon, « Avignon – Place du Change » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Provence-Alpes-Côte d’Azur, mis en ligne le 26 février 2025, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/187481

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Auteurs

Guilhem Baro

SADV

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Raphaël Gagon

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Responsable d’opération

Guilhem Baro

SADV

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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