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AccueilRégionsAuvergne-Rhône-Alpes201907 – ArdècheVallon-Pont-d’Arc – Grotte d’Ebbou

2019
07 – Ardèche

Vallon-Pont-d’Arc – Grotte d’Ebbou

Relevé d’art rupestre (2019)
Responsable d’opération : Bernard Gély

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Ministère de la Culture

Gély B. 2019 : La grotte d’Ebbou à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche). Relevés d’art pariétal. Approche technologique des gravures paléolithiques dans leur contexte archéologique et paléo-environnemental, rapport 2019, Lyon, SRA.

Texte intégral

1Le gisement préhistorique situé sous le porche de cette importante cavité est fouillé depuis la fin du xixe s. Les gravures, qui auraient été mentionnées dès 1873 par Jules Ollier de Marichard, ont été retrouvées vers 1940-1945 et étudiées en moins de quinze jours, en 1946, par André Glory. La grotte a été classée au titre des Monuments historiques en 1947. Après avoir été livrée au tourisme jusqu’en 1964, la fermeture au public fut imposée, compte tenu des importants dégâts survenus : décaissement du sol pour faciliter la circulation des petits groupes jusqu’à la salle ornée, bris de concrétions, nombreux graffitis dont une dizaine de gravures maladroites juxtaposées aux figures préhistoriques.

2D’autre part, les premiers relevés d’art, pratiqués en appliquant des calques directement sur la paroi, et des moulages réalisés avec des matériaux vulnérants ont également été néfastes : les frottements induits contre les parois ont effacé partiellement certaines gravures.

3Une étude globale d’Ebbou fut menée dans le cadre d’un programme de recherche sur l’art des gorges de l’Ardèche, élaboré par Jean Combier. Entre 1962 et 1968, des campagnes permirent de topographier la grotte, de fouiller à l’entrée de la cavité, d’inventorier les figures et de les photographier. Les relevés d’art pariétal ont été effectués par Ludovic Chabredier. Enfin, une étude sur l’aspect technologique des œuvres a été conduite de 1995 à 1999 par une équipe dirigée par Philippe Novel. Il s’agissait de préciser les modes de réalisation des gravures, à travers la décomposition des gestes du graveur et de chercher à identifier l’utilisation d’un même outil sur différentes figures. Ces travaux sont restés inédits.

4La grotte d’Ebbou est située dans la partie supérieure des gorges de l’Ardèche, légèrement en aval du Pont d’Arc, au niveau du méandre du Pas de Mousse. Elle dispose de plusieurs entrées : le porche le plus vaste, à une vingtaine de mètres au-dessus de la rive droite de la rivière, est visible depuis l’escarpement où s’ouvre Chauvet. L’ensemble de la cavité mesure 350 m de long environ. Depuis le porche, on chemine d’abord dans une étroite galerie concrétionnée, longue d’une centaine de mètres, puis les parois s’évasent, pour former une sorte de salle aux reliefs tourmentés, où sont concentrées les gravures, à 110 m de l’entrée.

Fig. 1 – Principale zone ornée, ici devant le panneau du Grand Aurochs

Fig. 1 – Principale zone ornée, ici devant le panneau du Grand Aurochs

Cliché : B. Gély.

5Le dernier recensement fait état de 69 gravures paléolithiques authentiques. Outre les signes, relativement peu nombreux, le bestiaire est composé de 19 chevaux, 10 aurochs, 6 bouquetins, 4 cerfs, 2 bisons, 1 mammouth, 1 félin, 1 éventuel ours, et 12 autres figures animales indéterminables compte tenu de leur schématisation poussée. En effet, le « style d’Ebbou », particulièrement dépouillé, se développe sur des reliefs souvent marqués. Un tracé assuré met en place des silhouettes, avec un minimum de détails anatomiques, rendant parfois la détermination spécifique très délicate, voire impossible. En fait, ici, l’attention fut particulièrement portée sur l’exploitation subtile du relief naturel afin de restituer au mieux les volumes corporels des bêtes.

Fig. 2 – Cheval 45 (assemblage de 50 photographies)

Fig. 2 – Cheval 45 (assemblage de 50 photographies)

Clichés : A. Dubouloz.

6Enfin, l’étude technologique des tracés réalisée en 1995-1999 confirme qu’il s’agissait pour l’essentiel d’une décoration assez homogène. Cette dernière étude est fondée sur l’enregistrement détaillé des stigmates de réalisation des gravures. En effet, malgré les dégradations survenues jusqu’en 1964 au cours de l’exploitation touristique du site, la conservation est en général assez bonne : la plupart des tracés sont lisibles, les fonds de traits analysables et des superpositions observables. Il est donc possible de déterminer les caractéristiques techniques de chaque représentation au point de reconnaître l’outil employé, et donc, a priori, l’artiste.

7Les gravures de la grotte d’Ebbou ne sont pas datées, sauf pour un avant-train de bison qui, stylistiquement, paraît bien être lié à l’occupation magdalénienne révélée par les fouilles anciennes dans le porche. Pour le reste des œuvres, et en l’absence de contexte archéologique immédiat, les travaux récents ont confirmé qu’il s’agissait d’une décoration assez homogène, qui se rattacherait à une seule et même période, mais avec des phases successives.

8Des travaux ont été à nouveau engagés dans la cavité en prévision d’une publication des études technologiques (titre provisoire : Les gravures paléolithiques de la grotte d’Ebbou : approche technologique des œuvres dans leur contexte archéologique et paléoenvironnemental).

9L’année 2019 a été consacrée à la préparation du projet triannuel de recherche (2020-2022). Elle a donc surtout été consacrée à une appropriation des données disponibles sur la cavité. Il s’agissait moins de réactualiser la lecture technologique des gravures qui a déjà été réalisée depuis plusieurs années, que d’actualiser leur rendu graphique en vue de publication monographique (ouvrage collectif), aujourd’hui par une numérisation des relevés originaux et autres archives afférentes (états de surface, etc.).

10Publier une grotte ornée impose dorénavant de compléter leur contextualisation (datation sur spéléothèmes, évolution des remplissages, activités ursine) en vue de resserrer la période de réalisation, puisqu’aucun élément chronologique (hormis la recherche de comparaisons stylistiques) n’est directement disponible dans le secteur orné, qui n’est pas concrétionné.

11L’essentiel de l’activité de cette année préparatoire a donc été en direction de la documentation, qu’elle soit ancienne (archives sur l’ensemble de la cavité depuis 1945) ou plus récente (travaux Novel ciblés sur l’art pariétal). Il s’agissait également de préparer les modalités des interventions futures et prélèvements dans le cadre d’une opération triennale.

Travaux réalisés hors de la cavité

12Recherche et dépouillement de fonds documentaires d’origines diverses :

  • historiques (déroutement de la découverte) ;
  • scientifiques (études pariétales, fouilles, etc.) ;
  • iconographiques (photographies, relevés, topographies, etc.) ;
  • administratifs (classement Monument historique, effractions, etc.) ;
  • techniques (aménagements touristiques réalisés et projetés).

13Numérisation de la documentation à caractères scientifique et technique :

  • numérisation et traitement d’une sélection de clichés argentiques antérieurs (étude Novel) ;
  • numérisation des différents types de relevés effectués lors de l’étude Novel entre 1995 et 1998 : relevés technologiques mis au net ;
  • relevés d’états de parois mis au net afin de pouvoir procéder numériquement à leur superposition ;
  • numérisation des relevés de figures à l’échelle 1 réalisés par Chabredier entre 1964 et 1966 (documentation de la Cité de la Préhistoire d’Orgnac), sur la base desquels ont été réalisés les relevés Novel ;
  • numérisation de certains documents d’archives techniques préalables aux travaux d’aménagement.

Travaux réalisés dans la cavité en 2019

14Ils se sont déroulés selon trois axes principaux :

  • prises de vues complémentaires des figures (vues d’ensemble et de détails macroscopiques, tests de mise au point de nouveaux procédés photographiques) ;

  • identification des points de prélèvements (sédiments bioturbés, spéléothèmes, microcharbons, dépôts noirs sur les parois, etc.) et remplacements de logs stratigraphiques sur des coupes naturelles ou artificielles (aménagements touristiques) à réaliser lors des campagnes de l’opération triannuelle suivante (2020-2022) ;

  • étude de la faisabilité de tests non vulnérants pour la caractérisation des dépôts noirs repérés en de nombreux emplacements (plafonds et parois ornés ou non) sur l’ensemble de la cavité.

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Bibliographie

Novel P. 1995 : Grotte d’Ebbou (Vallon Pont d’Arc, Ardèche). Bilan des travaux effectués lors de la campagne 1995.

Novel P. 1996 : Grotte d’Ebbou (Vallon Pont d’Arc, Ardèche). Bilan des travaux effectués lors de la campagne 1996.

Novel P. 1997 : Grotte d’Ebbou (Vallon Pont d’Arc, Ardèche). Bilan des travaux effectués lors de la campagne 1997.

Novel P. 1998 : Grotte d’Ebbou (Vallon Pont d’Arc, Ardèche). Bilan des travaux effectués lors de la campagne 1996 à 1998.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Principale zone ornée, ici devant le panneau du Grand Aurochs
Crédits Cliché : B. Gély.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/188306/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 339k
Titre Fig. 2 – Cheval 45 (assemblage de 50 photographies)
Crédits Clichés : A. Dubouloz.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/188306/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Bernard Gély, « Vallon-Pont-d’Arc – Grotte d’Ebbou » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 12 juin 2025, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/188306

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Auteur

Bernard Gély

Drac Auvergne-Rhône-Alpes (service régional de l’archéologie)

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Responsable d’opération

Bernard Gély

Drac Auvergne-Rhône-Alpes (service régional de l’archéologie)

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Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

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