1Cette opération de diagnostic archéologique intervient en amont de l’élargissement de l’autoroute A46 nord, sur la section Anse-Genay, mené par la société des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR). Cette section de l’autoroute concerne à la fois le département de l’Ain, et plus particulièrement la commune de Massieux, et le département du Rhône et la commune de Quincieux. Cette opération de grande ampleur a été découpée en cinq tronçons, ou « secteurs », qui correspondent à des zones spécifiques du tracé.

2Le secteur 1, situé sur la commune de Massieux correspond au lieu-dit « La Genetière ». Sa superficie est de 0,53 ha environ. Le secteur 2, situé sur la commune de Quincieux, au lieu-dit « Les Mouilles », a une superficie d’environ 0,55 ha. Le secteur 3, situé sur la commune de Quincieux, au lieu-dit « Lima » a une superficie d’environ 0,9 ha. Le secteur 4, situé à Quincieux, au lieu-dit « Terres de Vaux » a une superficie d’environ 15,45 ha. Enfin, le secteur 5, situé également à Quincieux, au niveau du lieu-dit « Prés Dessous » a une superficie, pour la partie nord, d’environ 2 ha, et pour la partie sud d’environ 0,44 ha. Sur l’ensemble de l’opération, 381 sondages ont été réalisés.

3Toutes les parcelles concernées bordent l’autoroute A46 nord dont elles vont constituer l’extension. Elles correspondent majoritairement à des pâturages ou à des champs, et sont situées en zones inondables. À l’exception du secteur 4 qui présente une butte, les parcelles concernées sont globalement planes. D’un point de vue géologique, les terrains concernés sont situés sur la commune de Quincieux principalement, et s’inscrivent en aval de la confluence Saône-Azergues dans la vaste plaine bressane méridionale, ou fossé tectonique bressan, drainée par la Saône. Le présent diagnostic se tient majoritairement (secteur ) sur la terrasse würmienne de Quincieux. Les autres secteurs sont dans le lit majeur de la Saône noté Fz, soit dans les bras morts encore en cours de comblement (secteurs 1 et 5), soit sur la berge (secteurs 2 et 3).

4La présence de l’homme dans ce secteur de la vallée de la Saône est constatée dès la Préhistoire, même si les vestiges observés pour cette période sont rares. Les vestiges les mieux documentés concernent la Protohistoire, essentiellement au niveau des lieux-dits « Grange-Rouge » et « Lima » à Quincieux, qui ont fait l’objet de fouilles réalisées en amont de la construction de l’autoroute à la fin des années 1980. L’Antiquité et le Moyen Âge sont représentés ponctuellement, et surtout par des découvertes anciennes.

5Les 27,7 ha impactés par l’élargissement de l’autoroute A46 nord représentent donc une large fenêtre spatiale sur les marges de la commune de Quincieux et de Massieux, ainsi qu’un moyen de mieux documenter les occupations préalablement identifiées au niveau du secteur 4.

6Cette opération de diagnostic a permis de mettre en évidence la présence de nombreux faits, dont une grande partie n’est pas ou mal datée. Le secteur 1, situé sur la commune de Massieux, a livré essentiellement des structures à galets chauffés, de datation Néolithique. Ces structures sont associées à un niveau qui livre de la céramique susceptible d’être datée de la même période, sans que nous puissions déterminer s’il s’agit véritablement d’un niveau de sol. Ces vestiges néolithiques sont recouverts par une couche qui a livré de la céramique protohistorique, de datation variable suivant les lots céramiques, ce qui implique, soit un fort déplacement de niveaux, lié à des crues (?) soit, ce qui est plus vraisemblable, une difficulté de lecture au sein de cette couche limoneuse et, somme toute, homogène, qui aurait empêché la reconnaissance d’un autre niveau. La pente naturelle du terrain, d’est en ouest, semble avoir privilégié une conservation des vestiges situés à l’ouest, alors que l’est de la parcelle se révèle plutôt stérile, peut-être suite à un phénomène d’érosion.

7Le secteur 2, situé sur la commune de Quincieux, a livré essentiellement des fossés de datation indéterminée. Il pourrait s’agir d’un système parcellaire complexe, car certains fossés semblent être liés, même si ces liens n’ont pu être caractérisés. Tous sont comblés par le même sédiment, et présentent clairement des fonctions drainantes, dans une zone très hydromorphe. Néanmoins, la fonction de marqueurs parcellaires n’est pas à exclure, compte tenu de leur organisation.

8Les seules fosses découvertes semblent liées à une utilisation récente de ce secteur, peut-être en lien avec des arbres brûlés, sans doute lors de la transformation de cet espace de pâture en cultures.

9Le secteur 3, situé sur la commune de Quincieux, a permis de mettre en évidence une unique structure de petit diamètre, un trou de poteau isolé. Notons cependant que nous sommes situés à proximité immédiate du site de Lima découvert lors de la construction de l’autoroute A46, et que cette structure pourrait peut-être être l’unique marqueur d’extension de ce site au nord-ouest.

10Le secteur 4, le plus grand secteur de cette opération (15,5 ha environ), situé sur la commune de Quincieux, a permis de mettre en évidence différentes occupations, plus ou moins denses et de datation diverse (Néolithique, âge du Bronze, âge du Fer, Antiquité, et époque médiévale).

11Nous sommes ainsi en présence de différents espaces : un espace partiellement stratifié, à l’est, présentant néanmoins des zones aux vestiges relativement regroupés, un espace présentant une forte densité de vestiges (nord et centre-nord) mais pas ou peu stratifiés, alors que l’on constate à d’autres endroits (au centre et à l’est) une dilatation de l’occupation sur une zone peu ou pas stratifiée.

12L’occupation la plus ancienne attestée sur ce secteur 4 est néolithique, et semble très dispersée, avec deux fosses identifiées dans l’angle nord-est et un fossé au sud.

13L’occupation de l’âge du Bronze (Bronze final 2b/3a) identifiée sur tout le secteur 4 se caractérise par la présence de nombreuses fosses, voire de silos, répartis en batterie un peu partout, avec une prédominance à l’est et au nord. Aucun des trous de poteau découverts n’a pu être daté, ce qui nous empêche de déterminer si des structures d’habitat étaient présentes, mais cela semble tout à fait possible vu le mobilier céramique identifié. Une fosse de dépôt secondaire de résidus de crémation en vase, datée de la même période et découverte au sud de la parcelle, pourrait correspondre à la suite de la nécropole identifiée sous l’autoroute déjà construite (sur le site Grange Rouge 3).

14L’organisation identifiée lors de ce diagnostic, pour la période de l’âge du Bronze, dans les limites des découvertes réalisées, évoque plus un habitat groupé qu’une unique unité d’exploitation de type ferme. Nous sommes donc peut-être en présence d’un véritable terroir organisé, avec plusieurs exploitations. Notons également l’exceptionnel lien existant entre la nécropole et l’habitat, qui est rarement identifié pour cette période.

15L’occupation de l’âge du Fer (Hallstatt) n’est définie que par une unique fosse, mais il est tout à fait plausible qu’une partie des vestiges datés « protohistoire indéterminée » découvert un peu partout sur le site y participe. La présence de plusieurs sites laténiens découverts sous le tracé actuel de l’autoroute A46 implique que le secteur 4 pourrait également constituer l’extension de ces occupations.

16L’occupation gallo-romaine est assez étendue, puisqu’elle va de la bordure nord de l’emprise jusqu’au centre de la parcelle. Elle semble se caractériser par des structures de tailles importantes, correspondant peut-être à des fonds de cabane. Deux datations différentes ont été identifiées, Haut-Empire et Bas-Empire. La fonction de telles structures reste indéterminée en l’état de nos connaissances. Il est difficile de statuer sur cette occupation, à savoir si elle est ponctuelle, ou s’il s’agit d’une occupation de plus grande ampleur.

17Les fossés qui ont été découverts dans cet espace ont souvent livrés des fragments de tuile, et pourraient tout à fait constituer des jalons marquants de cette (ces ?) occupation(s) antique(s).

18L’occupation médiévale se caractérise par la présence de fonds de cabane et de fosses, essentiellement localisés au nord et au centre nord. Ces structures peuvent être associées à de l’habitat ou à des structures annexes liées à un habitat. D’autres structures ont été découvertes sur le reste de la parcelle, plus isolées. Deux datations ont été mises en avant : haut Moyen Âge et Moyen Âge classique.

19Les découvertes réalisées sur ce secteur 4 mettent en avant une persistance de l’occupation sur les mêmes emplacements (est et nord), ainsi que la conservation différenciée des niveaux qui les séparent (plus importants à l’est). Le réseau fossoyé identifié est complexe et difficile à appréhender, compte tenu du grand nombre de tronçons découverts. Il est possible que nous soyons en présence d’un réseau parcellaire et/ou d’enclos multiples, et de datations diverses. L’ancienneté de l’axe formé par la route qui longe la parcelle au nord est également un élément remarquable, ainsi qu’un possible facteur de concentration des occupations sur la zone nord.

20Cet espace semble subir une réoccupation sur plusieurs périodes (âge du Bronze, âge du Fer, Antiquité et Moyen Âge), ce qui atteste de son importance à toutes les époques. Cette occupation semble de grande ampleur, puisqu’elle impacte quasi systématiquement tout l’espace sondé sur le secteur 4.

21Le secteur 5, situé également sur Quincieux, a livré de nombreuses fosses et fossés, dans un environnement peu favorable à l’observation archéologique, en raison de la remontée rapide de la nappe phréatique dans les sondages. L’ensemble des structures découvertes semble attester d’une véritable occupation de ces zones aux périodes protohistoriques, avec, très certainement, une petite installation à la période néolithique. Outre les structures identifiées, notons la présence de nombreux fragments de céramiques retrouvés majoritairement dans l’US 5039 et l’US 5059, qui attestent d’une occupation aux périodes protohistoriques, voire néolithique, de ce secteur. Par la suite, se développe un système fossoyé dont la datation reste incertaine. Du système parcellaire napoléonien, seul subsiste le chemin ST6. Un système contemporain de fossés drainants a également été identifié.

22Cette opération a donc permis d’attester le caractère relativement attractif de la terrasse (secteur 4), et des abords de la Saône (secteur 1). Les autres espaces semblent avoir été occupés, ou du moins avoir fait l’objet d’occupations ponctuelles (secteurs 2, 3 et 5).