Bazoches-lès-Bray – Le Tureau à l’Oseille
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Année de l'opération :
1996Sujets :
paléochenal, fosse, dépotoir, fosse-dépotoir, bâtiment sur poteaux, trou de poteau, poterie, céramique néolithique, céramique protohistorique, céramique de l'Age du bronze, céramique de l'Age du fer, outil, fusaïole, perçoir, ustensile, cuiller, industrie lithique, denticulé, grattoir, racloir, racloir à encoches, pièce esquillée, armature, armature perçante, armature bifaciale, armature foliacée, armature tranchante, objet en os, parure, bijou, bracelet, pointe de projectile, pointe de flèche, silexChronologie :
Préhistoire, Néolithique, Néolithique final, Protohistoire, âge du Bronze, Bronze final, Bronze final III, Bronze final III b, âge du Fer, Premier âge du Fer, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romainNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Afan
Texte intégral
1Le gisement archéologique de Bazoches-lès-Bray se caractérise principalement par une occupation du Néolithique final en bord de chenal, des vestiges protohistoriques (Bronze final IIIb, premier âge du Fer) et un petit établissement gallo-romain. Ce gisement est inclus dans le périmètre d’exploitation d’une vaste carrière de l’entreprise GSM, dont l’emprise totale atteindra 85 ha et dont l’exploitation, démarrée en 1988, sera achevée avec la parcelle du Tureau à l’Oseille. Le site est localisé en rive gauche de la Seine, à 600 m environ au sud-est de son cours actuel. Ce secteur, caractéristique de la Bassée, est constitué de deux grands dômes sablo-graveleux séparés par des paléochenaux aux remplissages tourbeux et argileux. C’est sur l’un d’eux qu’est localisé le site, sur une surface d’environ 3 ha si on inclut la largeur du chenal.
2Les vestiges du Néolithique final ont été découverts à l’occasion de l’étude des relations entre l’installation gallo-romaine et son dépotoir, situés sur la bordure sud du chenal, grâce à des sondages manuels et mécaniques. Des sondages complémentaires à l’ouest et au nord-ouest du dôme ont montré que l’occupation néolithique s’étendait sur une surface bien plus importante, sur tout le tracé du chenal, et que le mobilier était en quantité importante, notamment au nord-ouest. La découverte de vestiges aussi denses du Néolithique final est une première en Bassée car, si les sépultures du IIIe millénaire sont connues (Marolles, Les Gours aux Lions ; Grisy, Les Rouqueux ; Balloy, Les Réaudins ; etc.), des restes d’habitats tangibles de cette période faisaient, jusqu’à maintenant, défaut dans la région. Ce site offre donc la possibilité de documenter la culture matérielle du IIIe millénaire. Par ailleurs, la présence du milieu humide, offerte par les niveaux tourbeux et argileux du chenal, autorise une approche paléoenvironnementale complète.
3L’importance du chenal dans la découverte et dans l’implantation des vestiges archéologiques est ici de premier ordre. En effet, l’essentiel du matériel du Néolithique final est localisé sur la bordure du chenal. Il fallait donc comprendre la nature des dépôts de matériel dans ces zones basses plus ou moins palustres et donc peu favorables, a priori, à une installation humaine. L’étude de la topographie du site, de l’implantation des structures archéologiques et des vestiges ainsi que la cartographie des formations superficielles et l’observation des séquences sédimentaires permettent de résumer comme suit l’histoire du chenal.
4L’entaille du premier chenal s’est réalisée à une période indéterminée ; son tracé est scindé en deux bras qui ont contourné le dôme de graviers à l’ouest et au sud. Son colmatage démarre par la mise en place d’un niveau argileux gris (postglaciaire ?), et se poursuit par une succession de niveaux tourbeux et argileux, attestant d’une sédimentation lente en eau stagnante. Les derniers épisodes sédimentaires qui ont pu être observés concernent le lit majeur du bras ouest et sont caractérisés par des argiles oxydées dont un des niveaux a été exploité par les Néolithiques. On retrouve ces niveaux argileux au sud, mais sous forme de lambeau. Au Néolithique moyen, le fleuve reprend temporairement une certaine activité au sud tandis que la sédimentation argileuse se poursuit à l’ouest. Cette reprise d’activité permet l’entaille d’un second chenal puis d’un troisième recoupant le bras sud. Mais ces épisodes actifs sont ponctuels et un niveau de tourbe commence à se former dans le fond de l’un d’eux. L’une des poches de tourbe est soit contemporaine, soit immédiatement postérieure au Néolithique final (présence de vestiges de cette période). Après le Néolithique final, le fleuve fait preuve, à nouveau, d’une compétence importante mais le bras ouest est définitivement comblé et le chenal contourne le dôme de gravier toujours par le sud. Ces épisodes actifs, parmi les plus récents, sont à l’origine de la destruction, au sud, d’une partie des sédiments argileux correspondant à la fin du colmatage du premier chenal ; ils sont également responsables du remaniement, dans ce secteur, des occupations néolithiques et protohistoriques, voire gallo-romaines.
5Les structures du Néolithique final sont principalement situées au nord-ouest du site, dans le remplissage terminal, argileux, du premier chenal. Il s’agit d’une petite dizaine de fosses peu profondes, à profil en cuvette, de forme et de dimensions irrégulières. Aucune organisation ne semble présider à leur répartition, si ce n’est le fait qu’elles sont toutes implantées dans l’argile. L’étude de leur implantation montre que le creusement de ces structures traverse l’argile mais s’interrompt systématiquement au contact de la couche sous-jacente, un limon argileux beaucoup plus sableux. Cette observation pourrait indiquer qu’il s’agit de fosses d’extraction d’argile, pour la construction et/ou pour la fabrication des récipients céramiques, ce qui expliquerait leur désordre apparent. Ces fosses contiennent du mobilier (céramique, faune, lithique) et elles ont aussi servi de dépotoir. En revanche, le matériel contenu au sommet de leur remplissage, qui marque l’emplacement de ces fosses très peu lisibles en surface de l’argile, pourrait provenir du démantèlement d’un niveau d’habitat situé à proximité, sur le dôme sablo-graveleux. Les vestiges mobiliers se seraient alors trouvés piégés dans les légères dépressions formées par le sommet de ces fosses.
6La céramique est relativement abondante (environ 60 kg). Son aspect est très homogène : il s’agit d’une céramique à parois épaisses, à pâte très grossière, de couleur rouge orangé sur les surfaces et grise à noire au cœur. Elle est lissée aux doigts et comporte de gros grains de dégraissant. On remarque de nombreux fonds plats dont certains sont légèrement débordants. Les hauts de panse se caractérisent par des rebords amincis ou arrondis. Ils sont soit rectilignes, soit légèrement rentrants, soit évasés. Ces éléments laissent à penser qu’il s’agit, pour l’essentiel, de grands vases à profil galbé ou rectiligne. Les languettes sont nombreuses et devaient se situer sur le haut de panse. L’une d’elles est associée à un décor formé par une double ligne d’impressions au doigt ou à la baguette. Enfin, il existe des fusaïoles en terre cuite et des fragments de cuillers à manche aplati.
7L’industrie du silex est très abondante (plus de 300 kg). L’élément remarquable de cette industrie est la présence, en grand nombre, d’éclats de taille bifaciale (éclats taillés par percussion tendre, à profil incurvé, à talon incliné portant des contre-bulbes, à avers caractérisé par des négatifs d’enlèvements centripètes) qui attestent d’une production de pièces bifaciales sur le site, probablement des lames de haches. Cette composition des éclats s’apparenterait à celle des contextes miniers. À Bazoches, débitage d’éclats et façonnage de pièces bifaciales ont donc probablement coexisté. Du point de vue de l’outillage retouché, on note l’abondance des denticulés, des grattoirs, des pièces esquillées, des perçoirs et l’existence de microdenticulés. Parmi les pièces remarquables, il faut mentionner la présence de nombreux racloirs à encoches, de fragments de pièces en silex du Grand Pressigny et d’une vingtaine d’armatures de flèche (armatures tranchantes, pointes foliacées, pointes losangiques à ergots latéraux, pointes pédonculées à ailerons, pointe à base concave et ailerons très dégagés).
8Il existe également divers manches d’outils aménagés sur des fragments d’andouiller de cerf et plusieurs gaines de hache en bois de cerf. Il s’agit de gaines droites, sans ressaut, de forme tronconique ou cylindrique.
9L’occupation protohistorique (étude R. Peake) comprend des structures domestiques et funéraires localisées sur la butte de graviers. L’habitat se résume par quelques fosses isolées assez pauvres en matériel et par un bâtiment annexe à quatre trous de poteau. L’étude du mobilier s’appuie essentiellement sur le corpus d’une fosse-dépotoir (ST. 56), seule structure ayant livré suffisamment céramique pour mériter une étude approfondie (11 kg). Une comparaison avec les corpus d’autres sites dans la région (Cannes-Écluse, Le Petit Noyer et Marolles-sur-Seine, Le Grand Canton) permet de placer cette occupation au début du premier âge du Fer (viie s. av. J.-C.). La présence importante de céramique du premier âge du Fer dans le paléochenal sud indique que cette occupation a été fortement érodée. Une structure a également livré de la céramique décorée typique du Bronze final IIIb.
10Deux incinérations de l’âge du Bronze ont été localisées au nord du site en limite de décapage. Ne sont conservés que quelques tessons de deux récipients et un bracelet simple en alliage cuivreux. La mauvaise conservation des céramiques et le bracelet atypique ne permettent pas une datation précise de ces dépôts funéraires.
11Malgré les informations modestes qu’a fournies ce petit ensemble, le site protohistorique de Bazoches s’inscrit dans une vision plus globale de l’occupation du premier âge du Fer en Bassée.
12Le secteur gallo-romain (étude J.-M. Séguier) se limite à une très modeste installation de 300 m2 environ située sur la berge nord du chenal sud. La principale structure est un bâtiment carré de 45 m2 daté des iie-iiie s., sur ossature de poteaux à calages, à appentis latéral et sans trace de division interne. Les autres structures sont des constructions suggérées par la présence de trous de poteau sans organisation apparente, ainsi que de très modestes fosses.
13L’occupation, datée entre le milieu du ier s. et le milieu ou la seconde moitié du iiie s., s’est effectuée en bordure d’un chenal actif : un mobilier assez abondant et altéré a été trouvé dans un contexte de tourbe et de graviers, suggérant l’existence d’un dépotoir remanié. Le site du Tureau à l’Oseille est probablement une installation satellite d’un habitat rural plus important ; sa vocation est peut-être de gérer un milieu naturel particulier de manière permanente ou temporaire. D’autres installations d’ampleur tout aussi modeste, sinon plus, sont d’ailleurs connues à proximité, ce qui suggère l’existence d’une série d’annexes spécialisées installées dans le fond alluvial, liées à un même établissement principal.
Table des illustrations
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| Titre | Fig. 1 – Schéma provisoire de l’évolution du système fluviatile |
| URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/214494/img-1.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 461k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Anne Augereau, Jean-Marc Séguier et Rebecca Peake, « Bazoches-lès-Bray – Le Tureau à l’Oseille » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Île-de-France, mis en ligne le 05 septembre 2025, consulté le 12 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/214494
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