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AccueilRégionsOcéan Indien et TAAF2012La RéunionCilaos – Vallée Secrète

2012
La Réunion

Cilaos – Vallée Secrète

Fouille programmée (2011-2012)
Responsable d’opération : Anne-Laure Dijoux
Notice rédigée avec Édouard Jacquot

Texte intégral

1En 1995, des traces de vie humaine étaient découvertes dans les Hauts de Cilaos lors d’une expédition ornithologique menée par le guide de haute montagne Pascal Colas, dans un lieu inexploré qu’il nomma Vallée Secrète. En juillet 2011 puis juillet 2012, deux expéditions archéologiques ont été organisées afin de caractériser ce site. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche universitaire, un doctorat d’archéologie à l’université Paris-I, portant sur les modalités de l’occupation des Hauts de La Réunion par les esclaves fugitifs dits marrons et les « Petits-Blancs », mené par Anne-Laure Dijoux depuis 2008. Plusieurs prospections inventaires avaient déjà été lancées entre 2008 et 2010, permettant notamment le repérage de nombreuses occupations humaines dans les Hauts, dans les trois cirques du massif du Piton des Neiges. La mise en place d’un service étude et patrimoine au Parc national de La Réunion, d’une part, et d’un service régional de l’archéologie à la Direction des affaires culturelles - océan Indien, d’autre part, a permis d’apporter enfin un solide socle administratif, scientifique et technique à l’organisation de missions d’envergure sur le terrain.

2La Vallée Secrète, par sa situation topographique extrême, encaissée entre deux falaises étroites (fig. 1 et 2) et culminant à plus de 2 000 m d’altitude, représente un défi logistique, très éloigné d’un chantier archéologique classique.

Fig. 1 – Vue extérieure du défilé de la Vallée Secrète

Fig. 1 – Vue extérieure du défilé de la Vallée Secrète

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 2 – Vue intérieure du défilé de la Vallée Secrète

Fig. 2 – Vue intérieure du défilé de la Vallée Secrète

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

3Le site est uniquement accessible en descente en rappel, ou par voie aérienne, en hélicoptère, sans atterrissage ni retournement possible pour l’aéronef, manœuvre complexe même pour un pilote expérimenté. C’est ce dernier mode de transport qui a été retenu pour l’acheminement des moyens humains et matériels importants indispensables à un travail en autonomie complète sur place pendant plusieurs jours. Plusieurs rotations ont été nécessaires à l’aller et au retour (fig. 3). Les 500 kg de matériel ont été acheminés en big-bag (fig. 4), et la dépose de l’équipe effectuée en appui-patin (fig. 5). De surcroît, les expéditions ont été organisées pendant l’hiver austral, pour éviter de perturber la nidification des oiseaux, et selon des règles de vie très strictes afin de limiter leur impact écologique. Le site est en effet protégé au cœur du Parc national de La Réunion, créé en 2007 et du bien inscrit en 2010 au patrimoine mondial de l’humanité, sous l’appellation « Pitons, cirques et remparts » (un « rempart » désigne à La Réunion une haute falaise subverticale).

Fig. 3 – Hélicoptère en approche de la Vallée Secrète

Fig. 3 – Hélicoptère en approche de la Vallée Secrète

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 4 – Enlèvement du matériel en big-bag

Fig. 4 – Enlèvement du matériel en big-bag

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 5 – Dépose de l’équipe en appui-patin

Fig. 5 – Dépose de l’équipe en appui-patin

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

4Grâce à son isolement et son inaccessibilité, la Vallée Secrète est restée à l’abri de tentatives de réoccupation ultérieures. La topographie du site permet une totale dissimulation et à ce titre correspond parfaitement aux critères de choix qui ont pu guider les esclaves marrons : une grande visibilité à partir des deux points d’observation amont et aval offrant des postes de guet imprenables, et l’impossibilité totale d’être vu dans la zone où ont été découverts les vestiges.

5La zone archéologique s’étend au centre de la vallée sur 35 m de long et 10 m de large (fig. 6).

Fig. 6 – Relevé axonométrique de la partie centrale de la Vallée Secrète

Fig. 6 – Relevé axonométrique de la partie centrale de la Vallée Secrète

Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS).

6Les traces anthropiques comprennent, à l’ouest, une plateforme présentant des ossements de faune en surface (Str. no 3) et à l’est, deux structures aménagées en pierres sèches (Str. no 1 et no 2), adossées au pied de falaise de sorte qu’elles sont en partie abritées par un porche naturel formé par la roche, au nord (fig. 7).

Fig. 7 – Vue des structures de pierre sèche Str. no 1 et no 2

Fig. 7 – Vue des structures de pierre sèche Str. no 1 et no 2

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

7Orientées nord-sud, ces structures présentent chacune une ouverture dans leur mur sud. Trois sondages ont été réalisés dans les deux structures bâties, à l’intérieur desquelles plusieurs unités stratigraphiques témoignent d’occupations anthropiques en place (fig. 8,  9 et 10).

Fig. 8 – Vue de la Str. no 2 avant la fouille, couche superficielle US1

Fig. 8 – Vue de la Str. no 2 avant la fouille, couche superficielle US1

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 9 – Vue de la Str. no 2 en cours de fouille, couche d’occupation US2

Fig. 9 – Vue de la Str. no 2 en cours de fouille, couche d’occupation US2

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 10 – Fouille de la Str. no 2

Fig. 10 – Fouille de la Str. no 2

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

8Quelques perturbations des couches supérieures ont eu lieu à la période de découverte du site, actions qui ont sorti deux objets hors contexte. Les occupations sont caractérisées par un foyer installé au centre de chaque abri, systématiquement associé à de nombreux restes de faune majoritairement aviaire et plus faiblement de faune terrestre (fig. 11 et  12). La nature des niveaux archéologiques suggère une succession d’occupations au sein des abris, utilisés comme habitats temporaires.

Fig. 11 – Profils de la Str. no 2

Fig. 11 – Profils de la Str. no 2

Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS).

Fig. 12 – Plan des US2 et US3 de la Str. no 2

Fig. 12 – Plan des US2 et US3 de la Str. no 2

Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS), modifié par A.-L. Dijoux (université Paris-I).

9Au total plus de mille restes de faune ont été mis au jour dans les sondages. Les analyses archéozoologiques réalisées respectivement par Cécile Mourer-Chauviré pour les restes aviaires, et Jean-Denis Vigne pour les restes terrestres, démontrent un approvisionnement privilégié en ressources alimentaires locales par la capture d’oiseaux, de l’espèce pétrel de Barau (Pterodroma baraui), et uniquement d’individus juvéniles, incapables de voler, capturés directement dans les terriers abondants à proximité du site (fig. 13 et 14). Les pétrels n’étant présents dans la vallée qu’en début d’année, le site constituait probablement un refuge temporaire, viable durant plusieurs mois à cette saison.

Fig. 13 – Ossements de pétrel de Barau

Fig. 13 – Ossements de pétrel de Barau

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

Fig. 14 – Pétrel de Barau juvénile

Fig. 14 – Pétrel de Barau juvénile

Cliché : SÉOR.

10Les quelques restes de mammifères mettent en évidence la consommation de porc/sanglier et de chèvre/mouton, qui indique une indéniable mobilité et une maîtrise de la chasse d’animaux sauvages (au sein ou en dehors du site) ou de la capture d’animaux domestiques dans des zones de plus basse altitude. Le reste de l’année, cette seule ressource était sans doute insuffisante toutefois pour vivre sur le site plus de quelques jours. Enfin, le relevé systématique de la flore réalisé par Jean-Michel Probst a confirmé la présence dans la Vallée Secrète de nombreuses espèces végétales utiles à l’Homme, soit pour leur comestibilité, soit pour leur caractère médicinal. Il n’est pas impossible que ces plantes aient été apportées voire plantées par les groupes humains.

11À l’opposé de la forte densité de restes de faune, le mobilier strictement anthropique est rare. Si un petit outil en fer et un fragment de pierre ayant pu servir d’aiguisoir avaient été ramassés en 1995 hors contexte archéologique (fig. 15), les sondages de 2011-2012 ont mis au jour 21 fragments d’objets de divers matériaux : pipe en terre cuite (NR = 1 ; fig. 16), fer plat (NR = 13), clou en fer forgé (NR = 1) et fragments de silex (NR = 6).

Fig. 15 – Possibles outil en fer et aiguisoir en pierre découverts hors contexte en 1995

Fig. 15 – Possibles outil en fer et aiguisoir en pierre découverts hors contexte en 1995

Clichés : É. Jacquot (Dac-OI).

Fig. 16 – Fragment de tuyau de pipe découvert en contexte en 2011

Fig. 16 – Fragment de tuyau de pipe découvert en contexte en 2011

Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).

12Leur présence traduit des activités domestiques de consommation de substances fumables, d’allumage du feu par les pierres à fusil/à briquet utilisées en tant que percuteurs et d’activités domestiques. Les seuls critères typochronologiques ne permettent pas la datation de ces objets en raison de leur caractère standard et de leur longue période d’utilisation. On a donc eu recours à une datation absolue, couplant la méthode de l’OSL (optically stimulated luminescence) qui prend en compte l’irradiation naturelle que reçoit le sédiment et l’énergie emmagasinée par les rochers l’entourant, et celle de l’ICP-MS (inductively coupled plasma mass spectrometry) qui analyse les éléments chimiques présents. Elle a été réalisée en 2013 au laboratoire Re.S.Artes de Bordeaux par Emmanuel Vartanian. Ces mesures effectuées sur le fragment de pipe ont établi son dernier chauffage en 1822 AD ± 13 ans, soit entre 1809 et 1835 apr. J.-C. L’occupation du site daterait donc du début du xixe s. au moins, soit en pleine période de l’esclavage colonial et avant l’abolition de 1848.

13Les recherches archéologiques ont démontré que le site de la Vallée Secrète a fonctionné à la fois comme un refuge imprenable et une halte de chasse temporaire. Des groupes humains y ont aménagé deux abris afin d’exploiter les ressources alimentaires disponibles en abondance à une période déterminée de l’année, ce dont ils avaient connaissance. La situation topographique extrême du site, les choix d’implantation des abris au centre de la vallée permettant leur dissimulation, et la rareté des objets, indiquant une grande mobilité voire une précarité, convergent pour attribuer la paternité de l’occupation humaine de la Vallée Secrète à des esclaves fugitifs dits marrons. Seuls des humains fuyant des conditions de vie encore plus rudes, notamment celles de l’esclavage, les châtiments ou la mort qui punissaient le marronnage, pouvaient risquer, avec les moyens de l’époque, le voyage nécessaire pour atteindre ce refuge au péril de leur vie.

14Si les archives écrites précisent qu’au début de l’année 1830, 2 453 esclaves étaient portés « marrons dans les bois » (ADR 11/M96), soit près de 3,5 % de la population servile de l’île, aucun document historique n’a jamais mentionné le site de la Vallée Secrète. Les données archéologiques issus des expéditions de 2011 et 2012 sont donc non seulement les seuls éléments de caractérisation de ce site, mais les seuls à La Réunion apportant des indices matériels à la connaissance du grand marronnage. À ce jour, la Vallée Secrète est le seul site fréquenté par des esclaves marrons qui soit confirmé par des recherches scientifiques de terrain. Ces travaux pionniers apportent ainsi une première approche directe de la vie des grands marrons, de leur existence hors du commun, et de leur faculté d’adaptation à un environnement défavorable à l’installation humaine, phénomène qui était auparavant essentiellement documenté par des témoignages écrits indirects, partiels voire partiaux.

15Avec la Vallée Secrète, l’archéologie du marronnage a commencé par le plus singulier des sites. D’autres données sont nécessaires pour caractériser les stratégies d’adaptation et de subsistance des groupes humains successifs et leur habitat au sens strict, en terme de structures d’habitation, et au sens large, en terme de pays habité, que ce soit pour le phénomène du marronnage ou le peuplement créole des Hauts par les « Petits-Blancs », et dont la mémoire a tendance à confondre les vestiges.

16Au-delà, cette opération a constitué un tournant décisif pour l’archéologie réunionnaise, trop longtemps minorée en raison du caractère récent du peuplement de l’île. Les recherches d’Anne-Laure Dijoux à la Vallée Secrète ont définitivement démontré au niveau national et international l’apport inédit de l’archéologie comme discipline scientifique pour la compréhension du passé de La Réunion, et ont constitué à leur tour un socle pour le développement du service de l’État.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Vue extérieure du défilé de la Vallée Secrète
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Fichier image/jpeg, 3,0M
Titre Fig. 2 – Vue intérieure du défilé de la Vallée Secrète
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 2,5M
Titre Fig. 3 – Hélicoptère en approche de la Vallée Secrète
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-3.jpg
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Titre Fig. 4 – Enlèvement du matériel en big-bag
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-4.jpg
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Titre Fig. 5 – Dépose de l’équipe en appui-patin
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-5.jpg
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Titre Fig. 6 – Relevé axonométrique de la partie centrale de la Vallée Secrète
Crédits Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-6.jpg
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Titre Fig. 7 – Vue des structures de pierre sèche Str. no 1 et no 2
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/24481/img-7.jpg
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Titre Fig. 8 – Vue de la Str. no 2 avant la fouille, couche superficielle US1
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Titre Fig. 9 – Vue de la Str. no 2 en cours de fouille, couche d’occupation US2
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Titre Fig. 10 – Fouille de la Str. no 2
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Titre Fig. 11 – Profils de la Str. no 2
Crédits Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS).
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Titre Fig. 12 – Plan des US2 et US3 de la Str. no 2
Crédits Relevé et DAO : V. Dumas (CCJ/CNRS), modifié par A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Titre Fig. 13 – Ossements de pétrel de Barau
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Titre Fig. 14 – Pétrel de Barau juvénile
Crédits Cliché : SÉOR.
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Titre Fig. 15 – Possibles outil en fer et aiguisoir en pierre découverts hors contexte en 1995
Crédits Clichés : É. Jacquot (Dac-OI).
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Titre Fig. 16 – Fragment de tuyau de pipe découvert en contexte en 2011
Crédits Cliché : A.-L. Dijoux (université Paris-I).
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Pour citer cet article

Référence électronique

Anne-Laure Dijoux, Édouard Jacquot, « Cilaos – Vallée Secrète » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Océan Indien et TAAF, mis en ligne le 01 septembre 2019, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/24481

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Auteurs

Anne-Laure Dijoux

Université Paris-I

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Édouard Jacquot

Dac Océan Indien (service régional de l’archéologie)

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Responsable d’opération

Anne-Laure Dijoux

Université Paris-I

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