Les sources salées du Jura : 6 000 ans d’exploitation
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Année de l'opération :
1999Lieux :
France métropolitaine, Bourgogne-Franche-Comté, Département du Jura, Plainoiseau, Grozon, Montmorot, Les Nans, Département de la Haute-Saône, Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin, Lons-le-Saunier, Salins-les-Bains, Saint-Broing, Saulnot, Abergement-la-Ronce, Tourmont, Ouge, Département du Doubs, Cubry, GouhenansNature de l'opération :
projet collectif de rechercheNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : CNRS
Texte intégral
1Ce projet entre dans sa troisième année. Il est fondé sur une systématique des sondages à la tarière ou à la foreuse à proximité de toutes les émergences de saumures naturelles en Franche-Comté, pour repérer d’éventuelles accumulations de charbons de bois et de limons attestant d’anciennes exploitations du sel par le feu ; ces couches sont datées par le radiocarbone AMS, pour réduire au minimum la fourchette des estimations chronologiques. Dans l’attente des résultats radiocarbone, les résultats sont donc toujours décalés d’un an par rapport aux travaux de terrain.
2Sur 157 sources, mares ou prés salés identifiés par la bibliographie et par l’étude des lieux-dits, 37 seulement n’ont pas encore été prospectés au terme de ce programme de trois ans.
3Douze émergences d’eau salée étaient réputées exploitées au Moyen Âge. Il faut maintenant en ajouter une treizième à Plainoiseau (Jura), datée des environs de 924-1023 AD. Les dates radiocarbone, 35 au total, permettent d’ailleurs de faire remonter l’exploitation du sel bien antérieurement aux premiers textes connus pour le Moyen Âge, comme on pouvait s’en douter : Grozon 684-874 AD, Montmorot « L’Étang du Saloir » 662-776 AD, Les Nans 469-649 AD et Scey-sur-Saône 674-887 AD. Cette reprise d’exploitation des sources salées, probablement dès le ve s. av. J.-C., fait suite au hiatus de l’époque romaine.
4Sur toutes les séquences stratigraphiques, sauf pour Salins-les-Bains où un doute demeure encore, l’époque romaine est marquée dans les sédiments par un arrêt total de l’alimentation en charbons de bois. Tout se passe comme si les Romains avaient interdit l’exploitation régionale du sel pour favoriser la vente de leur sel méditerranéen. On ne s’étonnera donc pas de trouver certaines formes architecturales destinées à faire cesser l’exploitation du sel, comme à Grozon, avec un bâtiment monumental (sanctuaire probable) tout à côté de la source principale où la production du sel séquane était peut-être la plus intense.
5De surcroît pour la Tène, l’exploitation du sel vient d’être démontrée à Lons-le-Saunier – 364-123 BC (S1) et 360-128 BC (S2) – avec au moins un cuvelage en bois de sapin croisés, à 8,20 m de profondeur sous le sol actuel du Puits Salé.
6Le premier âge du fer voit les exploitations concentrées sur six sources seulement, comme si était alors privilégié un contexte de contrôle politique fort : Montmorot « L’Étang du Saloir », Lons-le-Saunier « Le Puit Salé », Grozon, Salins-les-Bains (Jura), Saint-Broing et Saulnot (Haute-Saône).
7Au début de l’âge du bronze final (I-IIa) au contraire, le nombre des émergences de saumure exploitées est identique, mais avec une autre répartition géographique : Montmorot « L’Étang du Saloir », Lons-le-Saunier « Le Puits Salé », Abergement-la-Ronce, Tourmont, Grozon, Salins-les-Bains, toutes situées dans le département du Jura.
8On attend encore les dates pour deux sites découverts cette année : Ouge et Cubry en Haute-Saône.
9Quant au Néolithique, les dates les plus anciennes sont maintenant celles de Gouhenans – 3750-3515 BC – et de Grozon – 3965-3726 BC. Ces dates viennent donc confirmer l’hypothèse sur le regroupement des villages fortifiés du Néolithique moyen II en Franche-Comté autour des émergences d’eau salée, au moins dès la première moitié du ive millénaire.
10Ce tableau général reste encore approximatif et nous attendons 19 datations nouvelles pour détailler la géographie politique de l’exploitation du sel en Franche-Comté. Il restera alors à juger des modes techniques de production ; les analyses polliniques et les déterminations des charbons de bois en cours devraient,
11par hypothèse, permettre de nous orienter dans le choix des végétaux trempés dans la saumure et des combustibles utilisés pour les bûchers.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Chronologie de l’exploitation des sources salées en Franche-Comté |
Crédits | P. Pétrequin (CNRS). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/26023/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 388k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Pierre Pétrequin, Olivier Weller, « Les sources salées du Jura : 6 000 ans d’exploitation » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Bourgogne-Franche-Comté, mis en ligne le 01 septembre 2019, consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/26023
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