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2012
Martinique

Le Robert – Îlet Madame

Sondage (2012)
Responsable d’opération : Andrzej Antczak
Notice rédigée avec Magdalena Antczak, Sébastien Perrot-Minnot, Konrad Antczak et Oliver Antczak

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Année de l'opération :

2012

Numéro d’opération :

292

Nature de l'opération :

opération de diagnostic
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Université Simon-Bolivar

Texte intégral

1Le projet « Archéologie des petites îles de la Martinique », commencé en 2006, avec la prospection archéologique de l’Îlet Oscar, s’est poursuivi en 2012 sur l’Îlet Madame, sur la commune du Robert. Sur la base de notre expérience de plusieurs dizaines d’années de recherches systématiques pionnières au large des côtes du Venezuela, nous considérons que les « petites » îles peuvent livrer des informations intéressantes et inattendues sur l’archéologie locale et régionale. Elles ont été considérées, traditionnellement, comme des lieux de peu d’intérêt pour les archéologues, parce que leurs conditions naturelles ne permettaient pas les établissements permanents et, par extension, la réalisation d’activités “importantes” ou “transcendantales”. Cependant, les petites îles faisaient partie intégrante du paysage existentiel et perceptif des sociétés amérindiennes et jouaient indéniablement plusieurs rôles dans leur vie socio-culturelle, politico-économique et idéologique. L’identification de ces rôles représentait l’objectif général de nos recherches.

2Le projet Archéologie des Petites Iles de la Martinique vise ainsi à révéler la nature et les dynamiques des processus socio-culturels, politico-économiques et idéologiques qui ont pu avoir lieu sur les petites îles de la Martinique, en considérant cette dernière île comme le référent principal. Les questions spécifiques auxquelles nous souhaitions répondre étaient les suivantes: quelle est la “biographie” de l’occupation de chacun de ces îlets, dans une perspective socioculturelle diachronique ? Comment les activités associées à chaque île ont-elles pu être liées à d’autres petites îles et à l’île principale de la Martinique, dans les diverses perspectives synchroniques ? Est-il possible d’observer des modèles dans les rôles qu’ont pu jouer les petites îles dans le système d’interaction avec les autres îles, avec l’île de la Martinique et, peut-être, à une échelle macro-régionale ?

3Sur le terrain, les méthodes qui ont été utilisées incluaient la réalisation de prospections pédestres, destinées à obtenir une information systématique sur les phénomènes superficiels. Nous avons ramassé les objets archéologiques en les mettant en relation avec les autres phénomènes culturels et naturels, au moyen du géopositionnement géographique basique. Le matériel archéologique ramassé a été identifié, analysé et documenté (par des photographies et dessins techniques), en fonction de son affiliation chronoculturelle et de son possible usage. Les sites archéologiques ont été classés selon leur composition, leur taille, leur potentiel archéologique (pour de futures fouilles) et les possibles menaces naturelles et anthropiques, et ont été hypothétiquement mis en relation les uns avec les autres. Nous avons aussi utilisé les images satellites, des sources cartographiques et d’autres types d’images accessibles. Par ailleurs, nous avons exploité les sources historiques et ethnohistoriques pertinentes. Enfin, nous nous sommes appuyés sur les résultats d’une enquête orale menée auprès de la population locale et des propriétaires des terrains prospectés.

Îlet Madame

4L’îlet Madame, également connu comme l’îlet La Rose, est localisé près de la côte est de la Martinique, dans la baie du Robert. D’une superficie d’environ 2,86 ha, il est de formation volcanique et couvert d’une végétation luxuriante. Son point le plus élevé culmine à 30 m au-dessus du niveau de la mer. L’étude archéologique de l’îlet Madame a été menée en juillet 2012. Une précédente étude avait été conduite en août 1975 (Souty 1975). À l’époque la plage occidentale de l’îlet semble avoir été le théâtre de travaux de terrassement en vue de la construction de bungalows pour les touristes.

5La première partie de l’étude a consisté en une prospection pédestre systématique. Au cours de cette exploration, tous les secteurs accessibles de l’îlet ont été visités par quatre personnes qui cheminaient en étant séparées l’une de l’autre de 3 m à 5 m. En outre, 16 micro-sondages de 50 x 50 cm chacun ont été réalisés, le long de la côte occidentale (fig. 1 et 2). Le secteur au nord de cette côte, où des tessons de céramique amérindiens ont été collectés en surface et dans les sondages, a été désigné sous le nom de « Site de la plage nord-ouest ». Sur une partie de ce site, à environ 7 m du rivage et à côté d’un terrain en pente ascendante, a été réalisée la tranchée IMD/A/A. La tranchée IMD/A/B, quant à elle, a été ouverte dans la partie centrale de ladite plage, à travers une portion de la plage submergée à marée basse et une autre, recouverte lors de la marée haute.

Fig. 1 – Localisation des sondages sur le Site de la plage nord-ouest, sur l’îlet Madame

Fig. 1 – Localisation des sondages sur le Site de la plage nord-ouest, sur l’îlet Madame

DAO : O. Antczak (université Simon-Bolivar).

Fig. 2 – Coupe est-ouest de la Tranchée IMD/A/B excavée sur le site de la plage nord-occidentale de l’îlet Madame

Fig. 2 – Coupe est-ouest de la Tranchée IMD/A/B excavée sur le site de la plage nord-occidentale de l’îlet Madame

DAO : O. Antczak (université Simon-Bolivar).

6L’étude comparative des caractères diagnostiques de la poterie récupérée dans les tranchées suggère que ce site a été visité par des groupes d’Amérindiens durant les derniers siècles du premier millénaire de notre ère. L’activité humaine s’est intensifiée au cours des trois ou quatre siècles qui ont précédé l’arrivée de Colomb. Bien qu’aucun des artefacts ramassés n’ait été trouvé dans une couche culturelle non-perturbée, nous émettons l’hypothèse que le lieu a accueilli un habitat stable, en raison de la présence de nombreux plats tripodes, des fusaïoles utilisées pour la préparation du coton, de tampons corporels, d’objets en coquillage (qui ont pu être fabriqués in situ à partir des conques de Lobatus gigas), des molettes et d’abondants perçoirs et grattoirs en pierre (fig. 3, 4 et 5). De plus, l’imagerie relativement riche de la poterie reflète les grandes qualités artisanales de ses producteurs et la richesse de leur univers symbolique.

Fig. 3 – Fragments de plats ramassés dans l’eau

Fig. 3 – Fragments de plats ramassés dans l’eau

Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).

Fig. 4 – Fusaïole en céramique décorée ramassée dans l’eau

Fig. 4 – Fusaïole en céramique décorée ramassée dans l’eau

Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).

Fig. 5 – Adorno zoomorphe, couvert d’un engobe rouge, qui ornait le bord d’un bol ouvert

Fig. 5 – Adorno zoomorphe, couvert d’un engobe rouge, qui ornait le bord d’un bol ouvert

Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).

7La poterie appartient principalement à la série suazoïde. On y reconnaît les traits suivants de la céramique suazoïde, inventoriés par Rouse et Allaire (1978, p. 464) :

  • 1) une poterie relativement grossière ;

  • 2) des incisions sans motif ;

  • 3) des surfaces grattées ;

  • 4) des plats tripodes ;

  • 5) un engobe rouge épais ;

  • 6) des bords à décoration digitée.

8Nous considérons que le Site de la plage nord-ouest a été visité et, probablement, habité par un groupe de porteurs de la sous-série Suazan-Troumassoïde tardive, entre 1200 et 1400 apr. J.-C.

9L’activité amérindienne se développait directement sur la plage (y compris, dans la zone de marnage) et à quelques mètres de là, vers la partie supérieure de la côte, qui devait être, au moins en partie, recouverte de galets et de végétation. L’aire d’activité se terminait abruptement là où le terrain commençait à monter, à seulement quelques mètres à l’est de la côte. Les coquillages de Lobatus gigas étaient collectés dans les eaux peu profondes autour de l’îlet. D’autres vestiges tels que des tessons de céramique, des outils lithiques et des restes de nourriture, entre autres, étaient dispersés au sommet de petits amas coquilliers et/ou sur l’étroite bande côtière s’élevant vers l’est. Le site comportait des foyers. Le terrassement effectué en 1975 a détruit les vestiges de la partie élevée de la côte mais a épargné la majeure partie de la couche inférieure, riche en conques de Lobatus gigas et en artefacts mêlés à ces dernières.

10Si l’hypothèse précitée est correcte, il ne doit pas y avoir de couche archéologique profonde, sous la surface côtière communément utilisée aujourd’hui par les visiteurs. C’est dans la zone de marnage du site IMD/A, de même que dans les eaux peu profondes à l’ouest de la plage, que l’on trouve des niveaux culturels. Il est difficile de se faire une idée claire de l’étendue et du contenu de ces niveaux ; toutefois, sur la base des éléments recueillis, il semble hautement probable que le secteur contienne encore quelques artefacts amérindiens intéressants qui pourraient, avec le passage du temps, être emportés.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Localisation des sondages sur le Site de la plage nord-ouest, sur l’îlet Madame
Crédits DAO : O. Antczak (université Simon-Bolivar).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/31053/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 153k
Titre Fig. 2 – Coupe est-ouest de la Tranchée IMD/A/B excavée sur le site de la plage nord-occidentale de l’îlet Madame
Crédits DAO : O. Antczak (université Simon-Bolivar).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/31053/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 66k
Titre Fig. 3 – Fragments de plats ramassés dans l’eau
Crédits Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/31053/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 143k
Titre Fig. 4 – Fusaïole en céramique décorée ramassée dans l’eau
Crédits Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/31053/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 72k
Titre Fig. 5 – Adorno zoomorphe, couvert d’un engobe rouge, qui ornait le bord d’un bol ouvert
Crédits Clichés : O. Antczak (université Simon-Bolivar).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/31053/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 47k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Andrzej Antczak, Magdalena Antczak, Sébastien Perrot-Minnot, Konrad Antczak et Oliver Antczak, « Le Robert – Îlet Madame » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 01 septembre 2019, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/31053

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Auteurs

Andrzej Antczak

Université Simon-Bolivar (Caracas, Venezuela)

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