Saint-Romain-de-Colbosc – Parc Éco Normandie (zones 1, 3, 4 et 5)
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Numéro d’opération :
172801Chronologie :
Protohistoire, âge du Bronze, âge du Fer, Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaineNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1Le diagnostic archéologique, mené préalablement à l’extension du Parc Éco Normandie, a permis la découverte de nombreux indices diachroniques, répartis sur une superficie de 32 ha. Six secteurs ont retenu l’attention de l’État et trois prescriptions distinctes ont été proposées, totalisant 55 300 m2. À la demande de l’aménageur, la zone 6 (Riche, à paraître) et une partie de la 5 ont fait l’objet d’une fouille prioritaire afin de libérer les futures voiries. La zone 2 a été annulée et la 3, réduite.
2Cette notice a pour intention de synthétiser les résultats des zones 1, 3, 4 et 5 (fig. 1).
3La première zone (prescription de 17 600 m2) fait état d’un habitat rural gallo-romain de taille modeste. Il est délimité par un double fossé qui prend ses origines sur des axes de cheminement antérieurs. Cet enclos regroupe, sur plus de 6 200 m2, des aménagements diversifiés caractéristiques d’une petite exploitation agricole : plusieurs constructions, toutes sur poteaux plantés, mais également une zone (de travail ?) empierrée et plusieurs de stockage. On peut noter la présence de deux celliers, dont l’un (2,40 m par 1,60 m) est compartimenté et profond de 1,80 m, de silos et de greniers. Au nord-est, se distinguent des fosses d’extraction et de rejet qui semblent scellées par un probable niveau d’occupation. Concernant les bâtiments et au regard du nombre important de creusements qui se recoupent, il reste difficile en l’état d’établir un phasage certain. Toutefois, la répartition du mobilier céramique fait état de secteurs gaulois, romanisés par la suite. L’enceinte enclose montre une extension orientale de 1 250 m2 qui intègre une mare et de nouveaux bâtiments. Les limites de l’exploitation ne sont que partiellement connues (sud-ouest déjà loti), toutefois l’environnement semble divisé par un parcellaire ordonné sur l’enclos et marque des parcelles probablement vouées au pacage ou à la mise en culture. Par ailleurs, l’évolution spatiale et fonctionnelle du domaine semble être bien définie, notamment grâce au mobilier céramique et à la présence de phosphate dans certains poteaux qui nous renseigne sur le rôle d’au moins deux bâtiments (étable). L’étude livre un ensemble de données sur son évolution depuis la fin de l’époque gauloise jusqu’à son abandon au tout début du iiie s. apr. J.‑C., l’apogée de l’occupation étant la fin du ier s. Les résultats de l’analyse carpologique et de l’étude céramique, appuyés par le mobilier métallique, révèlent une agriculture et un élevage relativement modestes, liés vraisemblablement à une économie de subsistance.
4La zone 3 est située à environ 100 m à l’est de la précédente et totalise une surface prescrite de 3 200 m2. Le diagnostic avait révélé dans ce secteur une faible densité de vestiges attribués à la période gauloise. Mais surtout, les abords d’un talweg avaient permis la conservation de probables lambeaux de sols contemporains d’une occupation du Néolithique final/âge du Bronze ancien caractérisée par la présence ponctuelle de mobilier lithique et céramique. La modification de l’arrêté de prescription, réduisant la surface et évitant la partie basse de la zone, n’a pas permis de retrouver ces niveaux sédimentaires et par conséquent de répondre aux attentes du diagnostic. Les rares vestiges rencontrés se concrétisent par des fossés évoquant un simple parcellaire (en lien avec les zones 1 et 4 ?) et par quelques fosses qui restent indéterminées faute de mobilier.
5Située en limite d’emprise du projet, la zone 4 avait mis au jour l’angle sud-ouest d’un second enclos fossoyé qui semblait similaire à l’enclos de la zone 1 par sa densité en structures. Le décapage d’une surface de 2 500 m2 a permis de vérifier l’existence d’un double enclos se développant largement hors emprise. Celui-ci semble s’appuyer sur un parcellaire déjà existant, mais il est également perturbé par un second réseau plus récent et par une vaste mare qui masque la quasi-totalité de l’intérieur accessible de l’enclos. La faible représentativité du mobilier ne facilite pas le phasage de l’occupation. Tout au plus peut-on noter une présence dès la fin de La Tène finale, jusqu’à un apogée hypothétique vers la seconde moitié du ier s. Il reste difficile en l’état d’envisager avec certitude un lien direct entre les deux enclos, s’agit-il de deux entités distinctes, d’un enclos secondaire ou d’une réhabilitation d’une parcelle avec détournement de sa fonction primaire ?
6La dernière zone est localisée au sud-est du projet. Elle concerne une surface de 32 000 m2 (dont 7 500 m2 fouillée dans un premier temps). Ce secteur englobe un autre enclos fossoyé (110 m de long par 52 m de large), identifié au diagnostic ; son plan est rectangulaire et sa fonction, probablement domestique. La datation par le mobilier céramique laissait pressentir une fréquentation protohistorique au sens large avec, sporadiquement, des indices antiques. La fouille n’a apporté que peu d’informations complémentaires quant aux datations. Cependant, le décapage a permis d’appréhender l’intégralité de l’enclos d’une surface d’environ 5 500 m2, puis de mettre au jour un important réseau fossoyé. Celui-ci semble se développer de part et d’autre des tronçons de l’enclos mais témoigne également d’une reprise de certains axes et de la création de nouvelles parcelles. Notons que ce parcellaire n’impacte que peu la surface enclose, confortant ainsi l’idée d’un réemploi de la parcelle. Si le mobilier associé n’y est que faiblement représenté, il semble toutefois être antérieur au ier s. apr. J.‑C. En effet, de très nombreuses fosses (de stockage et de rejets de démolition) viennent perturber le fossé sud-est de l’enclos mais s’implantent aussi au cœur de ce dernier. Le mobilier, principalement céramique, fait état d’une occupation bien définie, qui couvre la totalité du ier s., voire le début du iie s. Seuls trois petits ensembles bâtis sont identifiés, probablement destinés au stockage et aux animaux. L’étude carpologique apporte les mêmes informations que pour l’enclos de la zone 1, à savoir une fréquence similaire des graines conservées à celles des exploitations agricoles de ce type dans le contexte régional. Comme précédemment, il est difficile au regard du peu d’informations, d’envisager une relation avec les autres enclos.
7Si le diagnostic avait livré trois sépultures isolées (ier s. apr. J.‑C.) dans ce secteur. La fouille n’a pas permis de découvrir une zone funéraire à part entière, seules trois autres sépultures à incinération, dont l’une en partie détruite, ont été mises au jour. Elles n’ont livré que des vases en céramique et un rare mobilier ferreux non identifié (en cours de traitement) qui suggéreraient La Tène D pour l’une d’entre elles et du ier s. apr. J.‑C. pour les autres (fig. 2).
8Enfin, six vases céramique proviennent d’une fosse isolée, en contexte de rejet. Ils sont bien conservés et datés de la toute fin du Hallstatt D3 ou du début de La Tène ancienne (fig. 3). Les vestiges de cette période sont fréquemment découverts sans organisation spatiale structurée, ces occupations ne laissant que peu d’indices dans le paysage. Cette fosse pourrait être contemporaine de l’occupation fouillée sur la zone 6, distante de 300 m.
9En conclusion, cette fouille a permis de bien appréhender sur une vaste surface de plus de 32 ha, l’organisation spatiale d’une exploitation agricole de taille modeste, avec des aménagements caractéristiques d’un enclos où se concentrent habitat et différents bâtiments fonctionnels ou zones d’activité. Les deux autres enclos peuvent être reliés entre eux par des axes de cheminement dont le tracé est vérifié par les données de fouille compilées à celles du diagnostic. Celui de la zone 4 est trop partiellement mis au jour pour engager des comparaisons (second pôle d’habitat, enclos secondaire ou occupation/activité détournée ?). Il est plus tentant pour l’enclos de la zone 5 de proposer une fonction secondaire de l’enclos de la zone 1. L’hypothèse d’une réoccupation ou d’une fréquentation correspondant à un besoin ponctuel a pu modifier son statut initial.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Plan masse |
Crédits | DAO : D. Breton (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/76083/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 239k |
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Titre | Fig. 2 – Sépulture 309 en cours de fouille, vue depuis le sud |
Crédits | Cliché : D. Breton (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/76083/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 968k |
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Titre | Fig. 3 – Vase festonné de la structure 355 |
Crédits | Cliché : S. Le Maho (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/76083/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
Pour citer cet article
Référence électronique
David Breton, « Saint-Romain-de-Colbosc – Parc Éco Normandie (zones 1, 3, 4 et 5) » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 17 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/76083
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