Maniquet C. 2011 : Naves, Corrèze (19), Tintignac, campagne de fouille 2012 « La voirie au sein de l’ensemble monumental gallo-romain », rapport de fouille programmée, Limoges, SRA Limousin, 170 p.
Entrées d’index
Année de l'opération :
2012Numéro d’opération :
123204Chronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romainNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1Depuis 2009, l’un des objectifs des campagnes de fouille sur le sanctuaire de Tintignac est de tenter de cerner le réseau routier qui permettait de relier les différents monuments et, ainsi, de comprendre la circulation sur le site. Cela pourrait à terme permettre d’appréhender le sens et l’organisation, sans doute bien établis, des processions rituelles dans l’espace sacré.
2Dès 2009, il a été constaté que les voies recherchées étaient encore mieux conservées qu’on ne le pensait. En effet, au lieu d’être bâties en remblais avec apports successifs de recharges d’entretien et de réparation, ces voies se présentaient sous la forme de bandes de roulement empierrées larges de 2,25 m en moyenne installées sur le fond plat d’une vaste cavée creusée dans le substrat (fig. 1). Ces cavées devaient permettre de régulariser le pendage parfois trop prononcé du terrain naturel pour conférer aux axes des pendages compris entre 8 et 12 %. Des ornières ont été bien visualisées à la surface de ces empierrements témoignant du passage de charrois. On imagine en effet que les sacrifices, banquets, libations demandaient un apport de marchandises et de denrées considérables sur le site et que ces préparatifs se faisaient à l’aide de véhicules capables de transporter des chargements conséquents.
3Deux réseaux de voies ont pu être mis en évidence entre 2009 et 2012. Le premier fonctionne tant que le temple à l’ouest constitue le seul édifice du sanctuaire, c’est-à-dire pendant tout le ier s. apr. J.‑C. Il est représenté essentiellement par un axe, pas toujours très rectiligne, longeant le temple au sud. Un diverticule marqué par de profondes ornières devait permettre de rejoindre l’entrée orientale de ce dernier. À l’est de la zone de fouille, une autre voie se dirigeait vers le nord-nord-ouest, mais elle est perturbée au nord par le bâtiment dénommé « tribunal » qui s’est installé partiellement dessus.
4Vers la fin du ier s., la voie longeant le temple au sud est abandonnée et sa cavée rebouchée. Pour contenir les remblais rapportés, un mur est construit perpendiculairement à la cavée à l’est (fig. 2). Il avait la particularité de posséder une ouverture (aux piédroits et linteau constitués de grandes dalles traversant toute la maçonnerie) qui devait permettre l’évacuation des eaux d’infiltration dans les remblais et ainsi éviter une poussée trop importante. Le même système sera adopté plus tard au niveau du mur oriental du bâtiment en hémicycle. Ce mur devait en outre à l’origine être couvert de chaperons en grès ou en granite dont quelques-uns ont été retrouvés. Malheureusement, il avait été totalement arasé et détruit de part et d’autre de la cavée qu’il traversait.
5À partir du début du iie s., avec la construction du « tribunal » et du bâtiment en hémicycle, le réseau viaire va être totalement transformé. Une partie du sédiment naturel extrait des tranchées des fondations des nouveaux murs a sans doute été utilisée pour combler toutes les « dépressions » gênantes, qu’elles soient naturelles ou bien liées à des aménagements anthropiques antérieurs (comme les cavées de voies). Ainsi, le vallon naturel existant à l’origine entre le bâtiment en hémicycle et le « tribunal » a-t-il dû être en grande partie remblayé. En 2003 et 2010, nous avions pu constater en effet que les sols internes des deux monuments à leur extrémité respective nord et sud reposaient sur de très épais remblais composés exclusivement de sédiment naturel remanié. Les voies primitives ont elles aussi été recouvertes de terre et ceci jusqu’au mur mentionné ci-dessus barrant la cavée primitive. C’est sur ce remblai que la nouvelle voirie a été dessinée. Une voie est-ouest a été dégagée entre les deux nouveaux édifices. Elle se subdivise en deux pour longer respectivement chacun de ces derniers à l’ouest. Les limites d’emprises de nos recherches, définies arbitrairement, n’ont pas permis de les suivre sur toute leur longueur ni de connaître leur tracé complet et leur destination.
6Les écoulements d’eau et ravinements inévitables canalisés par les cavées devaient sans doute rendre ces axes assez rapidement impraticables. Or, on a pu constater que plutôt que d’apporter une nouvelle recharge de remblai ou de pierres, on a préféré curer le fond de la cavée pour retrouver un sédiment sain et y apposer un nouveau lit de pierres. Ceci explique le fait que ces voies se soient progressivement « enterrées ». On estime que la voie est-ouest s’est approfondie de près de 1,10 m au cours de ses deux siècles de fonctionnement. À tel point que les voies tardives se sont retrouvées plus bas que celles du premier état, reposant au final sur le substrat décapé et non plus dans le remblai d’arène rapportée.
7Le premier intérêt de cette campagne de fouille 2012 a été tout d’abord de compléter les informations concernant les deux états de voirie en reliant les observations stratigraphiques faites en 2009 au sud-est du temple, avec celles notées en 2010 et 2011 au sud-ouest du « tribunal ».
8Le second point important de cette intervention est lié à la fouille des remblais rapportés volontairement dans la cavée de la voie précoce, à l’ouest du mur qui la barrait, pour combler la dépression qu’elle formait dans le terrain. Or, ces remblais, provenant visiblement du temple, contenaient une partie des ustensiles et des offrandes utilisés dans le cadre des banquets ou des actes rituels pratiqués dans l’espace sacré. Ces niveaux se sont révélés relativement riches en mobilier. On notera en particulier la présence de nombreux gros fragments de céramique, voire de vases quasiment complets (fig. 3 et 4). La céramique à engobe blanc (bouteilles, cruches), la céramique sigillée (plats, assiettes) ou encore la céramique peinte dite de Roanne se sont révélées en particulier relativement abondantes, associées à des récipients en céramique commune liés à la cuisine ou au stockage (mortiers, marmites tripodes, jattes, pots).
9Parmi les éléments en terre cuite, plusieurs fragments de statuettes ont été extraits dont ceux d’une déesse-mère. La verrerie était représentée essentiellement par des petits balsamaires (fioles à parfum) qui ont pu être déposés en guise d’offrandes ou pour des libations. On notera la présence de quelques monnaies et de fibules en bronze plus nombreuses.
10Pour finir quelques pièces originales découvertes en 2012 alimenteront à n’en pas douter les salles d’un éventuel futur musée : un fer de lance, un élément en plomb pouvant représenter un ex-voto anatomique (fig. 5), une statuette de chien assis (fig. 6), un bec verseur en bronze représentant un visage négroïde ou un masque de théâtre (fig. 7), une corne d’abondance en bronze, d’une finesse exceptionnelle, surmontée d’un petit coq (fig. 8) et une boucle d’oreille en or pur qui n’a pu nous laisser insensibles (fig. 9).
Fig. 5 – Élément en plomb pouvant s’apparenter à un ex-voto anatomique

Cliché : C. Maniquet (Inrap).
Fig. 7 – Bec verseur en bronze prenant la forme d’un visage négroïde ou d’un masque de théâtre

Hauteur : 4,13 cm.
Cliché : P. Ernaux (Inrap).
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – La voie précoce orientée est-ouest, en cours de dégagement |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,0M |
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Titre | Fig. 2 – Le mur barrant la cavée de la voie précoce |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 255k |
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Titre | Fig. 3 – Vase de stockage en céramique engobée blanc |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,4M |
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Titre | Fig. 4 – Petite bouteille en terre cuite blanche |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
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Titre | Fig. 5 – Élément en plomb pouvant s’apparenter à un ex-voto anatomique |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 946k |
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Titre | Fig. 6 – Statuelle de chien assis en terre cuite blanche |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1009k |
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Titre | Fig. 7 – Bec verseur en bronze prenant la forme d’un visage négroïde ou d’un masque de théâtre |
Légende | Hauteur : 4,13 cm. |
Crédits | Cliché : P. Ernaux (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 172k |
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Titre | Fig. 8 – Corne d’abondance surmontée d’un petit coq, en bronze |
Crédits | Cliché : P. Ernaux (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 480k |
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Titre | Fig. 9 – Boucle d’oreille en or |
Crédits | Cliché : P. Ernaux (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/79608/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 540k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Christophe Maniquet, « Naves – Tintignac » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 16 juin 2021, consulté le 24 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/79608
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