Besombes A. 2007 : Malemort-sur-Corrèze, Cazaudet, Bilan Scientifique Régional Limousin 2006, DRAC, SRA, Limoges, p. 17-19.
Malemort-sur-Corrèze – Cazaudet – Zac du Moulin 2
Entrées d’index
Année de l'opération :
2011Numéro d’opération :
123034Lieux :
France métropolitaine, Nouvelle-Aquitaine, Département de la Corrèze, Malemort, Malemort-sur-CorrèzeChronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romainNature de l'opération :
opération de diagnosticNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1À l’occasion de l’agrandissement de la Zac du Moulin vers le nord, la prairie située à l’ouest de la fouille du contournement de 2006 (Besombes 2007, p. 17-19) est affectée par des travaux qui ont nécessité une intervention de fouille d’environ deux mois (du 16 août au 21 octobre, décapage compris). Le diagnostic réalisé en 2010 sur les parcelles AK 83 à 86, 88, 90 à 92, 94 à 96, 115, 117, 119, 129 et 133, laissait, en outre, présager d’une occupation dense sur l’ensemble de la surface aménagée (plus de 70 % de sondages positifs). En accord avec le SRA, 3,5 ha sur les 4,5 ha prescrits ont été entièrement décapés, pour laisser libres des zones dédiées au stockage des terres, à la circulation des engins et à une parcelle polluée par les hydrocarbures (située au nord).
2Les premiers résultats sont à la hauteur de cette vaste fenêtre d’investigation puisqu’environ 900 structures archéologiques ont été observées (fig. 1). La répartition spatiale de ces dernières semble témoigner d’une grande maîtrise de l’espace, proposant des axes orthonormés d’implantation. Deux murs orientés nord-sud et distants d’environ 120 m (M27 à l’ouest et M1/M8 à l’est) structurent l’implantation de petites unités bâties en extérieur de ces deux axes, laissant au centre un espace presque vide. Aucun bâtiment n’est lié stratigraphiquement à ces deux murs. Entre ces derniers et dans la zone septentrionale de la fouille, au moins quatre unités bâties ont été repérées. Elles sont placées sur un axe exactement en retour à 90° des deux murs nord-sud.
3En outre, le site se développe vraisemblablement vers le sud (comme l’a démontré la fouille de 2006 et les observations anciennes dans la bande de la N89), ainsi qu’au pied des collines situées au nord et qui encerclent le site. En effet, lors de la destruction d’une centrale à béton sur une parcelle avoisinant le nord de la fouille, nous avons relevé la présence d’un petit bâtiment de 8 m par 9 m situé à environ 80 m des structures les plus septentrionales de la zone prescrite et qui adopte les axes marquants de l’implantation.
4Ce sont probablement les contraintes naturelles et topographiques locales qui ont, pour partie, déterminé cette implantation. Ainsi, le chemin le plus occidental est installé au bord d’une dépression nord-sud qui devait accueillir un probable ruisseau ou une mare dans l’ancien lit d’un paléochenal d’axe nord-sud. Entre cet espace de circulation et le grand mur M27, d’au moins 300 m de long, une bande de 50 m de large a été aménagée avec au moins neuf bâtiments (fig. 2). Hormis le bâtiment le plus important qui a pour particularité de posséder des fondations de plus d’1 m de profondeur, la plupart des petits bâtiments de plan quadrangulaire sont construits sur des fondations de solin ou tranchée de sablière (fig. 3). De plus, presque toutes ces constructions sont dotées d’un puits et 10 des 13 structures de puisage sont également alignées sur deux axes nord-sud parallèles (ainsi qu’au grand mur de plus de 200 m de long qui marque le plan orthonormé de cet habitat complexe). Rappelons qu’en 2006, les cinq puits découverts étaient implantés sur un axe nord-sud, qui se trouve correspondre à celui de trois puits de la zone 3 (angle nord-est de la fouille). Cette implantation témoigne d’une parfaite connaissance du milieu naturel puisqu’ils sont installés sur une rupture de pente en bordure d’une dépression centrale nord-sud, probable lit majeur de la Couze, permettant de recevoir les eaux de ruissellement à la base de deux niveaux graveleux. Comme en 2006, la fouille de ces structures s’est révélée très riche en découvertes (mobilier céramique, en bois et macrorestes carpologiques).
Fig. 3 – ENS12, bâtiment sur solin dans la zone septentrionale de la fouille

Cliché : A. Hanry (Inrap).
5Pour en revenir aux bâtiments auxquels ces puits sont liés et aux techniques de construction, ce sont seize unités d’habitat qui semblent se dégager du plan. Au nord-ouest, le bâtiment puissamment fondé, ENS1, propose quatre phases d’aménagement :
- la phase la plus ancienne est apparue sous les constructions, sous la forme d’un réseau de tranchées de sablières et de trous de poteaux, témoignage probable d’une première occupation en matériaux périssables. Ces aménagements sont peut-être en relation avec un large fossé antérieur aux aménagements en dur et qui a été comblé à l’époque augustéenne (F2025) ;
- succède à ces structures en creux, un petit bâtiment sur fondation de solin de grès et schiste de 16 m par 7 m. Il est installé postérieurement à l’époque augustéenne puisqu’un des murs repose sur le comblement sommital de la structure fossoyée F2025 ;
- un réaménagement intervient par une modification de l’angle sud-est du bâtiment et la mise en place d’une pièce sur solin de schiste de 7 m par 5,5 m ;
- l’agrandissement de cet ensemble de murs s’exprime ensuite par la mise en place de puissantes fondations en schiste (plus d’un mètre de profondeur) formant un bâtiment d’environ 250 m2 (18 m par 14 m). À l’ouest de ce dernier, quatre bases de maçonnerie, de forme ovalaire à l’ouverture mais carrée à la base, semblent témoigner de la présence de piliers monumentaux précédant la façade ;
- enfin, l’abandon de ce secteur est illustré par le comblement du puits F2023, situé entre le bâtiment ENS1 et celui situé au sud à environ 20 m (ENS2). Il intervient vraisemblablement à la fin du iie s. apr. J.‑C. (Dressel 37 de la phase 7 de Lezoux vers 160-180 apr. J.‑C., sigillée lisse produite entre 150 et 240 apr. J.‑C. et céramique de facture locale de la fin du iie s.
6Au sud de cette construction, dont le plan semble le reflet d’une fonction privilégiée, a été mis en évidence un autre bâtiment (ENS2) qui propose au moins trois phases d’aménagements. Un réseau de canalisation de belle facture, à piédroits et couverture de schiste, est lié à cette zone humide. La première phase d’aménagement d’une construction bipartite de 70 m2 et les drains qui la contournent est mise en place sur le fossé augustéen. Des réaménagements interviennent ensuite par une rétractation de l’espace vers le nord et la mise en place d’une structure de combustion.
7Enfin, une série de petits bâtiments rectangulaires (d’environ 6 à 7 m de côté), souvent à pièce unique, est présente au sud et à l’est de ces deux constructions. Sept sont implantés à l’ouest de m27, au moins cinq entre les murs M1 et M27 et deux ont été identifiés à l’est de M1. Seuls deux de ces bâtiments possèdent encore un foyer central et, parfois, des canalisations externes contournent le bâtiment. L’absence de traces d’artisanat et la relation des puits à presque toutes ces constructions permettent d’envisager la présence d’unités domestiques.
8La relation aux trois cheminements empierrés découverts lors de cette fouille se pose. En effet, hormis la voie empierrée nord-sud déjà évoquée (voie 1 : 2,5 m à 6 m de largeur), une autre voie plus large (voie 2 : 6 à 8 m) a été identifiée dans l’angle sud-ouest de l’emprise de fouille. Elle est axée nord-ouest – sud-est et pourrait suivre le cours de la rivière, en direction du gué préromain sur la Corrèze identifié en limite communale occidentale. L’ancienneté de cet itinéraire n’est pas à exclure. Enfin, un chemin ouest-est a également été observé (voie 3). Partant de la voie la plus méridionale, il est tantôt matérialisé par ses fossés bordiers dans la zone 1 (fig. 4) tantôt reconnu par un radier de niveau de circulation à l’extrémité de la zone 3.
9Pour conclure, nous ne pouvons qu’évoquer nos premières réflexions sur la chronologie et caractérisation de ce site. Chronologiquement, la fouille de 2006 avait démontré une occupation protohistorique à la confluence de la Couze et de la Corrèze (au sud-est de l’emprise de fouille de 2011). Les structures laténiennes (milieu du iie s.-début du ier s. av. J.‑C.) semblent en effet cantonnées de part et d’autre de la Couze, mais non loin des rives de la Corrèze. Le déplacement de l’occupation vers le nord semble se produire bien après la Conquête, à l’époque augustéenne. Et le plein essor du site semble se situer entre le milieu du ier s apr. J.‑C. et le milieu du siècle suivant. L’abandon intervenant à la fin du iie s. D’un point de vue de l’interprétation globale du site, deux hypothèses nous paraissent des plus plausibles : villa ou vicus. Sur plus de 10 ha s’étendent, en effet, les restes d’une occupation dense et implantée très rigoureusement. Les grandes villae ne sont pas légion en Aquitaine romaine mais rien n’exclut l’existence d’un vaste domaine à l’entrée du bassin de Brive. D’autant que la répartition de petites unités d’habitation à l’extérieur de deux longs murs de clôture d’une cour rustique semble caractéristique de l’organisation des villae. Nous ne pouvons toutefois pas exclure l’existence d’un vicus à Cazaudet-Roumégoux. En outre, la densité de vestiges et la multiplication des cheminements ne trouvent aucune comparaison chez les Lémovices, mis à part sur des habitats groupés type agglomération secondaire. Doit-on alors imaginer un vicus à vocation économique et commerciale, organisé autour d’un foirail (champ de foire) central ? L’agglomération artisanale de Briva est, de plus, attestée à moins de 6 km en aval au ier s. apr. J.‑C. De fait, quelle que soit la typologie du site malemortois, la hiérarchie et la relation des deux sites corréziens restent à démontrer.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Plan des structures dégagées en 2011 |
Crédits | DAO : A. Hanry (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80243/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 125k |
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Titre | Fig. 2 – Vue d’ensemble de la zone 2 |
Crédits | Cliché : A. Hanry (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80243/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 251k |
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Titre | Fig. 3 – ENS12, bâtiment sur solin dans la zone septentrionale de la fouille |
Crédits | Cliché : A. Hanry (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80243/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 176k |
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Titre | Fig. 4 – Vue des trois voies dans la zone 1 |
Crédits | Cliché et DAO : A. Hanry (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80243/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 200k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Alexandra Hanry, « Malemort-sur-Corrèze – Cazaudet – Zac du Moulin 2 » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 16 juin 2021, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/80243
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