Maniquet C. 2011 : Naves, Corrèze (19), Tintignac, Rapport de fouille archéologique programmée 2011 Évolution de la voirie au sein de l’ensemble monumental gallo-romain, Limoges, SRA Limousin, 116 p.
Entrées d’index
Année de l'opération :
2011Numéro d’opération :
123123Chronologie :
Antiquité, Antiquité gréco-romaine, Antiquité romaine, Empire romain, Haut-Empire romain, Bas-Empire romainNature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1L’intervention archéologique menée en 2011 sur le sanctuaire de Tintignac a fait suite à celles de 2009 et 2010 qui avaient un double objectif :
- appréhender d’éventuels itinéraires de circulation sur le site, entre les quatre édifices connus depuis 1884 ;
- comprendre le traitement de l’eau sur le site, aussi bien son adduction, sous la forme d’aqueducs, que son évacuation à l’aide de caniveaux.
2Les découvertes de 2009 et 2010, d’un intérêt majeur, ont encouragé à poursuivre la recherche en ce sens en 2011.
3L’un des objectifs principaux de l’extension de l’espace de fouille vers le sud était de poursuivre le dégagement de la voie nord-sud observée en 2010 seulement dans la partie nord du sondage. Au sud, elle semblait marquer un virage pour passer entre le « tribunal » et le bâtiment en hémicycle. C’est donc cet espace qui était appelé à être fouillé en 2011. Les relations entre cette voie et les deux édifices, en particulier l’escalier méridional du « tribunal », paraissaient intéressantes à visualiser.
4En 2009, un puits situé à l’ouest du bâtiment en hémicycle avait révélé la présence d’un aqueduc souterrain dont l’orientation a pu être notée. La progression dans cet aqueduc, seulement partiellement comblé vers l’est, avait permis d’atteindre un cône d’éboulis, à près de 10 m dans cette direction. La présence de ce cône laissait imaginer la présence d’un autre puits d’évacuation des terres à une quinzaine de mètres de distance. Malheureusement, le puits espéré n’a pas été trouvé à l’emplacement présumé... En revanche, dans le sondage 4, deux puits espacés de 14,50 m ont été mis au jour. Comme le premier fouillé en 2009, ils ne possédaient aucune margelle maçonnée. Tout au plus peut-on imaginer l’existence d’un coffrage de bois dans l’un d’entre eux. On peut constater que ces trois puits sont quasiment alignés et pourraient donc communiquer avec la même galerie souterraine.
5Très peu de maçonneries ont été dégagées en 2011. Il s’agit simplement de l’extrémité sud du « tribunal » et de l’extrémité nord du bâtiment en hémicycle qui bordent la voie qui les sépare (fig. 1). Au sud du « tribunal », un vaste escalier dont quelques contremarches subsistent permettait de descendre vers la voie au sud (fig. 2). Une nouvelle maçonnerie appuyée au sud contre l’escalier a été mise au jour en 2011. La fonction de cette maçonnerie, très dégradée par les récupérations et l’incendie, reste difficile à cerner.
6La voie qui le longe au sud a été dégagée à plus de 1,10 m en contrebas de la base de l’escalier. Il était donc totalement impossible d’accéder directement à la voie depuis cet emmarchement. Ceci s’explique par le fait qu’au lieu d’être rechargées, les voies qui séparent les édifices étaient curées et s’approfondissaient régulièrement. On peut donc imaginer que la maçonnerie dégagée au sud constituait un petit emmarchement étroit qui permettait de descendre vers l’est pour rattraper le niveau de la voie. Cependant, ce massif est trop abîmé pour confirmer cette hypothèse.
7Le mur délimitant le pavillon nord du bâtiment en hémicycle a été mis en évidence en bordure de l’emprise de fouille. Il était doublé de maçonneries que les fouilles de 2003 permettent d’associer à un caniveau primitif récoltant les eaux de toiture. Or, il est évident que dans la portion dégagée, ce caniveau ne peut plus fonctionner en tant que tel. Là encore, ceci pourrait être lié à l’approfondissement de la voie au nord de l’édifice.
8Cette campagne de fouille 2011 devait permettre de mieux comprendre les cheminements et la circulation au sein du sanctuaire au cours du temps et en particulier entre les quatre édifices connus. Cet objectif est largement atteint avec la découverte de plusieurs nouveaux axes. Ces derniers sont matérialisés par des cavées creusées dans le terrain géologique, régularisant sans doute le pendage naturel, dont le fond est tapissé d’un lit de petites pierres jointives et usées en surface, ou bien seulement marqués de profondes ornières ayant piégé l’empierrement primitif.
9Étant donné le pendage parfois prononcé de ces voies, on peut imaginer que les ruissellements alliés à la circulation devaient très rapidement dégrader les surfaces routières. La solution qui s’imposait sans doute était de curer la totalité de la voie abîmée pour retrouver une surface saine et de la couvrir d’un nouveau lit de pierres. Ceci devait entraîner un encaissement de plus en plus important de ces chaussées qui se sont retrouvées nettement en contrebas de la base des bâtiments qu’elles longeaient.
10L’extension du sondage en 2011 a été bénéfique dans la mesure où elle a permis d’attester la présence de deux réseaux de voiries totalement indépendants. Le premier, implanté très tôt dans la période gallo-romaine, sans doute lors de l’édification des deux premiers fana, perdure visiblement pendant tout le ier s. Bien construit et organisé, il reflète une réflexion préalable et une vraie volonté d’agencer l’espace. Les voies identifiées en 2009 et 2010 dans le sondage 2 participent de ce réseau viaire précoce. Dans le sondage 4, les axes empierrés de la première phase sont fortement perturbés par les axes implantés postérieurement et qui ne respectent pas du tout la même organisation.
11Le dégagement de la voie nord-sud identifiée dans le sondage 1 en 2009 et dans le sondage 4 en 2010 a été poursuivi vers le sud en 2011. Là elle se greffait sur un axe est-ouest passant entre le « tribunal » et le bâtiment en hémicycle (fig. 3). Une autre voie s’en détachait au même niveau pour se diriger vers le sud-ouest. Ce sont, au total, quatre axes distincts qui ont été mis en évidence. L’extension de la zone de fouille vers le sud-ouest a permis de dégager leur embranchement. Ces voies montaient toutes vers l’ouest et le nord-ouest et conservaient sur toute leur longueur un pendage régulier voisin de 12 %. Leur empierrement, d’une largeur moyenne de 2,25 m reposait au fond de cavées plus ou moins profondes entamant la voie précoce.
Fig. 3 – Vue générale des voies entre le « tribunal » (à gauche) et le bâtiment en hémicycle (à droite)

Cliché : C. Maniquet (Inrap).
12Il est certain que lors du réaménagement global du sanctuaire, avec la construction du « tribunal » et du bâtiment en hémicycle, la circulation sur le site a été complètement revue et modifiée. Les voies et cavées de voies du ier s. ont été comblées et abandonnées, de nouvelles voies ont été créées et de nouvelles cavées creusées. Le profil topographique s’en est trouvé régularisé, les pentes naturelles adoucies. C’est donc clairement lors de la construction des nouveaux bâtiments que la nouvelle voirie a été mise en place, dans la première moitié ou au milieu du iie s. apr. J.‑C. Ces voies étaient visiblement fortement empruntées par les charrois qui ont laissé des ornières à leur surface.
13Les niveaux empierrés des voies tardives étaient recouverts plus ou moins densément par le niveau d’incendie des édifices. Ils sont donc vraisemblablement abandonnés après cette destruction qui reste difficile à dater du fait de la faible quantité de mobilier datant sur la couche d’incendie. Cependant, la découverte d’une monnaie de Constantin (306-337) sur l’une d’elles permet d’affirmer que l’on y circulait encore dans le premier quart du ive s. (fig. 4).
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Mur nord du bâtiment en hémicycle |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80253/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 344k |
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Titre | Fig. 2 – Escalier d’accès au « tribunal » |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80253/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 302k |
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Titre | Fig. 3 – Vue générale des voies entre le « tribunal » (à gauche) et le bâtiment en hémicycle (à droite) |
Crédits | Cliché : C. Maniquet (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80253/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 330k |
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Titre | Fig. 4 – Avers d’une monnaie de Constantin datée de 322 |
Crédits | Cliché : P. Ernaux. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80253/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 300k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Christophe Maniquet, « Naves – Tintignac » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 16 juin 2021, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/80253
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