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Année de l'opération :
2011Numéro d’opération :
123100Chronologie :
époque médiévaleNature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Hadès
Texte intégral
1L’opération archéologique préventive effectuée par Hadès sur le site des Crouzets dans la commune de Rougnat a fait suite à un diagnostic réalisé en 2010 par S. Defaye (Inrap). Le nombre remarquable de sites recensés dans cette commune (une centaine) avait motivé cette exploration préalable au projet de lotissement conduit par la municipalité sur cette parcelle située à la sortie du bourg, sur la route d’Auzances.
2Le diagnostic a notamment permis de mettre au jour plusieurs silos, quelques trous de poteau et des structures indéterminées assez vastes dont une a été interprétée comme les vestiges d’un souterrain ou d’une cave. Le contexte géologique et toponymique (Crouzet dérive de cros, crozes (creux en occitan), connus pour signaler la présence de fosses, de cavités ou de ravins, et cruzel plus spécialement associés à la présence de souterrains) permettait en effet d’en soupçonner la présence.
3La fouille, prescrite sur une emprise de 3 800 m2, a duré 6 semaines (du 16 mai au 24 juin 2011) et mobilisé une équipe de 6 à 8 archéologues. Elle a permis de confirmer l’existence d’un établissement à vocation agricole, implanté à mi-pente sur le versant nord du ruisseau de la Gasne à quelque 400 m au sud du village. Le terrain présente à cet endroit un dénivelé notable d’ouest en est. Cette topographie a déterminé une érosion inégale des vestiges selon la position qu’ils occupent sur le flanc de la parcelle. À ce paramètre s’ajoute la variation de nature du substrat constatée sur l’ensemble de l’emprise explorée (affleurements de roche dure, larges bandes arénisées, zones argileuses).
4En tout, 35 silos ont été identifiés. Quelques fosses pourraient également correspondre à des structures de ce type mais elles sont trop dégradées pour pouvoir être interprétées avec certitude comme telles. D’autres en revanche présentent un état de conservation remarquable. Plusieurs silos sont complets ou quasi complets.
5Deux zones d’habitat ont également été mises au jour. Un premier bâtiment, semi-excavé, au centre de l’emprise, était au moins en partie construit sur poteaux de bois. Il est associé à un souterrain, au sud-est, creusé dans l’arène granitique (fig. 1). Cet important aménagement est composé d’une galerie circulaire large de 0,80 m en moyenne, creusée autour d’un imposant pilier central cylindrique. Elle dessine un plan en forme d’anneau de 4 m de diamètre environ. On accède à cet espace depuis le bâtiment par une fosse d’entrée couverte, qui s’enfonce progressivement dans le substrat, et se poursuit par une galerie de 5 m de long au total. À 2 m de l’entrée, sur la gauche (vers le nord), une étroite ouverture permettait d’accéder à une petite salle latérale d’à peu près 3 m2 au bout de laquelle un puits de creusement a été mis à profit pour aménager un conduit d’aération. Les boyaux pour circuler dans cet espace atteignent en moyenne 0,80 m de large et 1,10 m de haut. Le ciel des galeries n’est pas conservé, ou très faiblement, au nord et à l’ouest de l’anneau. Mais toute la galerie d’accès en revanche est restée couverte ainsi que la petite salle latérale. La mise en sécurité de la fouille a conduit cependant à détruire la plus grande partie de ce couvrement au fur et à mesure qu’il était exploré et dessiné. Seule la partie à l’entrée du souterrain a été conservée. Elle présentait, taillées dans les parois, de grosses encoches pour l’ancrage d’un chambranle de porte ou d’une trappe en bois.
6Un second habitat a pu être localisé à un peu moins de 20 m au sud-ouest du premier. Établi un peu plus haut sur le versant, il a plus fortement subi les effets de l’érosion naturelle qui a affecté la parcelle. Faiblement enfoui, il a sans doute aussi subi les effets destructeurs des labours successifs. Aucun indice ne permet plus aujourd’hui d’estimer même approximativement l’emprise initiale de cet espace. Sa vocation domestique ne paraît toutefois pas faire de doute, attestée par la présence de deux petites structures foyères dont une, bien conservée, présente une sole en tegulae retournées et des bordures soigneusement aménagées à l’aide de blocs de granite équarris.
7Plus récentes, de grandes fosses d’extraction du granite ont également été découvertes, implantées sur des filons de roche dure. Certaines ont été exploitées dans les années 1950 selon l’enquête orale réalisée auprès de plusieurs habitants du village.
8Rien n’indique que le site se développe plus à l’ouest, vers le haut du versant, hors de l’emprise prescrite. Les trois tranchées réalisées dans ce secteur lors du diagnostic n’ont pas révélé la présence de vestiges. Tout porte donc à croire que la majeure partie, peut-être la totalité, de l’établissement a pu être mise au jour. Pour l’heure, le peu d’indices recueillis proposent de situer son abandon dans le courant du xiie s. Les études de mobilier et les analyses du radiocarbone devront toutefois valider ou réévaluer cette proposition.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Le souterrain |
Crédits | Clichés et DAO : U. Cafiero (Hadès). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/80483/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 517k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Ugo Cafiero, « Rougnat – Les Crouzets » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 16 juin 2021, consulté le 09 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/80483
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