Navigation – Plan du site

AccueilRégionsHauts-de-France200880 – SommeBoves – Quartier Notre-Dame

2008
80 – Somme

Boves – Quartier Notre-Dame

Fouille programmée (2008)
Responsable d’opération : Philippe Racinet

Entrées d’index

Année de l'opération :

2008

Chronologie :

époque médiévale

Nature de l'opération :

fouille programmée
Haut de page

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Université de Picardie Jules-Verne

Texte intégral

1La tour-donjon du xiie s., retrouvée dans l’angle sud-ouest de la plate-forme en 2007, forme un vaste quadrilatère (10,50 x 8 m, dans l’œuvre), dont les épais murs sont confortés par d’énormes blocs de grès affleurant partiellement et reposant sur une maçonnerie appareillée. Les flancs sud et ouest dominaient directement les versants de la motte, en particulier du côté du grand fossé méridional où les dalles de grès dépassaient largement du parement externe du mur.

2Plusieurs éléments de sa structure interne ont été précisés cette année : existence d’une ouverture de type soupirail ou baie à l’ouest, présence d’une banquette de pierre interne longeant les quatre murs, départ d’escalier dans l’angle nord-est... Le niveau de sol a été détruit. Au nord de la tour, un grand puits appareillé est directement associé à la tour. Il s’agit certainement d’un puits perdu pour la récupération des eaux de pluie.

3À la fin du xive s., le programme de reconstruction du château, échelonné dans le temps, inclut le maintien de la tour-donjon du xiie s., au prix d’importantes réfections. Les parements internes sud et ouest sont entièrement refaits.

4Au sud, un couloir de rez-de-chaussée mène à un escalier droit indiquant une circulation au premier étage. Cette dernière est confirmée par la présence d’un conduit de latrines relié à une cuve, dont le curage s’effectuait grâce à une trappe située dans le couloir de rez-de-chaussée. La cuve circulaire, entièrement appareillée, a un diamètre de 0,95 m et une profondeur de 5,10 m.

5Sans circulation de rez-de-chaussée, la partie occidentale était équipée de latrines aménagées dans l’œuvre de la construction. Un conduit rectangulaire est branché à une cuve rectangulaire (1,50 x 0,95 m), parfaitement appareillée et voûtée d’un berceau plein cintre. Contrairement aux précédentes, ces latrines sont « actives ». En effet, au pied du parement ouest, un canal appareillé avec des blocs de grès permettait d’évacuer le trop plein à l’extérieur de la motte, à travers le glacis. Il est même possible qu’une alimentation en eau ait été prévue à partir d’un second canal maçonné, débouchant au-dessus du précédent et courant le long du parement externe de la courtine (en souterrain). L’eau pouvait arriver par une gouttière établie au niveau du branchement de la courtine occidentale et de la tour de flanquement sud-ouest. Les eaux pluviales venaient ainsi nettoyer les latrines d’une manière régulière et faisaient office de « chasse d’eau » avec évacuation du trop-plein par le premier canal.

6À l’intérieur, un nouveau sol a été établi à peu près au même niveau que l’ancien, en liaison avec la mise en place de deux gros piliers centraux. Le sol a disparu. La tour-donjon remaniée ne possédait pas de salle souterraine. L’angle nord-est de l’ancienne tour-donjon a été renforcé par élargissement de sa semelle de fondation, afin de résister aux pressions issues des transformations des murs sud et ouest (mise en place d’un couloir de premier étage et aménagement de grandes latrines de chaque côté) et de la construction de la massive tour de flanquement dans l’angle opposé sud-ouest.

7À l’extérieur et du côté nord, le puits perdu a reçu une structure construite d’encadrement.

8De nouvelles constructions sont ensuite adjointes : tourelle d’escalier dans l’angle interne sud-ouest pour desservir un couloir de premier étage établi dans les murs sud et ouest, entièrement refaits, et, surtout, tour de flanquement à l’angle sud-ouest. Cette dernière, branchée après coup à la tour-donjon remaniée, se présente comme une construction massive, dans laquelle a été aménagée une petite salle rectangulaire. Les pierres de parement interne du rez-de-chaussée sont couvertes de graffitis ludiques et sexuels. Accessible par un trou d’homme placé au centre, la salle souterraine rectangulaire (2,50 x 1,90 m) était parementée de gros blocs de grès parallélépipédiques. Le sol a conservé ses longues dalles de grès étroites, qui marquent le soin accordé à la construction de cet ensemble.

9L’étude du parement externe de cette tour de flanquement sud-ouest montre qu’il n’était pas recouvert d’un glacis de terre, contrairement aux murs sud et ouest de la tour-donjon remaniée, et qu’il disposait d’un bel appareillage de gros blocs taillés et assisés en ressauts débordants. Cette tour de flanquement était très saillante et directement placée en surplomb du rebord de motte. Sa forme devait être circulaire, à moins qu’elle ne fût légèrement en fer à cheval. Au sud, elle devait avoir une ouverture placée assez bas et donnant sur la petite salle de sous-sol (soupirail, meurtrière ?).

10La tour de flanquement sud-ouest communiquait avec le rez-de-chaussée de la tour-donjon remaniée par un couloir voûté, qui a également perdu ses pierres de parement et son sol construit.

11Du côté oriental, la courtine sud de la phase 5 présente une rupture d’alignement très nette à l’emplacement d’un massif et saillant contrefort, qui indique le raccordement entre la tour sud-est nouvellement édifiée et les travaux de remaniement de la tour-donjon sud-ouest. Cette courtine, entre le contrefort et la tour sud-est, est construite avec un très bel appareillage du côté externe, avec une série de ressauts. L’ensemble était en surface sur cinq assises de craie situées sous l’assise de grès qui, ailleurs, marque le niveau de surface.

12Avec cette section de courtine, le grand contrefort central, la tour de flanquement sud-ouest branchée sur l’ancien donjon refait à neuf, la tour maîtresse sud-est nouvellement construite, la face sud du dernier château de Boves devait être majestueuse, impression renforcée certainement par l’ampleur du fossé situé juste en avant.

13Un bâtiment sur solins et sablières (8,50 x 4 m), équipé d’une cheminée ayant peu servi, vient s’adosser à la courtine par le biais d’une sablière. Il est possible ainsi que ce bâtiment ait été édifié alors que le mur de courtine était déjà arasé. Ce serait donc l’un des derniers bâtiments construits, à une époque où le château de la phase 5 était en cours de démontage. Son sol et ses recharges de nivellement reposent sur des aires de travail liées aux constructions de la phase 5, marquées par des zones de gâchage de mortier et des zones de déchets de taille du grès. L’ensemble scelle en partie la tranchée de fondation du parement interne de la courtine sud.

14Plus au nord, une construction rectangulaire est largement perturbée par différentes fosses et tranchées. Il pourrait s’agir d’un bâtiment semi-excavé ou d’un bâtiment de surface disposant d’une cave, mais qui a été remanié, puis littéralement arasé. La campagne 2008 renouvelle profondément notre connaissance de l’organisation spatiale des châteaux du xiie s. et de la fin du xive s. L’ensemble du xiie s. est marqué par cette grande tour établie dans l’angle sud-ouest de la plate-forme, dominant ainsi de ses 20 à 30 m le grand fossé méridional et le plateau au-delà. La volonté de puissance se manifeste par le procédé de construction, la taille de l’édifice et sa position sur le rebord de motte : c’est un donjon. Du côté nord, il surplombe un bâtiment résidentiel central, allongé d’ouest en est (aula ou fouillée lors des campagnes précédentes), un peu comme à Lucheux (Somme). Le château devait être protégé par une enceinte de pierres branchée sur le donjon et comportant au moins une tour de flanquement dans l’angle nord-ouest (fouilles antérieures).

15L’ensemble des xive-xve s. pourrait se présenter, dans sa conception, comme un château-façade. En effet, les nouvelles constructions sont réalisées sur le flanc oriental de la motte, en direction du village, même si le flanc sud est particulièrement soigné car il surplombe le grand fossé. Du côté ouest, « côté jardin » pour ainsi dire, une courtine bien construite, flanquée d’une tour dans l’angle sud-ouest, englobe l’ancien donjon. Outre le fait que cette structure n’est pas inconnue à la fin du Moyen Âge (La Ferté-Milon, Aisne), elle pourrait accréditer le fameux dicton « le château de Boves, belle montre, peu de chose ».

Fig. 1 – Plan de masse général

Fig. 1 – Plan de masse général

DAO : P. Racinet (UPJV).

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan de masse général
Crédits DAO : P. Racinet (UPJV).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/84064/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 625k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Philippe Racinet, « Boves – Quartier Notre-Dame » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Hauts-de-France, mis en ligne le 06 juillet 2021, consulté le 16 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/84064

Haut de page

Auteur

Philippe Racinet

Université de Picardie Jules-Verne

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Philippe Racinet

Université de Picardie Jules-Verne

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search