1Le diagnostic réalisé en janvier 2020 à Guilherand-Granges, en amont de l’extension d’une usine de fabrication de camions-poubelles, a porté sur une surface de 10 500 m². Il a nécessité l’ouverture de 24 tranchées, permettant d’explorer 11,13 % de la surface du projet. Si les vestiges mis en évidence sont nettement moins nombreux que sur les autres opérations déjà conduites dans cette plaine, ils permettent néanmoins de compléter nos connaissances sur ce secteur de Guilherand au fort potentiel.

2L’emprise du site est implantée au sein d’un ancien chenal du Rhône, repéré plus au sud sur la fouille des Croisières. Ce chenal est colmaté par la succession de plusieurs niveaux plus ou moins sableux, de teintes et de textures différentes. Cette sédimentation imputable au passage du Rhône, a, par la suite, été influencée par le paléocours du Mialan, comme l’indique la présence de gravillons cristallins et cristallophylliens dispersés dans les dépôts.

3D’un point de vue purement archéologique, l’identification de deux fosses du Bronze ancien/moyen a permis de restituer les limites septentrionales du vaste site contemporain des Croisières. Ces vestiges sont cependant arasés et difficiles à caractériser.

4L’occupation suivante, datée de la première moitié du viii^e av. J.‑C. a été mise en évidence le long de la limite nord de l’emprise. Elle consiste en une vaste fosse (fig. 1 et 2) d’un peu plus de 7 m², assez riche en terme de mobilier (fig. 3). La céramique est représentée par 640 fragments, pour un nombre minimal de 74 vases. Elle se caractérise par un faciès culturel assez marqué du nord de la moyenne vallée du Rhône (groupe autour de Valence, Guilherand-Granges, Soyons), avec quelques affinités septentrionales (vallée de l’Isère et est-Lyonnais, basse Auvergne), et de rares parallèles avec le vaisselier méridional de l’ensemble Drôme provençale/nord-Vaucluse. L’autre intérêt de cette structure réside en la présence de plusieurs éléments issus d’un atelier de bronzier (creuset, surplus de métal, moule ?, outils abrasifs...). S’ils sont connus sur certains sites protohistoriques, les restes de métallurgie, creusets et moules, notamment, sont cependant assez rares pour être mentionnés. Au même titre que les matrices de fusion et les rares objets finis, ils apportent leur lot d’informations sur les métallurgies protohistoriques de notre territoire. Dans le cadre de ce diagnostic, où seule une fosse de cette période a été découverte, il est difficile à ce niveau de définir la position et l’importance de cet atelier.

Fig. 1 – Vue en plan de la fosse, après nettoyage de surface

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Cliché et DAO : C. Gaillard (Inrap).

Fig. 2 – La fosse dans le sondage 6

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DAO : C. Gaillard (Inrap).

Fig. 3 – Céramique non tournée, début du premier âge du Fer

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DAO : É. Durand (Inrap).

5Bien que l’occupation antique soit omniprésente autour de l’opération, la parcelle du diagnostic ne semble avoir été que peu occupée durant cette période. Il est probable que le secteur ait été utilisé à des fins agricoles ou pastorales, comme semble l’attester un unique fossé.