1L’opération de prospection thématique a été motivée par le constat, encore renouvelé lors des opérations de suivi des palafittes Unesco, d’un déficit de documentation des stations du lac d’Annecy. D’autre part, elle vise à l’obtention d’éléments de compréhension des formes de l’habitat et des modes d’occupation des terroirs à l’âge du Bronze, ceci afin de permettre des comparaisons avec le lac du Bourget, plan d’eau pour lequel ces questions ont connu des avancées ces dernières années.
2La campagne 2020 a dû être adaptée aux contraintes liées à la pandémie. L’incidence sur le budget de l’opération a obligé à réduire les effectifs d’un tiers et la durée de quatre à trois semaines. Les objectifs de terrain ont été adaptés en conséquence, en ciblant uniquement la grande station insulaire du Crêt de Chatillon et en reportant en 2021 les reconnaissances sur les sites de Sous les Guerres et du Petit Port 2.
3Sur le Crêt, la topographie du secteur sud a été terminée. À l’issue de quatre campagnes, 2 735 m2 ont été couverts avec 2 745 pieux et piquets. D’autre part, les relevés ont débuté sur le secteur centre, avec le double objectif de rechercher des éléments d’interprétation des formes de l’habitat et d’essayer de retrouver l’emplacement exact de la découverte en 1967 du célèbre « four de Sévrier ». Sa position n’est que sommairement indiquée sur un plan général du site et sa récupération, en 1974, n’a pas donné lieu à un relevé ni même à une description des lieux. Pourtant, la connaissance du contexte est indispensable pour l’interprétation de ce vestige, d’autant que celle initialement proposée de four de potier est actuellement battue en brèche au profit d’une fonction de grillage de céréales. Il a été possible de couvrir 627 m2 avec 609 pieux et piquets mais l’état de surface avec un recouvrement de limon volatil n’a pas permis de repérer d’indices pour la localisation du four. Une autre approche est à envisager avec des décapages de surface.
4À la fin de cette campagne, c’est au total 3 424 m2 qui ont été couverts, soit près de la moitié de l’emprise estimée pour le site. Comme lors des campagnes précédentes, il a été mis en évidence des palissades et des d’alignements de pieux délimitant des cellules vides, probables emplacements de bâtiments. Une nouvelle série de percuteurs sur galet et de pierres à cannelures (les « kannelurenstein » des auteurs allemands) a été mise au jour. Les observations nouvelles concernent en premier lieu le secteur sud. En limite du haut-fond, une série de pieux sont couchés par le phénomène de « fauchage » sur la pente. Certains ont bloqué des lambeaux de couches avec du mobilier céramique en bon état de conservation, à la différence des rares tessons érodés encore présents par ailleurs sur le haut du site. Un profil de pot a été recueilli et se rattacherait à la première période d’occupation, dans le Bronze final 2B. D’autre part, la découverte de plusieurs objets en bronze (deux couteaux, un bracelet, une pointe de flèche) indique que les détectoristes des années 1980 n’ont pas tout récupéré. Cela pose une nouvelle fois la question de l’éventuel prélèvement avec positionnement précis, permis par les repères implantés pour la topographie des pieux, du mobilier métallique afin d’éviter son pillage.
5Concernant le mobilier archéologique des opérations antérieures, il a enfin été possible d’en retrouver la plus grande partie au dépôt de fouille départemental : décapages de 1990 à Sous les Guerres, décapages de 2001 sur le Crêt de Chatillon et sur le Petit Port 2. En revanche, pour ce dernier site, les objets issus des ramassages de 1980 n’ont pas encore été revus. Le dessin du mobilier était programmé pour la fin de l’année mais n’a pu être réalisé en raison du deuxième confinement.
Fig. 1 – Vue oblique du site
Cliché : Gendarmerie nationale.
Fig. 2 – Pieux couchés et céramique en place
Cliché : Y. Billaud (Drassm).
Fig. 3 – État d’avancement du relevé des pieux de la station insulaire du Crêt de Chatillon
Fond bathymétrique IGN.
DAO : Y. Billaud (Drassm)
