1La chartreuse de Mélan se situe dans l’actuelle commune de Taninges dans la région historique du Faucigny, au nord-est du département de la Haute-Savoie. Elle est l’un des monuments majeurs de la vallée du Giffre.
2La chartreuse de Mélan fait partie de la catégorie la moins bien connue des implantations cartusiennes : celle des chartreuses de femmes. La branche féminine cartusienne apparaît autour de 1150. Après cette date, plusieurs chartreuses sont fondées dans le « noyau cartusien » autour de la Grande Chartreuse, c’est-à-dire dans les Alpes françaises et italiennes, avec l’aide des grandes familles princières de la région, et, en premier lieu, celle des Dauphins.
3La chartreuse Notre-Dame de Mélan est issue de la volonté de Béatrice de Faucigny. Dès 1282, le projet d’une chartreuse de moniales est lancé avec une première charte de fondation. Dom Guillaume de Lescheraine est délégué, par le chapitre général de l’ordre, comme premier vicaire de la future chartreuse de Mélan pour présider aux travaux de construction. Ces derniers sont réalisés sur un site déjà occupé par des bâtiments, dont une chapelle, appartenant à la fondatrice.
4Deux chartes sont alors rédigées pour la fondation et la dotation de la chartreuse : la première date du 3 juin 1285 et la deuxième de 1288. La consécration de l’église de Mélan a lieu le 28 décembre 1290 par l’évêque de Genève. À cette date, Béatrice de Faucigny, fait de la chartreuse de Mélan le lieu de sépulture officiel des Faucigny en y transférant le corps de son fils Jean, décédé en 1282. L’installation des premières religieuses a lieu entre 1289 et 1292. Cette année-là, plusieurs actes confirment définitivement la fondation de la chartreuse Notre-Dame de Mélan : le premier de l’évêque de Genève, le second du chapitre général de l’ordre cartusien.
5Le site actuel de la chartreuse de Mélan se compose de la façon suivante. Une portion de l’enceinte monastique est conservée. À l’intérieur de son périmètre, se trouve l’église de l’ancienne chartreuse à laquelle sont accolées, au niveau du chevet, deux chapelles latérales. Un cloître du xvie s. vient s’appuyer contre la façade occidentale de l’église. La plus grande partie des bâtiments conventuels a disparu.
6Seuls subsistent un bâtiment d’accueil, connu sous le nom de « ferme de Mélan » et d’autres bâtiments éloignés de 500 m de l’église, appelés « petit Mélan ».
7La chartreuse de Mélan entre depuis 2014 dans le cadre d’une thèse en archéologie médiévale dirigée par Anne Baud (université Lumière Lyon 2). Il s’agit d’étudier et de comparer plusieurs chartreuses féminines et masculines, afin de comprendre le lien entre clôture monastique, liturgie et organisation spatiale dans monastères féminins chartreux. À la chartreuse de Mélan, plusieurs opérations ont été réalisées en accord avec le conseil départemental de la Haute-Savoie, propriétaire du site. En 2016, deux sondages ont été effectués.
8Les objectifs de cette étude étaient multiples. Il s’agissait, dans un premier temps, de faire un état des lieux du sous-sol autour de l’église et de confirmer l’absence et la présence de vestiges archéologiques de l’époque médiévale ou moderne. Dans un second temps, il s’agissait d’atteindre les vestiges potentiels du cloître des moniales de Mélan qui, selon les sources archivistiques, étaient localisés au nord de l’église depuis la fondation de la chartreuse. Ce cloître a largement été récupéré et modifié dans des bâtiments plus récents détruits dans l’incendie de 1967.
9Deux sondages ont été réalisés au nord de l’église :
- Le premier sondage s’est révélé négatif. Le terrain semble avoir été curé jusqu’au terrain naturel, suite à l’incendie de 1967. Les niveaux de démolitions ont été enlevés et un vaste niveau de terre quasi-naturel a été rapporté pour monter les sols aux altitudes actuelles. La densité de réseaux électrique/gaz n’a pas permis de poursuivre les recherches dans ce secteur.
- Le second sondage a été réalisé à l’emplacement supposé, via les sources archivistiques et planimétriques du cloître primitif médiéval de la chartreuse de moniales. Ce second sondage s’est révélé positif. La partie ouest du sondage a permis de révéler différents niveaux de jardins et de circulations extérieures. Cette zone a été interprétée comme une partie du préau d’un potentiel cloître. La partie est du sondage a permis d’atteindre une succession de vestiges datés de l’époque médiévale au xixe s. Une galerie, possiblement de cloître, plusieurs fois modifiée, a pu être associée à des bâtiments sans doute conventuels. Une pièce en sous-sol a également pu être dégagée.
Fig. 1 – Vue générale de la chartreuse Notre-Dame de Mélan
Cliché : O. Veissière (Patrimoine numérique), M. Duriez (université Lumière Lyon 2).
Fig. 2 – Plan topographique et localisation des sondages 1 et 2
DAO : O. Veissière (Patrimoine numérique), M. Duriez (université Lumière Lyon 2).
Fig. 3 – Vue sommitale du sondage 2 en fin de fouilles
Cliché : O. Veissière (Patrimoine numérique).