1D’une durée de cinq semaines, la campagne de 2016 s’est déroulée dans des conditions météorologiques particulièrement défavorables, avec une très forte pluviométrie et, en corollaire, une visibilité réduite dans le lac en raison des apports turbides des affluents. De plus, l’hiver n’ayant pas été marqué, la végétation sous-lacustre était encore bien présente et sa reprise a été très précoce. Ces conditions n’ont permis d’atteindre qu’une partie des objectifs initiaux, ne permettant pas de rechercher la station de Conjux 2, datée du Bronze final 2b, qui n’a pas été revue en détail depuis les opérations des années 1980.

2La campagne a donc été consacrée à la station de Conjux 1. Repérée dès le milieu du xix^e s., elle a fait l’objet de travaux par les premiers intervenants en plongée sur les stations du Bourget (R  Laurent, R. Reynaud, R. Castel,…) et a été revue en 1999 dans le cadre de l’établissement de la carte archéologique du lac (A. Marguet). Malgré ces divers travaux, cette station était restée peu documentée.

3Au cours d’une première opération en 2004, l’emprise des niveaux organiques a été précisée par carottages. Ceux-ci étant peu épais et partiellement conservés, le site n’est alors pas retenu comme prioritaire pour des opérations de sondage. En revanche, cette érosion, combinée à une faible densité de pieux, est un avantage pour caractériser les formes de l’habitat. C’est avec cet objectif, ainsi que celui de préciser les relations avec la petite station du Port 3, distante d’à peine 100 m et intégralement échantillonnée ces dernières années, que les opérations reprennent en 2011 sur ce vaste site, actuellement recouvert par un peu plus de 4 m d’eau et d’une emprise de 185 m de longueur en bordure du tombant pour une largeur maximale de 50 m.

4Les résultats obtenus les années précédentes, avec la mise en évidence de nombreux bâtiments et des structures annexes, ont incité à porter les efforts sur la topographie des pieux visibles. La surface traitée est passée de 3 130 m² à 5 465 m², soit près des deux tiers de l’emprise totale estimée pour la station. Le nombre de pieux et piquets a été porté de 1620 à 2100. La fin des relevés sur l’extrémité nord du site a été relativement décevante. La suite de la palissade n’a pas été vue et, de même, un triangle implanté par A. Marguet dans les années 2000, décapé et dans lequel les pieux ont été échantillonnés et datés, n’a pas été retrouvé, malgré plusieurs plongées et la mise en œuvre d’un détecteur à métaux pour repérer d’éventuels tubes de sommets de triangle ou clous d’étiquettes de pieux.

5Au sud, en revanche, le plan d’un grand bâtiment à structure centrale a pu être complété et quatre autres bâtiments du même type ont été identifiés. Ils sont accompagnés d’un grenier à neuf poteaux et, très probablement, de trois structures annexes. Dans ce secteur, le recouvrement récent par des limons volatiles est épais de 10 à 20 cm, ce qui complique le repérage des pieux. La présence de plusieurs piquets a motivé un décapage de 10 m². Un tronçon de palissade a ainsi été suivi sur un peu plus de 5 m avec six piquets en bois blanc et huit en chêne. L’analyse dendrochronologique indique des abattages en -845 et -844. Cette palissade, dont l’extension reste à préciser, pourrait marquer une phase d’extension du village, près de 50 m au-delà de la palissade des environs de -860.

6Durant la deuxième moitié de la campagne, le sondage ouvert les années précédentes sur un amas de gros blocs et galets a été poursuivi. Les niveaux organiques restent importants, avec une épaisseur totale de 30 cm. L’abondance de matériel céramique, très mal conservé pour les grands récipients en pâte grossière, a ralenti la fouille et un seul mètre carré a pu être traité. Les restes osseux sont également abondants. L’âge du Bronze n’est représenté que par quelques fragments. Toutefois, il est à noter deux aiguilles à chas, découvertes ensemble, encore tenues par un fil enroulé en spirale.

7À l’issue de sept campagnes d’importances inégales, la station de Conjux 1, plutôt délaissée et considérée comme très érodée, est devenue la mieux documentée pour nos lacs alpins en termes de levé planimétrique et d’interprétation des structures. À ce jour, les deux tiers de la station sont couverts et les levés se sont arrêtés dans un secteur a priori prometteur et sur une interrogation : un seul alignement est-ouest de grands bâtiments légèrement décalés en quinconce ou début de plusieurs alignements nord-sud ? La poursuite des levés permettrait de répondre à cette question, mais surtout d’avoir pour la première fois la couverture complète d’une grande station du Bronze final de nos lacs alpins.

Fig. 1 – Conjux 1 : plan masse, axes de référence et bathymétrie

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DAO : Y. Billaud (Drassm).

Fig. 2 – Conjux 1 : vue sur le sondage dans l’anomalie à blocs et galets

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Cliché : Y. Billaud (Drassm).

Fig. 3 – Bronzes

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a, aiguille à chas losangique ; b, hameçon ; c, fragment de tige à section circulaire ; d, aiguille à chas circulaire.

Clichés : Y. Billaud (Drassm).